SCIENCES – ENQUETES ET REPORTAGES - ACADEMIE
ALGERIENNE DES SCIENCES ET TECHNOLOGIES 2021/BILAN
©Aps , samedi 13/11/2021
-Six ans après sa création, en 2015, l'Académie
algérienne des Sciences et Technologies (AAST) peine à se lancer dans la
réalisation de sa principale mission de promouvoir les sciences et les technologies,
et renforcer leur impact dans la société, ont déploré des membres fondateurs de
cette Académie.
"Depuis 2015, l'Académie a fonctionné de façon
assez lente parce qu'elle fallait la mettre en place, il fallait qu'elle soit
reconnue", a affirmé à l'APS Dr Azzedine Bousseksou,
relevant "beaucoup de difficultés" à l'installation de cette
prestigieuse institution. Selon ce chercheur, également membre de l'Académie
européenne des Sciences, "le bilan en terme
d'activité est, dans un premier temps, interne". "C'est à dire, les
académiciens ont travaillé, tenu des réunions, il y a des réflexions, des
interactions avec les Académies étrangères, il y a toute une activité qui a été
mise en place sans être sur le régime maximum", a-t-il reconnu. Néanmoins,
ce directeur de Recherche-Classe Exceptionnelle, établi en France, espère voir
l'Académie se lancer prochainement dans "une activité assez intense"
et qu'avec le temps, "sa visibilité va aller en croissance",
notamment avec la sélection des autres membres de l'AAST, se réjouissant d'un
"soutien fort" de la part de la présidence de la République. D'ailleurs,
une nouvelle loi visant à ancrer davantage les assises de l'Académie est en
cours de préparation et sera présentée prochainement en Conseil des ministres. S'agissant
des nouveaux membres de l'AAST, ces derniers seront
admis par leurs pairs pour atteindre un nombre total de 200
académiciens. Dr Bousseksou a fait savoir, à ce
titre, que l'Académie s'attelle à mettre en place les règles d'intégration des
autres membres, soulignant que "ces règles sont principalement basées sur
la qualité scientifique, la reconnaissance, l'originalité de l'activité de la
personne à intégrer". Le décret présidentiel numéro 15-85 du 10 mars 2015
portant création de l'AAST et fixant ses missions, sa composition et son organisation
stipule que "les membres titulaires sont élus par leurs pairs, parmi les
personnalités de notoriété établie dans les domaines des sciences et
technologies et doivent justifier de la nationalité algérienne", alors que
"les membres associés sont choisis parmi les personnalités de haut niveau
et de notoriété internationale, de nationalité étrangère, qui contribuent au
développement scientifique et technologique de l'Algérie". Dr Bousseksou qui figure parmi les 2% meilleurs scientifiques
au monde, selon un classement établi par une équipe de l'université américaine
de Stanford, a expliqué que l'admission des nouveaux membres de l'Académie
"va se faire de façon pluridisciplinaire", précisant qu'aujourd'hui
"l'AAST est formée de 14 sections: 7 en sciences fondamentales
et 7 en technologie". Interrogé sur les moyens que compte mettre en place
l'Académie pour encourager la production scientifique et technologique, il a
affirmé que l'AAST est habilitée à attribuer des distinctions à des personnes
qui se sont particulièrement distinguées par leurs travaux. "Les
chercheurs distingués seront encouragés dans leurs missions. Cela les motivera
et motivera aussi les autres chercheurs à aller encore de l'avant dans leurs
travaux. C'est un chantier qu'on va mettre en place bientôt", a-t-il
avancé. Evoquant les missions de l'Académie, ce chercheur rappelle qu'elle est
chargée, notamment d'exercer un rôle d'expertise et de conseil, de contribuer
au progrès des sciences et technologies ainsi que de leurs applications, de contribuer
au développement de l'enseignement des sciences et des technologies, de
promouvoir le développement de la culture scientifique et technique en
rapprochant les sciences et technologies de la société, d'encourager la vie
scientifique et technologique et soutenir la production de connaissances, de
favoriser les collaborations internationales.Il a
précisé, à ce titre, que la principale mission de l'AAST est "d'assister,
conseiller les autorités gouvernementales, dans le cadre de la définition et de
la mise en œuvre de la politique nationale en matière des sciences et
technologies". "Le rôle de l'Académie n'est pas d'aller en
interaction directe avec les chercheurs, mais d'aller en interaction avec les
instances, de travailler sur des sujets clés pour le pays et pour
l'organisation de la recherche et de la technologie. On se met de façon très
transversale sur l'ensemble des organismes de recherche, de formation et de
technologie dans le pays", a-t-il ajouté.
Abondant dans le même sens, Mme Drias
Zerkaoui Habiba, membre fondateur de l'Académie, a
affirmé qu'en matière de développement de la culture scientifique et technique
et du rapprochement des sciences et technologies de la société, l'Académie est
chargée de participer au débat scientifique sur les grands thèmes d'actualité. "Les
membres de l'AAST assistent aux débats sur les questions de l'heure et pensent
aussi agir sur les questions qui se posent à l'international comme le
changement climatique", a-t-elle indiqué, citant quelques thématiques sur
lesquelles travaillent, actuellement, les académiciens, notamment les
catastrophes naturelles et la Covid-19. En matière d'innovation, cette
académicienne, spécialisée en intelligence artificielle, a soutenu que
l'Algérie a "un grand besoin de technologies innovantes". Lors de la
dernière plénière de l'AAST, tenue les 6 et 7 novembre à Alger, a-t-elle
poursuivi, "on a abordé toutes ces questions et on a élaboré un plan
d'action pour 2022".
Selon le Professeur Adel Belouchrani,
membre fondateur de l'AAST, les actions de l'Académie sont aussi orientées vers
le grand public à travers l'organisation de conférences thématiques sur la
science ou de vulgarisation des nouvelles technologies. Il a rappelé qu'en
matière d'encouragement de la vie scientifique et technologique et le soutien
de la production de connaissances, l'académie est chargée également de
"susciter des vocations scientifiques et technologiques auprès des
jeunes" à travers l'organisation de journées de recherche, et de favoriser
des coopérations bilatérales et multilatérales, et l'implication dans les
actions des réseaux internationaux d'académies. L'AAST est, en effet, membre du
réseau international des Académies, du réseau des Académies de la Méditerranée
et du NAZAC, réseau des Académies africaines. Elle compte, par ailleurs, lancer
sa revue scientifique pour la publication des comptes rendus, études et rapport
élaborés par ses membres. "C'est un projet. On pense avoir une revue
scientifique prochainement", a ajouté ce chercheur qui figure également
parmi les 2% meilleurs scientifiques au monde.