ECONOMIE- ETUDES ET ANALYSES-RAPPORT BAD /AFRIQUE DU
NORD 2021
La pandémie de Covid-19 a exacerbé
plusieurs fragilités structurelles qui ont
trait, entre autres, au chômage
de longue durée et à l'informalité.
Le taux
de chômage, déjà élevé avant
la Covid-19, s'est aggravé et a accentué
la pauvreté ainsi que les inégalités.
Selon le rapport “Les
Perspectives économiques en Afrique du Nord 2021” publié, récemment, par la
Banque africaine de développement (BAD), le taux de chômage en Algérie est
passé de 11,4% en 2019 à 13,7% en 2020.
Le document indique que la pandémie, à laquelle
s'ajoute la baisse importante des exportations d'hydrocarbures, a provoqué un
choc pour l'économie algérienne. La croissance du produit intérieur brut (PIB)
s’est contractée de 4,6%, relève la BAD.
Cette forte baisse est due à l'effondrement des recettes
d'exportation d’hydrocarbures. “En conséquence, l'Algérie a cumulé d'importants
déficits budgétaires et de la balance courante”, fait remarquer le rapport. Le
déficit budgétaire a plus que doublé, passant de -5,6% du PIB en 2019 à -12,6%
en 2020. Le solde du compte courant (dons compris) est passé de -10% du PIB à
-14,8%.
Le solde du compte courant devrait reculer à -13,8% du
PIB cette année et à -11,1% l’année prochaine. “Le financement de ces déficits
a accentué les vulnérabilités extérieures du pays.
Les réserves internationales brutes détenues par la
Banque centrale d'Algérie sont passées de plus de 61,5 milliards de dollars USD
en 2019, à 44,6 milliards de dollars USD en 2020, puis à 21,9 milliards de
dollars USD en 2021”, relève la BAD, qui évoque la chute de l'investissement
l’année dernière. La pandémie de Covid-19 a exacerbé plusieurs fragilités
structurelles qui ont trait, entre autres, au chômage de longue durée et à
l'informalité.
Le rapport fait état d’une légère augmentation du taux
de pauvreté, en Algérie, passant de 2,2% avant la Covid-19 à 3,3% pendant la
Covid-19, en prenant en compte un revenu journalier de 3,20 dollars. Plusieurs
facteurs expliquent cette forte augmentation de la pauvreté.
Selon la BAD, calculés en pourcentage de la main-d’œuvre
ne cotisant pas à la Sécurité sociale, le taux d’informalité est évalué à 63,3%
en Algérie.
Forte augmentation de la dette publique
À la faveur de la remontée des prix du pétrole et de la demande, “la croissance
économique de l'Algérie devrait repartir à la hausse pour atteindre 3,9% en
2021 et 4,3% en 2022”, prévoit la BAD.
Le principal moteur de la croissance économique,
estime le rapport, sera la reprise marquée des dépenses d'investissement et de
la production et des exportations d'hydrocarbures. Le rapport alerte sur une
augmentation rapide de la dette publique en Algérie entre 2010 et 2020.
La dette publique en pourcentage du PIB a plus que
quintuplé. Elle a bondi de 10,5% à 53,1% du PIB. “Vu que les autorités ont
décidé de ne pas emprunter à l'extérieur, la dette publique de l'Algérie est
essentiellement intérieure”, constate la BAD.
Au cours de la période 2010-2019, indique le rapport,
elle a fortement augmenté pour financer un déficit dû à la hausse des dépenses
et à la chute des prix des hydrocarbures. La dette publique extérieure
représentait moins de 2% du PIB à fin 2019, “mais la dette intérieure,
garanties comprises, atteignait 44%”, souligne le document.
La dette publique intérieure du pays, explique-t-on,
se compose de bons et d'obligations du Trésor, ainsi que de l'encours de la
dette rachetée aux entreprises publiques.
L'un des avantages d'une dette essentiellement
intérieure réside dans le fait qu’une baisse des recettes d'exportation
entraîne des pressions moins importantes sur le taux de change et le risque
d'épuisement des réserves internationales, ce qui permet au pays de continuer à
emprunter sans s'inquiéter outre mesure de la capacité du service de la dette
extérieure.
“Étant donné qu'un soutien à court terme s’avère nécessaire
pour lutter contre la pandémie, il est fort probable que la poursuite de la
monétisation du budget engendre des pressions inflationnistes plus fortes, des
déficits plus importants de la balance courante (qui exerceront une pression
sur les réserves de change et le taux de change) et une forte augmentation du
ratio de la dette intérieure par rapport au PIB”, avertit la BAD.
Cette dernière estime que le ratio d'endettement de
l'Algérie devrait plus que doubler entre 2020 et 2025 pour dépasser 100% du
PIB. L'importance des crédits accordés à l'État va également raréfier les
crédits disponibles dans le secteur privé, ce qui compromettra les perspectives
de reprise une fois la pandémie jugulée.
Sur le plan extérieur, pour contrôler le
creusement du déficit de la balance courante, “le gouvernement a imposé un
contrôle des importations”, indique la BAD. Cette mesure peut être efficace à
court terme, “mais elle entraînera d'importantes distorsions économiques à plus
long terme”, soutient-elle.