HISTOIRE- PERSONNALITES- LUC CHAULET
(JOURNALISTE/TEMOIGNAGE)
© Synthèse Soraya Guemmouri/
El Moudhahid, quotidien (mercredi 3/11/2021)
Né en 1956, au moment où la Glorieuse Révolution pour
la libération de notre pays battait son plein, Luc Chaulet,
fils de Pierre Chaulet, se revendique algérien à part
entière. «Dès le 1er novembre 1954, mes parents
étaient engagés pour la libération de l’Algérie et, pour moi, il était tout à
la fois normal et naturel de vivre ici, parmi les miens», a tenu à souligner de
prime abord Luc Chaulet. Interrogé sur son parcours,
il répond tout de go : «Tout mon parcours a été
algérien par excellence et algérien à 100%. J’étais au lycée algérien comme un
Algérien ordinaire. J’ai eu mon bac algérien en 1980 et J’ai choisi d’exercer
le métier de journaliste au niveau de la Radio nationale. C’est d’ailleurs à la
RTA que j’ai été formé», a-t-il lancé fièrement avant
d’ajouter : «Dans ma vie de tous les jours, je vaque à mes occupations
quotidiennes en étant très à l’aise et même si mon prénom fait un peu bizarre,
en général, cela déclenche plutôt de la sympathie. En somme et pour tout dire,
je me sens Algérien dans le sang et je n’ai aucun problème en Algérie. Moi,
c’est en France que j’ai plus de problèmes car ils considèrent que je suis
surtout un enfant de harki de père comme de mère». Du
1er novembre, anniversaire du déclenchement de la Révolution nationale et du 5
juillet, date de de l’Indépendance, Luc Chaulet dit
les partager avec ses frères algériens. Des «moments
forts et émouvants», célébrés avec «fierté instinctive» pour dire qu’on a fait
quelque chose de «très grand en commun». Et de poursuivre :
«Si nos parents ont déclenché le 1er novembre et façonné l’une des
épopées phare du siècle dernier, c’est là, la preuve indéniable que nous sommes
en mesure de bouleverser le monde». «Notre passé en
tant qu’Algérien est glorieux» appuie-t-il. «Ce passé
c’est notre source de fierté à tous», ajoute encore Luc en refaisant remarquer
que la lutte était pour que ce «pays devienne aujourd’hui parmi les grandes
nations». Ils sont «plus d’un million, rappelle-t-il,
à avoir consenti le sacrifice suprême pour que vive l’Algérie aujourd’hui,
forte, libre et indépendante. Il y a vraiment de quoi être fier».
La Révolution de novembre 1954 était «humaniste ;
plurielle». «Dès lors, elle avait rassemblé des
personnes de différentes origines », insiste Luc Chaulet.
«Ce
qui compte, c’est qu’on sait d’où l’on vient et qu’on a gagné la guerre»
Apportant
ensuite un témoignage sur les écrits de son père, Algérien par choix, Luc Chaulet raconte : «Je relisais un
texte intitulé «Parti pris», qu’a écrit mon père en 1984 pour Madjallet Ettarikh,
la revue de l’histoire. Dans cet article, mon père expliquait alors les motifs
ayant fait qu’un jeune homme âgé d’à peine 24 ans et qui faisait partie —en
plus— de la population européenne, avait pris conscience de la justesse de la
cause algérienne, faisant ainsi son choix sans hésitation aucune. Dans cet
article, mon père a expliqué qu’il avait pris son parti, qu’il savait où il
était et qu’il comptait lutter sans relâche pour cette idée juste»,
explique Luc Chaulet. Enfin, en réaction à des propos
tenus par le président français Emmanuel Macron, Chaulet
rétorque : «La vraie histoire c’est qu’on a gagné.
Aussi, je trouve très inélégants les propos tenus par le Président Macron
surtout qu’au départ, il s’est présenté comme quelqu’un qui n’a pas vécu la
guerre et qu’il avait dépassé tout cela. On se rappelle tous qu’il avait parlé
de la colonisation comme d’un crime contre l’humanité et voilà que maintenant,
il fait un volteface, j’imagine poussé par l’extrême
droite et aussi, par la situation en France qui n’est pas très nette sur ces
questions de mémoire. En tous les cas, ce n’est pas cela qui compte. Ce qui
compte réellement, c’est qu’on sait d’où on vient et qu’on a gagné»,
conclut Luc Chaulet.