ECONOMIE- ETRANGER- EMIGRES EN EUROPE/APPORT FINANCIER
Ces émigrés qui enrichissent
l’Europe
© Meziane Rabhi/Liberté, samedi 30 octobre 2021
Dans les 25 pays de l'OCDE, la contribution des migrants sous la forme
d'impôts et de cotisations a été supérieure aux dépenses publiques consacrées à
leur protection sociale.
C’est un sujet souvent brandi par certaines tendances politiques, notamment
l’extrême droite, en Europe et dans certains pays pour vilipender
l’immigration. L'impact fiscal des immigrés, à savoir si les immigrés sont une
charge pour les finances publiques, est régulièrement au centre du débat public
sur la migration. Contrairement aux idées reçues, l’Organisation de coopération
et de développement économiques (OCDE) estime que l’immigration rapporte plus
qu’elle ne coûte. À contre-courant du discours politique ambiant, le rapport de
l’OCDE sur les “Perspectives des migrations internationales 2021” publié,
avant-hier, souligne que “dans les 25 pays de l'OCDE pour lesquelles des
données sont disponibles, en moyenne au cours de la période 2006-18, la
contribution des immigrants sous la forme d'impôts et de cotisations a été
supérieure aux dépenses publiques consacrées à leur protection sociale, leur
santé et leur éducation”.
La contribution des immigrants, fait remarquer le rapport, “est
suffisamment importante pour couvrir entièrement leur partie des dépenses
publiques consacrées aux biens publics congestionnés (soumis à congestion) et
pour financer en partie les biens publics purs, tels que la défense et les
frais de la dette publique, dans une grande majorité de pays”. En 2017,
constate l’OCDE, cette contribution des immigrés au financement des biens
publics purs représentait un total de 547 milliards de dollars US dans les 25
pays couverts par l’analyse. “Malgré les évolutions qu’ont connues la
population immigrée et les finances publiques, marquées par la crise financière
mondiale, l’impact budgétaire de l’immigration reste faible, et se situe entre
-1% et +1% du PIB dans la plupart des pays sur toute la période”, souligne le
rapport.
La situation n’est pas la même dans tous les pays, mais cela tient souvent
à l’âge de la population immigrée : en effet, les immigrés âgés ne contribuent
pas dans la même mesure à l’économie que les immigrés d’âge actif. Selon l’OCDE,
“combler l’écart d’emploi entre les immigrés d’âge de forte activité et nés
dans le pays, qui ont le même âge, sexe et niveau d’études, pourrait accroître
la contribution budgétaire nette totale des immigrés de plus d’un tiers de
point de PIB dans environ 30% des pays”. Le rapport soutient que “les
programmes d’intégration efficaces sont des investissements très utiles,
largement rentables en termes budgétaires”. L’OCDE brosse, également, un
tableau général des tendances observées concernant les flux
migratoires internationaux et les politiques s’y rapportant, jusqu’en 2020, et
des répercussions de la pandémie de Covid-19 sur les déplacements
internationaux. La crise de la Covid-19, indique le rapport, a entraîné la plus
forte baisse jamais enregistrée des flux d’immigration dans les pays de l’OCDE,
de plus de 30%.
Avec 3,7 millions de personnes, l’immigration permanente dans les pays de
l’OCDE en 2020 a connu son plus bas niveau jamais enregistré depuis 2003.
“L’impact réel de la pandémie de Covid-19 sur les entrées d’immigration
permanente en 2020 devrait, toutefois, être beaucoup plus important (supérieur
à 40%), étant donné que les statistiques de l’OCDE incluent non seulement les
entrées, mais aussi les changements de statut au sein des pays, d’un statut
temporaire à un statut permanent”, précise le rapport. Toutes les catégories
d’immigration permanente ont diminué en 2020. Les migrations familiales ont
enregistré la baisse la plus importante, s’élevant à plus de 35%, selon les
premières estimations. Les migrations temporaires de travail ont diminué dans
tous les pays de l’OCDE. La pandémie de Covid-19, note le rapport, a anéanti
une grande partie des progrès accomplis, ces dix dernières années, dans les
pays de l’OCDE en matière d’intégration des immigrés.
Depuis le début de la
pandémie, les travailleurs nés à l’étranger sont touchés de façon
disproportionnée par les pertes d’emploi. Pour l’OCDE, les conséquences
économiques de la pandémie de Covid-19 nécessitent de maintenir, sinon
d’accroître, les investissements consentis dans l’insertion sur le marché du
travail des immigrés installés et de ceux arrivés récemment, compte tenu du
rendement budgétaire très élevé de ces programmes.