INFORMATIQUE- INTERNET- FACEBOOK/META (OCTOBRE 2021)
Ne l’appelez plus Facebook, mais Meta. Mark Zuckerberg a annoncé jeudi 28
octobre 2021, lors d’une keynote que le groupe
californien, maison-mère de Facebook, WhatsApp, Instagram, Messenger et Oculus,
changeait de nom avec effet immédiat. «Notre
marque était trop liée à un seul de nos services et ne reflétait pas tout ce
que nous faisons», a expliqué le PDG du groupe. «Ce
nouveau nom marque notre nouvel objectif : aider à donner vie au métaverse.»
Voilà trois mois que Mark Zuckerberg a remis sur le devant de la scène ce
terme issu de la littérature de science-fiction. Le fondateur du groupe nomme
ainsi ce qu’il pense être la future plateforme majeure de connexion à Internet,
qui supplantera les smartphones d’ici à la fin de la décennie.
«L’Internet ne cesse d’évoluer. Nous sommes passés des PC aux
smartphones, et du texte aux photos puis aux vidéos, et cela n’est pas fini», déclame le PDG. «La
prochaine plateforme sera encore plus immersive – une sorte d’Internet
palpable, où vous serez dans l’expérience au lieu de la regarder. Nous appelons
cela le métaverse.» Pour le créateur de Facebook, «le métaverse est la
prochaine frontière. C’est la promesse ultime, qui permettra de rapprocher les
gens, d’avoir une sensation de présence, de pouvoir se téléporter n’importe où.»
Le projet, réuni dans le département Facebook Reality Labs
(technologies de réalité augmentée, virtuelle et mixte), abrite à ce jour
10.000 salariés aux États-Unis. Facebook a annoncé le recrutement dans les cinq
prochaines années de 10.000 ingénieurs et développeurs supplémentaires en
Europe. Ce grand chantier va coûter 10 milliards de dollars pour l’année 2021,
un coût qui montera au fil des années, a prévenu Mark Zuckerberg. Défi
technologique majeur, le projet métaverse ne devrait
pas aboutir avant la fin de la décennie.
Lors de sa longue keynote (80 minutes), le
créateur de Facebook a donné un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler ce
futur de l’Internet, qui pourra être rejoint par un écran connecté classique,
mais surtout via un casque de réalité virtuelle ou des lunettes de réalité
augmentée. L’objectif de long terme de Facebook est de réussir à concevoir un
appareil qui a l’apparence de lunettes de vue classique, mais qui permettrait
de voir «au-delà du monde physique».
Plusieurs usages du métaverse ont été montrés,
comme pouvoir jouer à des jeux, se retrouver entre amis, assister à des
évènements virtuels, faire du sport, ou même travailler. «Le
télétravail va demeurer et nous avons besoin de meilleurs outils pour cela»,
a indiqué Mark Zuckerberg en montrant un univers où un télétravailleur peut
assister à distance à une réunion en réalité virtuelle grâce à un avatar hyper
réaliste, discuter avec un hologramme d’un de ses collègues (grâce à des
lunettes de réalité augmentée), et travailler sur ses dossiers sans être devant
son ordinateur.
«On utilisera sûrement des avatars hyper réalistes pour
le monde du travail, mais aussi d’autres plus cartoons voire totalement
fantaisistes pour d’autres activités», a poursuivi le PDG. «Les avatars
deviendront aussi communs que les photos de profil aujourd’hui, mais ils
produiront des interactions beaucoup plus riches grâce aux expressions faciales
et au langage du corps.» Les utilisateurs pourront également habiller leurs
avatars grâce à des objets virtuels à acquérir. Une nouvelle opportunité
commerciale pour les marques mais aussi pour les créateurs indépendants.
Le changement de nom du groupe Facebook, désormais Meta, intervient au
moment où l’entreprise californienne traverse une nouvelle crise de
réputation. L’ex-salariée américaine Frances Haugen nourrit
les autorités boursières, les élus américains ainsi que la presse de milliers
de documents confidentiels qu’elle a emporté en quittant l’entreprise courant
2020, et qui dévoilent les coulisses du groupe.
La lanceuse d’alerte affirme que Facebook «privilégie
les profits à la sécurité des utilisateurs», une vision que le groupe
américain conteste farouchement. Certains opposants à Facebook estiment que le
changement de nom est une diversion pour faire oublier les ennuis de
l’entreprise, empêtrée depuis cinq ans dans une succession de scandales et de
polémiques. «Changer de nom ne change pas la
réalité : Facebook détruit notre démocratie et est le premier colporteur
de haine et de désinformation», clame la virulente ONG Real Facebook Oversight Board. «Ce changement de nom ne doit pas nous détourner
du besoin d’enquêtes, de régulation et d’un véritable conseil de surveillance
indépendant pour responsabiliser Facebook.»
Dans sa keynote, Mark Zuckerberg a promis que le
projet métaverse sera construit en ayant des
principes forts autour de la protection de la vie privée et la transparence de
la collecte des données personnelles. «Nous
avons beaucoup appris en nous confrontant à de nombreux problèmes», a
concédé le PDG.