HABITAT-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RÉCIT DJENAS MESSAOUD- « SI BELCOURT M’ÉTAIT CONTÉ…. »
Si Belcourt m’était conté. Séquences de vie de Messaoud Djennas. Casbah
Editions , 205 pages, 750 dinars, Alger 2014
Une auto-biographie ? Des mémoires ? La description
d’un grand quartier ? Une analyse socio-politique ? Un peu de tout,
de tout un peu.
Belcourt
(aujourd’hui Belouizdad, du nom d’une des plus grands
icônes du Mouvement national, décédé trop tôt, usé par la lutte clandestine bine avant 54 ) est un quartier au
monde (encore) foissonnant et hétéroclite. Un
carrefour et un rond –point….que les manifestations du
8 mai 45 et surtout du du 11 décembre 60 (ces
dernières précédées, il faut le répéter et le répéter encore et encore, par
celles du 10 décembre à Ain Témouchent, « bien que d’une ampleur
moindre »….et dans d’autres villes du pays
) …..puis –après l’Indépendance - son club de football (surtout du temps
de Hacène Lalmas) ont rendu célèbre. Comme la Casbah , avec sa blancheur et sa « Bataille ».
Durant
la période coloniale décrite par l’auteur, on y retrouvait de tout :
Arabes, Européens de toutes confessions…..mais tous
appartenant à la sous-classe moyenne (la mère de Camus faisait les ménages) ,
avec une pincée de familles dites aisées (Hamoud
Boualem, Tiar, Brihmat, Ben
Lakhal, Hadj Hammou, Bensiam, Sid Ali M’Barek….)
. Une sous-classe moyenne flirtant quotidiennement sinon avec la
pauvreté, du moins en recherche continuelle de sa pitance quotidienne.On cohabitait. Presque aucun apartheid
(visible) , mais sans trop de mélanges, chacun dans
son monde. « Ainsi était vécue une réalité coloniale : cohabitation
forcée avec les Chrétiens et les Juifs, dans un modus vivendi excluant tout affrontement
des communautés , que tout séparait par ailleurs ».
D’ailleurs,
cette cohabitation ne concernait pas uniquement les Algériens et les Européens,
mais aussi, dans une moindre mesure ( la religion
étant un ciment rassembleur, puis par la suite, la résistance et lutte contre
l’occupant ) les composantes d’un
système communautariste qui s’était installé. « Progressivement, s’étaient
implantées (à Belcourt) les communautés kabyle, djidjellienne, biskrie, mozabite,
à côté de la population belcourtoise de souche et
d’autres communautés nettement moins importantes, avec leurs particularismes,
qui avaient fini par engendrer un régionalisme des plus négatifs… ». Des
particularismes qui durent encore ? Heureusement qu’il y a le Crb !
Avis : Un
contenu qui ne correspond pas très exactement au titre. En fait, c’est surtout Belcourt
à travers la Révolution algérienne. Il
faut s’en contenter !
Extrait :
« L’Histoire ayant largement
consacré la suprématie , puis le triomphe de l’idéologie nationaliste révolutionnaire,
l’Intelligentsia algérienne se trouvera ainsi constamment marginalisée, tant
avant le 1er Novembre 1954 que durant la guerre d’indépendance et
dans l’Algérie actuelle, pour le grand malheur du peuple algérien »
(p 16), « En somme, pour ne pas succomber à une mort programmées par
l’indu-occupant, la société indigène vivait dans une coquille sociale, un moule
forgé par les antiques traditions berbères et les valeurs hautement
moralisatrices de l’Islam, en atente du jour
« J » de sa résurrection , alors que la société française baignait
dans un paradis social qu’elle voulait et croyait éternel… » (p 62)