EDUCATION- ETUDES
ET ANALYSES- ARABISATION- ANALYSE Pr CHENIKI
© Pr Ahmed Cheniki/ Fb,15
août 2020
UNE PLONGÉE
DANS L'HISTOIRE DE L'"ARABISATION"
La politique d’arabisation qui était prévue depuis la
plateforme de Tripoli (mai-juin 1962) soulignait sa nécessité. Puis, par la
suite, des textes législatifs et réglementaires avaient été promulgués, mais diversement
appliqués en fonction des rapports de forces politiques en présence. Les
différentes chartes insistaient sur la question, en en faisant un espace de
légitimation idéologique. Le mot « arabisation », extrêmement ambigu, posait
problème à beaucoup de monde à tel point qu’il avait été remplacé par le
syntagme « généralisation de l’utilisation de la langue arabe » considéré comme
plus acceptable. L’application, notamment dans l’enseignement, de ce projet
n’allait pas sans heurts. Abdelhamid Mehri (1926-2012),
ancien secrétaire général du ministère l’enseignement secondaire, limogé par
Mostefa Lacheraf dès sa nomination à la tête de
l’éducation nationale, ancien ambassadeur, ministre et secrétaire général du
FLN fut l’un des grands artisans de l’arabisation, suspendant momentanément la
formation des professeurs de français et multipliant les attaques contre
Mostefa Lacheraf, alors ministre de l'éducation
nationale, soutenant le bilinguisme progressif. Mais comme à son habitude,
Boumediene plaçait M.S. Benyahia, défendant une autre
conception de l’arabisation, réussissait à neutraliser quelque peu les
prétentions de Mehri qui occupa le poste de
secrétaire général du ministère de l’enseignement primaire et secondaire de
1970 à 1977. En 1973, une commission nationale de l’arabisation, dirigée par
Abdelkader Hadjar, fut constituée. Son objectif était
de rendre compte de l’application de cette mesure.
Cette option linguistique caractérise le discours du
mouvement national depuis sa naissance. Que ce soit, l’ENA, le PPA, le MTLD,
l’UDMA ou le FLN, ces mouvements font de l’arabe la langue officielle. Le
congrès de la Soummam insistait sur ce fait. Après l’indépendance, la première
constitution suivie des autres textes stipulait que « l’arabe est la langue
officielle et nationale ». Mais c’est surtout la loi n° 91-05 du 16 janvier
1991 portant généralisation de l'utilisation de la langue arabe qui a été
l’élément central renforçant et consolidant l’ «
arabisation ». La loi N°91-05 du 16 janvier 1991 impose l’usage de l’arabe dans
tous les secteurs administratifs. Son article 5 stipule ceci : « Tous les
documents officiels, les apports, et les procès-verbaux des administrations
publiques, des institutions, des entreprises et les associations sont rédigés
en langue arabe ». Les partis politiques sont aussi obligés d’employer l’arabe
(articles 4 de la loi N°89-11 du 5 juillet 1989 relatives aux associations à
caractère politique et de l’ordonnance N°97-09 du 6 mars 1997). Ce n’est qu’à
partir de 1996, sous la pression des événements et de différentes
manifestations, que le pouvoir recula pour introduire le tamazight comme langue
nationale, avec la possibilité de l’enseigner et la constitution du HCA (Décret
présidentiel no95-147 du 27 mai 1995 portant sur la création du Haut Conseil de
l’Amazighité).