CULTURE- ETRANGER- MUSEE PRIVE ALGER
(« ITINERAIRES ALGERIE/AFRIQUE)
© Hana Menasri/Liberté,
jeudi 21 octobre 2021
Ouvert le 2
septembre 2020, cet établissement, qui célèbre son “an 1”, est une vraie mine
d’or. Une véritable caverne d’Ali Baba. D’ailleurs, pas moins d’un millier de
statuettes, de masques, de tableaux, de pièces de monnaie, de sceptres, de
bijoux, de couteaux, d’ustensiles de cuisine… y sont exposés au bonheur de
passionnés d’art africain.
Dans le quartier de Dely
Ibrahim à l’ouest d’Alger, une grande maison blanche surplombe la rue du 48
Bois-des-Cars. Située en face d’un restaurant et de divers commerces, cette
propriété est loin d’être une simple demeure privée, car elle renferme toute la
richesse de l’Afrique entre ses quatre murs. Et cette richesse est exposée au
sous-sol de “Dar Aziza Amina”, que le propriétaire Abdelkrim Benbahmed a transformé en un musée privé - le premier du
genre dans le pays - baptisé “Itinéraires Algérie Afrique”. Ouvert le 2
septembre 2020, cet établissement qui célèbre son “an 1”, est une vraie mine
d’or. Une véritable caverne d’Ali Baba. D’ailleurs, pas moins d’un millier de
statuettes, de masques, de tableaux, de pièces de monnaie, de sceptres, de
bijoux, de couteaux, d’ustensiles de cuisine… y sont exposés au bonheur de
passionnés d’art africain.
Ces objets dont la plupart remontent à des centaines
et même à des milliers d’années, sont le fruit d’une quête de toute une vie,
soit soixante ans de recherches. Abdelkrim Benbahmed
n’est pas un collectionneur lambda, mais un grand passionné du continent. Âgé
de 80 ans aujourd’hui, toute sa jeunesse durant, il a sillonné le continent en
compagnie de son épouse Amina. Partageant cette passion commune, tels des
“Indiana Jones” à la recherche de “l’arche perdu”, le couple Benbahmed a rassemblé pas moins de cinq mille pièces qu’il
voulait garder en souvenir. Loin d’être un archéologue comme “Henry Walton
Jones JR”, Abdelkrim était cadre à la Banque africaine du développement et
professeur à l’université. “Alors que j’étais étudiant, j’ai réalisé mon
premier voyage en 1963, dans le cadre d’un congrès au Ghana d’où j’ai ramené
mon premier objet, une canne offerte par le chef d’une tribu. Mais ma passion
pour le continent est née en 1962, grâce à ma rencontre avec des étudiants de
pays africains”, nous a-t-il révélé lors d’une visite guidée. Étudiant en
mathématiques, à 20 ans il épouse Amina. “À cette époque nous étions considérés
comme des mineurs”, se souvient-il avec le sourire. Alors commence une
existence captivante.
“J’ai visité 51 pays d’Afrique et avons vécu Amina et
moi, un peu partout, notamment en Libye, en Tunisie, au Kenya, en Afrique du
Sud ou encore en Côte d’Ivoire.” En 1997, alors qu’ils
sont installés à Abidjan, Abdelkrim Benbahmed
nous révèle qu’Amina ne cessait de lui demander : “Qu’allons-nous faire de tous
ces objets rangés dans des cartons à Alger ?”. Suite à cet épisode, en 2002,
ils reviennent à Alger et pense à créer la fondation FAABBA (initiale de leur
nom), qui orne le musée, un centre de recherches et un laboratoire. “Une
institution à caractère privé, apolitique et sans but lucratif, de nature
associative. La Fondation dispose de la personnalité morale et de la capacité
civile et exerce ses activités sur l’ensemble du territoire national et à l’étranger.
Elle a pour but de faire connaître par l’observation, l’étude et la recherche,
le continent africain dans ses interrelations avec l’Algérie.”
Dans le musée ouvert du lundi au vendredi de 10h à
18h, sont exposés des objets classés par “Grandes familles culturelles”, car
pour Abdelkrim, “la culture est sans frontières”. Afin de le démontrer une
carte est accrochée à l’entrée du musée où l’on peut découvrir un continent uni
sans frontières. Outre la nouvelle collection proposée, la fondation lancera
prochainement le think tank ‘Africa-Up
coalition’, qui tend à la mobilisation de l’intelligence africaine pour
“réfléchir sur toute thématique ayant un caractère matériel et immatériel au
service du développement économique, social et culturel de l’Afrique”.