CULTURE- ETRANGER- INDUSTRIE CINEMATOGRAPHIQUE
/AFRIQUE 2021
La production d'œuvres cinématographiques
est en pleine croissance en Afrique grâce aux technologies numériques, mais le
potentiel économique de cette industrie reste «largement inexploité sur la
quasi-totalité du continent», a relevé mardi 5 octobre 2021 l'Unesco qui publie
une cartographie du continent et des recommandations pour «organiser la
croissance à venir».
En Afrique, «ces dernières années ont vu le foisonnement d'une quantité
remarquable de productions grâce aux technologies numériques», relève l'Organisation
des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, dans un rapport
de 70 pages.
«Le cas de Nollywood (industrie du cinéma nigérian), avec environ 2.500 films
tournés chaque année, est exemplaire à cet égard. Il a permis l'émergence d'une
industrie locale de production et de diffusion avec un modèle économique qui
lui est propre» et le «même phénomène s'observe dans d'autres États du
continent où la production de films et de programmes de télévision prend de
l'ampleur en dehors de cadres formalisés».
Mais «contrairement à Nollywood, la production cinématographique africaine
peine à trouver un modèle économique qui lui assure une croissance pérenne à
cause notamment de la taille et des insuffisances des marchés nationaux» et
«les revenus générés par le secteur audiovisuel dans la majorité des États en
Afrique vont au profit d'intérêts étrangers».
L'Unesco relève qu'une «part écrasante du marché est préemptée par des biens et
services audiovisuels extérieurs à ces États, ce qui ne contribue ni à la
connaissance mutuelle des populations, ni à la promotion de la diversité
culturelle, ni au développement économique d'une industrie nationale et/ou
régionale».
Ce rapport cartographie «pour la première fois» les industries du cinéma et de
l'audiovisuel à l'échelle du continent, qui «emploieraient environ 5 millions
de personnes et représenteraient 5 milliards de dollars de PIB à travers
l'Afrique». «On estime que les secteurs du cinéma et
de l'audiovisuel ont le potentiel de créer plus de 20 millions d'emplois et de
générer une contribution annuelle au PIB de 20 milliards de dollars en
Afrique», note l'Unesco, basée à Paris. Mais ce potentiel reste «largement inexploité», souligne l'Unesco. Parmi les
difficultés récurrentes, l'Unesco relève que de nombreux aspects de l'industrie
cinématographique et audiovisuelle demeurent «informels».
«Seuls 44% des pays disposent de commissions
cinématographiques nationales et 55% seulement ont des politiques de soutien à
l'industrie cinématographique.» L'Afrique est de loin le
«continent le plus mal desservi» en matière de distribution
cinématographique, avec seulement un écran pour 787.402 personnes. «Seuls 19 pays africains sur 54 (35%) offrent un soutien
financier quelconque aux cinéastes, le plus souvent sous la forme de petites subventions
ou d'aides», ajoute le rapport.
En matière de liberté d'expression, les professionnels du secteur d'au moins 47
pays (87%) signalent des «contraintes explicites ou une autocensure sur ce qui
peut être montré ou abordé à l'écran». Bien qu'il n'existe pas de données
précises sur ce sujet, «deux tiers des pays ont estimé
que le secteur perd plus de 50%» du montant des recettes à cause d'un «piratage
effréné», souligne l'Unesco.
Ce rapport devait être lancé au siège de l'Unesco mardi après-midi par sa
directrice générale Audrey Azoulay. Plusieurs tables rondes seront organisées
avec des représentants de l'industrie du cinéma.