L’ex-président Abdelaziz Bouteflika
est décédé à l’âge de 84 ans, a annoncéce vendredi 17
septembre 2021 la Présidence de la République .
Abdelaziz Bouteflika a été
président de l’Algérie du
27 avril 1999 au 2 avril 2019, date à laquelle il
annonce sa démission après plusieurs semaines de manifestations populaires, le Hirak, rejetant un 5e mandat et exigeant son départ.
Depuis son accident vasculaire
cérébral en 2013, son état de santé n’a cessé de se dégrader. Sa mobilité a été
réduite et il effectuait des apparitions de plus en plus rares. Son aptitude à
gouverner le pays était constamment remise en question. Son entourage,
notamment son frère Said Bouteflika, était accusé d’usurper les prérogatives de son frère pour
contrôler le pays.
Abdelaziz Bouteflika a quand même
brigué un 4e mandat en 2014. Cinq and plus tard, en 2019, l’annonce, par le
P/FLN de sa candidature à un 5e mandat suscite la colère des Algériens qui
sortent en masse le 22 février pour rejeter sa candidature et exiger sa démission,
après avoir régné sur le pays pendant 20 ans.
C’est le 2 avril 2019 que les
images le montrant signer sa lettre de démission, avant la fin de son quatrième
mandat, répondant favorablement aux exigences des manifestants mais surtout à
l’appel de l’ex-chef d’Etat-Major, Gaid Salah, à
appliquer l’article 102 de la précédente mouture de la Constitution.
Ministre des Affaires étrangères et
traversée du désert
Abdelaziz Bouteflika, né le 02 mars
1937 à Oujda au Maroc, s’engage dans l’Armée de libération nationale (ALN)
pendant la Guerre de Libération. Il était membre du clan d’Oujda,
s’était lié avec Houari Boumédiène et a grimpé
rapidement les échelons dans l’administration de l’armée des frontières.
A l’indépendance, il est élu député
de Tlemcen puis ministre de la Jeunesse et des Sports jusqu’à 1963, sous Ahmed
Ben Bella, évincé par un coup d’état le 19 juin 1965, auquel il participe. De
1963 à 1979, il occupe le poste de ministre des Affaires étrangères.
Après la mort de Houari Boumediene
en 1979, commence une traversée du désert. Il est nommé Ministre d’Etat par
Chadli Bendjedid mais s’exile rapidement, accusé d’extorsion de fonds. Il ne
revient qu’en 1987. Il devient membre du comité central du FLN puis se voit
proposer plusieurs fonctions.
Après la nomination de Liamine
Zéroual, il retourne en Suisse.
C’est en décembre 1998 qu’il
fait part de sa décision de se présenter, en qualité de candidat
« indépendant », à l’élection présidentielle anticipée de 1999.
Tous les autres candidats se retirent pour dénoncer les conditions de la tenue
des élections et Bouteflika est élu président de la République avec 73,8 %
des voix. Il succède ainsi à Liamine Zéroual, le 27 avril 1999.
Concorde civile, Charte de
Réconciliation et l’amnistie
Son premier mandat est marqué par
la fin de la Décennie noire et surtout, sa politique de
« réconciliation ». Il fait notamment adopter la « loi sur la
concorde civile », prévoyant une amnistie partielle
des islamistes armés et vidant ainsi les maquis.
En 2005, nommé entre-temps président
d’honneur du FLN, il convoque un référendum pour faire adopter la « Charte
pour la paix et la réconciliation nationale ». Il propose de reconnaître
le droit à des réparations aux familles de disparus, d’accorder une forme
d’amnistie pour les membres de groupes armés non coupables de massacres,
de viols et d’attentats à la bombe et de créer une aide pour les veuves et
orphelins de membres de groupes armés tués.
Ces mesures prévoient surtout une
amnistie complète pour les membres des forces de sécurité, tous corps
confondus, responsables de graves violations des droits humains. Toute plainte
contre eux est considérée comme irrecevable.
Cette charte, tout comme la loi sur
la concorde civile, a été rejetée par les familles des victimes et des
personnes disparues, par le fait des islamistes ou d’agent de l’état, ainsi que
par les associations des droits de l’homme.
Les militaires, la corruption et
la Constitution
Abdelaziz Bouteflika est réélu au
premier tour des élections en 2014 (85%), en 2009 (90,2%) puis en 2014 (81,5%),
lors d’élections contestées. Il est également ministre de la
Défense depuis 2002.
Son règne est aussi marqué par ses
rapports avec l’Etat-Major et le Département du renseignement et de la sécurité
(DRS). Une « libération » de ceux qui l’ont conforté dans son poste
qui s’était traduite par l’arrestations de hauts gradés
hostile à Abdelaziz Bouteflika, ainsi que la mise en retraite du généra
Toufik. Il a également dissous le DRS pour créer la DSS, sous la tutelle de la
Présidence.
La gestion de la fin de la décennie
noire n’est pas la seule à être critiquée. La répression des manifestants lors
du Printemps noir en 2001, ses rapports avec la presse ou encore les scandales
de corruption (Khelifa, Sonatrach I & II,
autoroute est-ouest …) ont également marqué ses mandats.
En 2011, suite à des émeutes et
manifestations, il annonce la mise en place d’une commission chargée de
modifier la Constitution, une révision de la loi électorale, de la loi sur les
partis politiques et du code de l’information. Ces annonces jugées tardives et
peu novatrices ne convainquent pas la presse indépendante et la société civile.
La révision constitutionnelle ne survient qu’en 2016, rétablissant le nombre de mandats à deux et
promouvant le tamazight comme langue nationale.
Sur le plan économique, Abdelaziz
Bouteflika a profité de la hausse des prix du pétrole pour lancer une politique
de grands travaux. Plusieurs chantiers ont été livrés sous son règne, à l’image
du Métro et du nouveau aéroport d’Alger, l’autoroute
Est-Ouest, les projets immobiliers et d’autres infrastructures.
Des chantiers souvent marqués par
des scandales de corruption, dans lesquels sont impliqués plusieurs de ses
ex-ministres ou encore des compagnies étrangères, dont certains procès sont
toujours en cours d’instruction dans les tribunaux.
Il ne profite néanmoins pas de la
conjoncture économique pour favoriser l’industrialisation, les exportations
hors-hydrocarbures ou l’entrepreneuriat privé.
Problèmes de santé et fin de
l’ère Abdelaziz Bouteflika
Abdelaziz Bouteflika a fait face à
plusieurs problèmes de santé depuis son élection. Il a été maintes fois
hospitalisés entre 2005 et 2019, au Val-de-Grâce, à Grenoble ou encore à
Genève.
Le 26 novembre 2005, il est admis
au Val-de-Grâce, officiellement pour être opéré d’un ulcère de l’estomac. Il
est de nouveau hospitalisé au Val-de-Grâce le 27 avril 2013, les autorités
indiquant qu’il a été victime d’un accident ischémique transitoire, c’est-à-dire
une petite attaque cérébrale.
Le 16 juillet 2013,
après 80 jours d’absence, Abdelaziz Bouteflika rentre en fauteuil
roulant à Alger. Il subira par la suite plusieurs « examens » en
France et en Suisse.
Comme pour chacune de ses
hospitalisations ultérieures, les informations communiquées sont très rares et
l’état du président de la République fait l’objet de spéculations. La presse
dénonçait souvent l’opacité autour de ces hospitalisations.
Il fait sa première apparition
publique depuis mai 2012 pour voter à la présidentielle de 2014, en fauteuil
roulant. Son dernier discours public remontait au 8 mai 2012,
à Sétif. Depuis son AVC en 2013, il vivait dans une résidence d’État
médicalisée à Zéralda.
C’est d’ailleurs son Premier
ministre, Abdelmalek Sellal, qui fait campagne pour
lui. Ses sorties se font de plus en plus rares mais chacune suscitait une
polémique, quant à son état, hagard, amaigri, ne pouvant même pas bouger ou se
tenir droit sur son fauteuil roulant.
Pour les Algériens, la fin de l’ère
Bouteflika sera sans doute terminée à la fin du 4e mandat. C’était sans compter
sur la volonté de son entourage et les cercles du pouvoir de le reconduire pour
un autre mandat. Une « humiliation » de trop pour les Algériens qui
sortent en masse le 22 février 2019.
Après plusieurs semaines de marches
à travers le pays, durant lesquelles la Présidence propose un report du scrutin
puis une prolongation de deux ans du quatrième mandat, et l’appel du chef
de l’armée, Gaid Salah, à appliquer l’article 102 de
la Constitution, Abdelaziz Bouteflika démissionne le 02 avril de la même année.
L’ex-président n’a fait aucune
apparition publique depuis son éviction. Il a été constamment cité dans les
procès de corruption contre plusieurs de ses ex-ministres. Certains exigeaient
qu’il soit également jugé.
NOTE : Samedi 18/9 : Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, décrète
samedi 18/9, un deuil national de trois jours, avec mise en berne des
drapeaux, sur tout le territoire national, à compter de ce jour suite au décès de l'ancien chef de l'Etat
Abdelaziz Bouteflika.
Par ailleurs, le
défunt sera inhumé au cimetière d'El Alia, lors d'une cérémonie officielle
qui aura lieu dimanche