ENERGIE – ENTREPRISE- SONATRACH/FINANCES 2021
© Azedine Maktour/ Le Soir d’Algérie, 15/9/2021
Sonatrach s’est bien remise de ses
déboires et, désormais, regarde droit devant, avec de nouvelles perspectives,
un programme d’investissements et une nouvelle stratégie. C’est le message qu’a
voulu transmettre le P-dg Toufik Hakkar,
lors de son passage dans les studios de la première chaîne de la Radio
nationale, mardi 14 setembre 2021.
En temps d’opulence comme en temps de vaches maigres, Sonatrach focalisera
toujours l’attention, tant l’économie algérienne dépend en grande partie de la
bonne santé de sa première source de revenus. En effet, au même moment où le
chef du gouvernement et ministre des Finances s’employait à expliquer devant
les députés que son plan de travail s’appuiera, entre autres grands axes, sur
la poursuite des investissements dans le secteur des hydrocarbures qui
passeront d’un peu plus de 7 milliards de dollars présentement à près de 10
milliards de dollars d’ici deux ans, Toufik Hakkar,
le patron de Sonatrach, s’appliquait, lui, à faire part des vertus de la
stratégie mise en place jusqu’en 2025. Stratégie avec comme point nodal le
renouvellement des réserves des hydrocarbures dont regorge le sous-sol
algérien, et ce, en boostant les activités d’exploration qui ont été réduites
depuis plusieurs années, la Sonatrach s’étant engagée seule dans le volet pendant
15-16 ans, en y consacrant près de 17 milliards de dollars, ce à quoi il sera
remédié grâce à la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui, en raison de la
pandémie, n’a pu faire ses preuves d’attractivité, bien que la totalité des textes
d’application de ladite loi n’était pas encore prête.
Bien que la conjoncture ne fût pas facile, avec la pandémie, la compagnie
nationale a réussi, selon son P-dg, à renouveler 120%
de ses réserves dédiées à la consommation et à l’exportation. L’œuvre consiste
également, selon T. Hakkar, à développer les vieux
gisements pour maintenir leur niveau de production actuel afin de satisfaire
les besoins de consommation locale, en évolution d’année en année, et d’honorer
les contrats liant Sonatrach avec ses partenaires étrangers. Le redéploiement
de la compagnie passe aussi par le développement des industries de la
pétrochimie, ce qui se fait depuis près de deux ans maintenant, après que
celles-ci aient été mises en veilleuse pendant près de vingt ans, selon le P-dg qui citera à ce titre, le projet en voie d’achèvement
à Arzew pour le polypropylène avec une capacité de production de 550 000 tonnes
par année, projet pour lequel interviendra le choix du partenaire associé dans
sa réalisation avant la fin de cette année pour l’entame des travaux durant le
premier trimestre de 2022. Le raffinage, notamment afin de développer la
production de carburants, avec comme objectif la cessation définitive de
l’importation, requiert l’attention des dirigeants de Sonatrach, tout autant
que l’implication des entreprises locales dans les activités de la compagnie et
ne plus recourir exclusivement à l’étranger comme cela se faisait jusqu’à il
n’y a pas si longtemps. Sonatrach, somme toute, si l’on doit se fier aux propos
de son patron, s’en tire plutôt bien après avoir traversé la difficile passe, à
l’instar de toutes les compagnies pétrolières du monde, imposée par la crise
sanitaire.
À la fin de cette année, selon les estimations avancées par Toufik Hakkar, il est attendu que Sonatrach engrange entre 30 et
33 milliards de dollars de recettes, selon l’évolution du marché mondial, après
avoir perdu 40% de ses revenus durant l’année 2020 avant de parvenir à la fin
de cette même année à l’équilibre des recettes et des dépenses et sortir ainsi
de la zone rouge. Jusque-là, à la fin du premier semestre précisément, Sonatrach
est «à l’aise sur le plan financier» avec l’amélioration des prix du pétrole
intervenue grâce à l’action de l’Opep et l’Opep+, ce qui permet à la compagnie de voir d’un bon œil
ses futurs investissements, en amont notamment, alors que pour les industries
de transformation, Sonatrach fera recours aux banques, algériennes d’abord,
auquel cas les banques étrangères seront sollicitées à la condition que les
taux d’intérêts soient intéressants, entre 1 et 2%.
Pour ce qui concerne le gaz, Toufik Hakkar a affirmé
que la compagnie n’a pas besoin de capacités autres que celles qui sont les
siennes actuellement pour l’exportation, sauf peut-être pour le port de Skikda
qui nécessite une extension pour la réception des gros tankers en provenance ou
à destination des marchés asiatiques et sud-américains. À court terme, il est attendu,
selon les propos du P-dg, que Sonatrach parvienne à
parachever les discussions déjà engagées par des accords d'exploration et de
production avec des partenaires étrangers, pour peu que le climat des affaires,
et non pas le cadre réglementaire, le permette. Des visées qui en disent long
sur l’état d’esprit qui règne de nouveau à Sonatrach, la compagnie qui s’est
également fixée en objectif, l’entrée dans le monde de la production des énergies
renouvelables, avec l’ambition de produire de l’hydrogène propre, mais sans que
le P-dg s’aventure à donner un délai.