FINANCES -MONNAIE- MASSE MONETAIRE GLOBALE 2021
© Meziane Rabhi/Liberté, mercredi 15
septembre 2021
Les quantités de billets et de pièces de monnaie circulant hors banques
représentent 36% de la masse monétaire globale.
La monnaie
fiduciaire en circulation a fortement augmenté ces dernières années. Selon des
évaluations que des banquiers nous ont livrées, elle est passée de 3 314
milliards de dinars en janvier 2014 à 6 463 milliards de dinars au mois d’avril
2021.
Les quantités de billets et de pièces de monnaie circulant hors banques
représentaient, au mois d’avril dernier, 36% de la masse monétaire globale et
45% du total bilan de la Banque d’Algérie.
Un fléchissement a été constaté en 2017 et 2018 à la suite de l’instruction
de la Banque d’Algérie fixant les conditions particulières relatives à la
domiciliation des opérations d’importation de biens destinés à la revente en
l’état.
Les importateurs de biens destinés à la revente en l’état ont été forcés de
constituer une provision, un montant au moins égal à 120% de la valeur de
l’opération d’importation, auprès de la banque domiciliataire. L’argent entrait
dans le circuit bancaire.
“Les sorties nettes sont devenues d'un niveau acceptable aux alentours de
200 milliards de dinars annuellement”, nous expliquent nos sources. Après 2019,
des experts évoquent un changement dans le comportement des agents économiques.
Le hirak, relève-t-on, “a fait que certains
oligarques ont retiré leur argent massivement”.
Les sorties nettes de billets de banque avaient atteint 522 milliards de
dinars en 2019, selon nos sources. Le flux de sortie nette de monnaie
fiduciaire s’est poursuivi, en 2020 et le premier quadrimestre (janvier à avril)
de cette année. Les deux vagues de Covid-19 ont poussé les agents économiques à
retirer leur argent pour pouvoir faire face à la pénurie durant la première vague
2020 et pour anticiper tout manque de liquidité en 2021.
Selon la Banque d’Algérie, la circulation fiduciaire hors banques a
augmenté de 12,93%, passant de 5 437,6 milliards
de dinars à fin 2019 à 6 140,7 milliards de dinars à fin 2020. Cependant, ce montant
de circulation fiduciaire hors banques ne relève pas totalement de l’économie
informelle.
Ce montant, préoccupant certes, démontre l’existence de certains
dysfonctionnements. Selon Brahim Guendouzi,
professeur d’économie, “de nombreux dysfonctionnements de l’appareil économique
alimentent des pratiques informelles, ainsi que le système des subventions qui
contribue, de manière indirecte, au captage de ressources financières,
renforçant par la même occasion la part de l’informel dans l’économie”.
Selon lui, “la préférence pour la liquidité et la méfiance à l’égard des
établissements bancaires, y compris pour des raisons religieuses évidentes,
laissent croire que du point de vue financier, il est aussi difficile de
vouloir opérer des changements tant sont nombreux les paramètres qui influent
sur l’évolution de la situation”.
Certains banquiers font remarquer qu’“une grande partie de la circulation
fiduciaire fait fonctionner des dizaines de milliers d'activités économiques et
fait embaucher des centaines de milliers de mains-d'œuvre”.
En tout état cause, la hausse de la monnaie fiduciaire en circulation souligne
la nécessité de développer davantage les instruments de paiements scripturaux
(chèques, cartes,…), ainsi que la généralisation des
paiements électroniques.