HABITAT-
PERSONNALITES- BOUCHAMA ABDERRAHMANE (ARCHITECTE)
Né à Alger le 21 octobre 1906 , mort à Alger en 1985 à
79 ans, Abderrahmane Bouchama est considéré comme le père de l’architecture moderne en Algérie.Militant d’abord aux Jeunesses Communistes à Blida,
secrétaire de rayon communiste envoyé à l’école d’Orient à Moscou en 1932-1933
; établi à Tlemcen, constructeur de médersas et de mosquées ; intermédiaire
actif dans la collaboration du PCA et de l’Association des Oulémas au
développement du Congrès musulman (1936-1937) ; installé à Alger, membre du
comité central du PCA en 1949, président du Mouvement de la paix en Algérie ;
continue son œuvre après l’indépendance, fidèle à ses idées d’alliance entre le
communisme et une vision philosophique de l’Islam.
Le père d’Abderrahmane Bouchama était cadi (juge
musulman) ; le garçon fait ses études en médersa puis au collège de Blida ; en
1927, il prend des cours de chimie à la Faculté des sciences d’Alger, faisant
différents boulots pour subsister. Adhérent aux JC à Blida, prenant part à l’organisation
de la grève de l’usine de pâtes, il devient responsable des Jeunes au rayon
communiste de Blida ; en mars 1928, il est délégué à la conférence de la Région
communiste à Alger, et en 1930, participe au Congrès des ouvriers arabes à Alger .
Tout en se disant sculpteur, il fait encore le garçon d’épicerie en
1931-1932, n’ayant plus le temps de militer. Il le retrouve un peu au contact
de la paysannerie de la Mitidja, après avoir fait brièvement son service
militaire à Blida (soldat de 2e classe indigène). En 1932, il part en France .Il y
a fait des études supérieures .Il
a étudié les mathématiques à l'Institut polytechnique de Nantes, où il est devenu ingénieur, puis à l'École nationale
supérieure des beaux-arts de Paris. Il appartient à la cellule communiste du centre de la ville.
C’est pour s’être distingué dans "le redressement du rayon communiste
de Nantes" qui en fait un responsable de rayon, vraisemblablement à la
suite de sanctions contre les dirigeants éliminés de la direction du parti
(affaire dite Barbé-Celor), qu’il est adressé à
l’école d’Orient à Moscou. Les observations portées sur sa biographie de 1933,
reconnaissant ses bonnes connaissances de l’arabe et du français, prennent note
de sa volonté de combler "ses faiblesses théoriques" en jugeant son
activité confuse notamment par rapport à l’Étoile Nord-africaine ; il lit
beaucoup mais "très indistinctement".
On le retrouve en 1934, établi à Tlemcen comme architecte-géomètre. Il
gagne en célébrité en conduisant la construction de la médersa Dar El-Hadith
(Maison de la tradition prophétique).
. A. Bouchama se voue à la rencontre du communisme
et de l’Islam qui porte le rayonnement à Tlemcen et dans la campagne
environnante, par le Congrès musulman, front algérien en parallèle du Front
populaire (1936-1937). Il veut établir un pont ou élever une arche d’alliance.
Il installe ensuite ses bureaux d’architecte à Alger continuant à
privilégier la restauration ou la construction d’édifices religieux.
Abderrahmane Bouchama est élu membre du Comité
central du PCA au 5e congrès qui se tient du 26 au 29 mai 1949. Emblématique de
l’alliance entre les communistes et les Oulémas, il devient en 1950 président
du Comité algérien du Mouvement de la paix qu’il représente dans toutes les
manifestations et conférences du Conseil mondial de la paix. Arrêté juste après
le déclenchement de l’insurrection nationale, il est interné au camp de Bossuet . Après l'indépendance de l'Algérie,
il ouvre en 1963 une agence où son fils Elias (architecte du nouveau
ministère des Affaires étrangères aux Annassers) le rejoint.Il est le fondateur et le premier président de
l'Union des Architectes algériens.
Il a « signé » les Archives nationales (Birkhadem), la Cour Suprême et l'ex
centre culturel d'El-Biar à
Alger -- à la frontiere avec la commune de Ben Aknoun -- (édifice devenu
le nouveau siège du conseil d'État algérien), le siège du ministère du Tourisme
ainsi que les Instituts islamiques de Constantine (Algérie) (1969),
de Tlemcen (1970),et d'Alger sis le quartier Caroubier (1972). Il a « signé » les
Archives nationales (Birkhadem), la Cour Suprême et l'ex
centre culturel d'El-Biar à
Alger -- à la frontiere avec la commune de Ben Aknoun -- (édifice devenu
le nouveau siège du conseil d'État algérien), le siège du ministère du Tourisme
ainsi que les Instituts islamiques de Constantine (Algérie) (1969),
de Tlemcen (1970),et d'Alger sis le quartier Caroubier (1972).Il a également
conçu de nombreuses mosquées, dont celles d'El Biar
(Place Kennedy), de Hydra et la Mosquée El Oumma à Bologhine.On voit aussi la signature d'Abderrahmane Bouchama comme une synthèse entre la tradition et le moderne.La médersa Dar El Hadith de Tlemcen lui avait servi de modèle.
C’est à lui que s’adressent Abdelhamid Benzine et les anciens d’Alger
Républicain qu’il avait toujours soutenu, pour relancer le journal à
l’indépendance, avant que Henri Alleg ne les rejoigne
depuis Prague. La première équipe travaille dans son bureau même. « une seule machine à écrire posée sur la cheminée, on tape
debout ».
En liaison avec l’Association des Oulémas et les ministères successifs des
Affaires religieuses, dans ses constructions d’édifices d’enseignement et de
culte, Abderrahmane Bouchama n’a cessé d’imprimer à
ses ouvrages, un style puisé dans l’héritage musulman. Fasciné par l’Alhambra
de Grenade et le Taj Mahal indien, en quête permanente de « l’arceau qui chante
» (c’est le titre d’un de ses livres-manifestes), il est allé acquérir cet
esprit architectural au Maroc auprès des maâlim
(maîtres), architectes et artisans de palais,
ŒUVRES :L’arceau qui chante, SNED, Alger, 1966. — Mouvements
pensants et matière, SNED, Alger, 1968. — La grandeur de l’unité, SNED,
Alger, 1976. — L’oasis géante, ENAL, Alger, 1984.