AGRICULTURE- BIBLIOTHEQUE
D’ALMANACH- ESSAI ALI KADER- « AGRICULTURE ALGERIENNE…. »
Agriculture algérienne : Entre
progrès et regrets. Essai de Ali Kader. Editions Imal, Tizi Ouzou 2020 , 395 pages, 1560 dinars
Un ouvrage
relativement cher….mais achetez-le quand même et lisez-le.Vous ne le regretterez pas. Vous en apprendrez
bien des choses sur l’Agriculture nationale…Peut-être plus qu’il n’en faut. Au
risque de vous
stresser ou d’augmenter votre colère .
Car l’auteur n’y
va pas avec le dos de la cuillère. Tous les aspects sont présentés, chiffres,
données, faits….et méfaits à l’appui : Cela va de
la période postindépendance avec l’autogestion et les Das,
les fermes pilotes (elles servent à quoi ?), le foncier agricole (outil
social et rentier !) ,les « filières »,
le développement rural (avec ses « théories des cols
blancs »)….. à
l’environnement (frein ou accélérateur ?) , la recherche et la
formation , l’administration agricole (accompagnatrice ou
inhibitrice ?) ……. en passant par la préservation
des terres agricoles (enjeux et casse-tête)
, les financements (trop de soutiens tuent la production et ….le
soutien) et le Sahara (futur Eldorado agricole ou simple mirage ?)….
Certains chapitres
comme celui de la préservation des terres agricoles (p 117) font froid
dans le dos, surtout lorsqu’on sait que les processus engagés (dont celui du
« détournement » de terres
agricoles au bénéfice de la construction de logements) sont, malgré les textes
promulgués , aujourd’hui encore, font des ravages .Alors que l’on sait (il est
vrai que le savoir ne court pas les rues et est encore moins respecté chez les « affairistes » et les
« opportunistes de la politique »….surtout à partir des années 2000
) que le pays ne possède en surface agricole utile que 3,6 % de sa surface globale.Bien
en deça de nos voisins le Maroc et la Tunisie
(relativement) . Le rente pétrolière, la peur des « masses » et le maintien au pouvoir y
ont amplement aidé.
La conclusion de
l’auteur, homme de terrain, d’expériences et de connaissances est sans
appel : « l’agriculture algérienne n’est pas malade de son climat,
encore moins de sa géographie, comme se complaisent certains à le dire . Ses vulnérabilités résident en ses hommes politiques
(mais pas que, selon moi, car il y a
,aussi, une faute partagée en bonne
partie par les citoyens eux-mêmes ainsi qu’en bonne partie par les techno-bureaucrates) qui ne veulent pas
s’accorder sur les solutions à apporter » Autre vérité assénée :
« En vérité , tout le monde se sert du secteur.Politiques,
professions libérales (entrepreneurs, commerçants, médecins, avocats et
autres…), manœuvres, chômeurs, jeunes ou vieux, etc…. ; tout ce beau monde
peut avoir accès aux terres agricoles…. »
L’Auteur :Né à Icherkyen
(Maâtkas/Kabylie).Etudes à l’Ita
de Mostaganem.Ingénieur en agronomie.Formateur.
Plsuieurs fonctions subalternes et supérieures (Dsa). Auteur de plusuieurs
ouvrages dont des romans (dont un en tamazight),édités pour la quasi-totalité à l’Enag et à l’Anep
Sommaire :Préambule/Chapitre I : Le
foncier agricole :outil social et rentier…/Chapitre II :L’extension
des superficies…./Chapitre III : Les fermes pilotes…./Chapitre IV :
La préservation des terres agricoles…./ Chapitre V : L’hydraulique
agricole…./ Chapitre VI : L’approche « filières »…./Chapitre
VII : Le Sahara…./Chapitre
VIII : Le développement rural…./Chapitre IX :Les financements…..
/Chapitre X : L’environnement…./ Chapitre
XI : La recherche et la formation…./Chapitre XII : L’administration
agricole…./Annexes : Cartes…
Extraits : « Le foncier agriciole
a , de tout temps, été un casse-tête et cela ne date
pas de l’indépendance » (p37), « C’est immoral de faire du
populisme en mettant à la disposition de jeunes autochtones, ainsi qu’à
d’autres domiciliés dans des régions lointaines, sans formations ni
compétences, des terres en plein désert. C’est un aventurisme amateur qui
ignore le sens de l’affairisme des uns et le populisme ravageur des autres » (p95), « La race humaine
(nos compatriotes plus que d’autres) est le seul mammifère à se gaver
de lait sa vie durant et ce, à cause de l’héritage colonial et des idées
préconçues des puissants lobbies de l’industrie laitière européenne soucieuse
d’écouler sa surproduction » (p 168), « Penser que le Sahra est le nouvel Eldorado et que l’agriculture
saharienne , à elle seule, comme veulent le faire croire certains hommes
politiques, va régler les problèmes de l’alimentation du pays, c’est aller trop
vite en besogne » (p 229), « Un revêtement de trottoir au chef-lieu
de la wilaya ou de la daira ou de la commune, est
assurément plus intéressant à entreprendre qu’une piste agricole à percer aux
fins fonds d’un hameau au creux d’une quelconque montagne dont personne ne
connaît l’existence » (p248)
Avis :Un ouvrage surtout
documentaire bien plus qu’un essai….qui met le doigt dans toutes les plaies.Hélas , sa lecture est difficile, car trop de
chiffres et une mise en page lacunaire
Citations : « Dès que la crise
s’estompe, les gouvernants retombent dans leurs travers, ils ne tirent aucune
leçon des crises précédentes ; pire, ils s‘oublient dans leur confort
préfabriqué et oublient tout et se contentent de s’envelopper d’une amnésie
populiste qui les rattrapera tôt ou tard, eux ou ceux qui leur
succéderont » (p 16), « A
force de rechercher le bonheur de ce spopulations, on
arrive à les détruire, certes pas dans l’immédiat, mais dans un futur
relativement proche » (p105)