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Essai Ali Kader- "L'Agriculture algérienne...."

Date de création: 02-09-2021 17:38
Dernière mise à jour: 02-09-2021 17:38
Lu: 1015 fois


AGRICULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI ALI KADER- « AGRICULTURE ALGERIENNE…. »

 Agriculture algérienne : Entre progrès et regrets. Essai de Ali Kader. Editions Imal, Tizi Ouzou 2020  , 395 pages, 1560 dinars

Un ouvrage relativement cher….mais achetez-le quand même et lisez-le.Vous ne le regretterez pas. Vous en apprendrez bien des choses sur l’Agriculture nationale…Peut-être plus qu’il n’en faut. Au risque de  vous stresser ou d’augmenter votre colère .

Car l’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère. Tous les aspects sont présentés, chiffres, données, faits….et méfaits à l’appui : Cela va de la période postindépendance avec l’autogestion et les Das, les fermes pilotes (elles servent à quoi ?), le foncier agricole (outil social et rentier !) ,les « filières », le développement rural (avec ses « théories des cols blancs »)…..  à l’environnement (frein ou accélérateur ?) , la recherche et la formation  ,  l’administration agricole (accompagnatrice ou inhibitrice ?) ……. en passant par la préservation des terres agricoles (enjeux et casse-tête)  , les financements (trop de soutiens tuent la production et ….le soutien) et le Sahara (futur Eldorado agricole ou simple mirage ?)….

Certains  chapitres  comme celui de la préservation des terres agricoles (p 117) font froid dans le dos, surtout lorsqu’on sait que les processus engagés (dont celui du « détournement »  de terres agricoles au bénéfice de la construction de logements) sont, malgré les textes promulgués , aujourd’hui encore, font des ravages .Alors que l’on sait (il est vrai que le savoir ne court pas les rues et est encore moins respecté  chez les « affairistes » et les « opportunistes de la politique »….surtout à partir des  années 2000  ) que le pays ne possède en surface agricole utile que  3,6 % de sa surface globale.Bien en deça de nos voisins le Maroc et la Tunisie (relativement) . Le rente pétrolière, la peur des « masses » et le maintien  au pouvoir y ont amplement aidé.

La conclusion de l’auteur, homme de terrain, d’expériences et de connaissances est sans appel : « l’agriculture algérienne n’est pas malade de son climat, encore moins de sa géographie, comme se complaisent certains à le dire . Ses vulnérabilités résident en ses hommes politiques (mais pas que, selon moi, car il y  a ,aussi, une faute partagée en bonne  partie par les citoyens eux-mêmes ainsi qu’en bonne partie par  les techno-bureaucrates) qui ne veulent pas s’accorder sur les solutions à apporter » Autre vérité assénée : « En vérité , tout le monde se sert du secteur.Politiques, professions libérales (entrepreneurs, commerçants, médecins, avocats et autres…), manœuvres, chômeurs, jeunes ou vieux, etc…. ; tout ce beau monde peut avoir accès aux terres agricoles…. »

L’Auteur : à Icherkyen (Maâtkas/Kabylie).Etudes à l’Ita de Mostaganem.Ingénieur en agronomie.Formateur. Plsuieurs fonctions subalternes et supérieures (Dsa). Auteur de plusuieurs ouvrages dont des romans (dont un en tamazight),édités  pour la quasi-totalité à l’Enag et à l’Anep

Sommaire :Préambule/Chapitre I : Le foncier agricole :outil social et rentier…/Chapitre II :L’extension des superficies…./Chapitre III : Les fermes pilotes…./Chapitre IV : La préservation des terres agricoles…./ Chapitre V : L’hydraulique agricole…./ Chapitre VI : L’approche « filières »…./Chapitre VII :  Le Sahara…./Chapitre VIII : Le développement rural…./Chapitre IX :Les financements….. /Chapitre X : L’environnement…./ Chapitre XI : La recherche et la formation…./Chapitre XII : L’administration agricole…./Annexes : Cartes…

Extraits : « Le foncier agriciole a , de tout temps, été un casse-tête et cela ne date pas de l’indépendance » (p37), « C’est immoral de faire du populisme en mettant à la disposition de jeunes autochtones, ainsi qu’à d’autres domiciliés dans des régions lointaines, sans formations ni compétences, des terres en plein désert. C’est un aventurisme amateur qui ignore le sens de l’affairisme des uns et le populisme ravageur des autres  »  (p95), « La race humaine

(nos compatriotes plus que d’autres) est le seul mammifère à se gaver de lait sa vie durant et ce, à cause de l’héritage colonial et des idées préconçues des puissants lobbies de l’industrie laitière européenne soucieuse d’écouler sa surproduction » (p 168), « Penser que le Sahra est le nouvel Eldorado et que l’agriculture saharienne , à elle seule, comme veulent le faire croire certains hommes politiques, va régler les problèmes de l’alimentation du pays, c’est aller trop vite en besogne » (p 229), « Un revêtement de trottoir au chef-lieu de la wilaya ou de la daira ou de la commune, est assurément plus intéressant à entreprendre qu’une piste agricole à percer aux fins fonds d’un hameau au creux d’une quelconque montagne dont personne ne connaît l’existence » (p248)

Avis :Un ouvrage surtout documentaire bien plus qu’un essai….qui met le doigt dans toutes les plaies.Hélas , sa lecture est difficile, car trop de chiffres et une mise en page lacunaire

Citations :  « Dès que la crise s’estompe, les gouvernants retombent dans leurs travers, ils ne tirent aucune leçon des crises précédentes ; pire, ils s‘oublient dans leur confort préfabriqué et oublient tout et se contentent de s’envelopper d’une amnésie populiste qui les rattrapera tôt ou tard, eux ou ceux qui leur succéderont » (p 16), « A      force de rechercher le bonheur de ce spopulations, on arrive à les détruire, certes pas dans l’immédiat, mais dans un futur relativement proche » (p105)