ECONOMIE- DOCUMENTS ET TEXTES REGLEMENTAIRES-
INSTRUCTION PRESIDENTIELLE (FIN AOÛT 2021)/ACTE DE
GESTION
Conséquence d’un climat du tout-répressif, la peur qui pèse lourdement sur
les fonctionnaires locaux et nationaux a conduit à une quasi-paralysie de
l’administration publique et, par ricochet, à immobiliser l’activité économique
et à tuer l’initiative entrepreneuriale. Le gouvernement s’est enfin résolu à
prendre conscience de cette intenable situation sur laquelle les opérateurs économiques
ne cessaient d’alerter.
La pénalisation de l’acte de gestion bloque l’investissement et semble
inhiber l’esprit d’initiative. C’est ce qui ressort d’une instruction
présidentielle, portant sur “la protection des responsables locaux”, adressée
au ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du
territoire, au ministre de la Justice et aux différents services de sécurité.
“Le climat des affaires dans notre pays enregistre, depuis quelques mois, un
recul de la cadence des investissements qui se traduit par l’hésitation des
investisseurs à lancer des projets à cause des lenteurs dans le traitement des
dossiers relatifs à l’investissement local”, relève le chef de l’État dans son
instruction, que le ministre de l’Intérieur a transmise aux walis, aux walis
délégués, aux secrétaires généraux de wilaya et aux chefs de daïras.
Cette lenteur, lit-on dans l’instruction, s’explique, dans la majorité des
cas, par le manque d’initiatives des responsables locaux qui résulte de la peur
de “poursuites judiciaires”. De nombreux projets sont aujourd’hui gelés.
D’autres projets, pourtant achevés, n’ont pu être exploités “à cause de
plusieurs facteurs liés, notamment, aux procédures de conformité et aux
autorisations d’exploitation prévues par la réglementation”, constate-t-on.
Cette situation, relève le président de la République, “a un impact
important sur la relance de l’économie nationale et freine sa diversification
et son affranchissement progressif des hydrocarbures, ainsi que la création d’emplois
pour les jeunes”. En attendant l’adaptation du dispositif législatif, en lien
avec la réalité économique, notamment la dépénalisation de l’acte de gestion,
le ministre de la Justice et les responsables des services de sécurité, chacun
en ce qui le concerne, ont été instruits de ne pas engager d’enquêtes ou de
poursuites judiciaires à l’encontre de responsables locaux sans l’avis du
ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du
territoire. Cette mesure, souligne l’instruction, s’inscrit dans le cadre des
dispositions décidées “par les hautes autorités du pays afin de libérer les
initiatives en rétablissant la confiance chez les gestionnaires concernés et en
les encourageant à développer l’esprit d’initiative sans avoir peur des
conséquences des erreurs d’appréciation inévitables dans ce domaine”.
Pour autant, le chef de l’État a insisté sur la nécessité de faire la
distinction entre les actes de gestion qui relèvent de la mauvaise appréciation
et ceux qui découlent de malversations intentionnelles visant à servir des
intérêts personnels. “Si l’acte de gestion objet de criminalisation ne profite
pas au responsable signataire de l’autorisation, ni aux membres de sa famille
ou à ses amis cet acte ne doit être traité que dans le cadre de la faute
administrative et ne peut être puni qu’en tant que tel”, conclut l’instruction.
La mise en détention de certains hommes d’affaires et surtout des P-DG de
banques semble avoir créé un climat délétère. Aujourd’hui, les cadres sont
tétanisés par la peur des poursuites pénales. Ils ont peur de prendre des
initiatives.
Cette paralysie dans la prise de décision est palpable dans toute la sphère
publique, notamment au niveau des banques publiques. Parmi les obstacles
auxquels sont confrontés les gestionnaires des entreprises publiques,
actuellement, “figure notamment la pénalisation des erreurs de gestion qui
annihile la volonté d’aller de l’avant, pour donner à l’entreprise publique, la
possibilité d’évoluer loin de toutes entraves et, au gestionnaire d’exercer ses
missions dans un cadre empreint de confiance et de sérénité”. Le plan d'action
du gouvernement, adopté, avant-hier, lors de la réunion extraordinaire du
Conseil des ministres prévoit l'encouragement de l'initiative par la
dépénalisation de l'acte de gestion.