DEFENSE- ENQUETES ET REPORTAGES- TERRORISME/MASSACRES DE RAIS NUIT 28,29
AOÛT 1997(III/III)© par ZERROUK Ahmed ex-magistrat militaire/www.algerie1.com,
dimanche 29-08-2021
De l’impact médiatique
Le lendemain du massacre, soit le 29
août 1997, en plus des journalistes envoyés en reportage par l’ensemble des
médias de la presse publique et privée, il y a eu dix-neuf (19) journalistes,
algériens et étrangers, représentants permanents de quinze médias (agences de
presse, journaux et télévisions) qui se sont rendus sur les lieux du drame.
Quant aux reportages télévisés, la
télévision algérienne (ENTV) a diffusé le 29 août 1997 un reportage d’une durée
de vingt-trois (23) minutes sur ce massacre. Des séquences de ce reportage ont
été reprises le même jour par plusieurs chaînes de télévision étrangères dans
leurs journaux télévisés. On relèvera que le sujet du massacre de Rais a été
abordé par certaines de ces télévisions aussi bien par des reportages que lors
d’émissions traitant de la violence et du terrorisme sévissant en Algérie.
Les médias concernés représentaient
différents pays : les Etats-Unis d’Amérique, l’Allemagne, l’Angleterre, la
Belgique, L’Espagne, le Portugal, l’Italie, la France et le Maroc. Les
journalistes ont pu s’enquérir sur place sur le déroulement du massacre et ont
pu constater les atrocités barbares et monstrueuses, dont la population civile
a été victime.
Ces médias avaient une vision
étriquée du drame, qui se déroulait en Algérie où des terroristes veulent, par
le recours aux atrocités les plus monstrueuses et à l’horreur, annihiler la
volonté de tout un peuple pour le rendre esclave et soumis à leurs volontés et
diktats.
Des réactions nationales
Les réactions immédiates et
spontanées des différentes instances officielles, étaient l’indignation, la
condamnation et l’appel à la solidarité contre le phénomène du terrorisme
aveugle. Il a été enregistré les déplacements sur les lieux du drame des ministres
en charge de l’Intérieur, de la Santé et de la
Solidarité, du Gouverneur du Grand Alger, d‘Officiers Supérieurs de l’Armée
Nationale Populaire et de responsables de la sûreté de la wilaya d’Alger.
Dans un communiqué du 29 Août 1997,
le gouvernement, qui a avancé le chiffre non définitif
de quatre vingt dix huit
(98) citoyens assassinés, a déclaré qu’il : « s’incline devant la mémoire
des victimes martyrs et exprime sa plus ferme condamnation de ce crime barbare,
qui a ciblé des citoyens innocents sans distinction d’âge. Cet acte sauvage,
comme tous ceux qui l’ont précédé, est une revanche haineuse contre le peuple
algérien qui résiste héroïquement à la tentative de destruction de sa patrie.
Face à cette recrudescence des attaques contre la population, des mesures
viennent d’être décidées pour renforcer davantage la protection des sites
habités dans des endroits isolés ».
L’ensemble de la société algérienne,
notamment la classe politique, a été horrifié par le carnage de Rais. Les
réactions d’horreur et d’indignation fusaient de partout. Du simple citoyen aux
autorités politiques, un même sentiment de révolte et d’amertume était présent.
On ne comprenait pas un tel carnage, une telle tuerie. L’Algérie était en
deuil.
Par contre, certaines parties
connues pour leur appartenance idéologique internationaliste, socialiste ou
intégriste, et leurs ambitions de réussir là où le FIS dissous a échoué, chacun
ayant sa propre vision des choses, n’ont pas hésité à répandre des insinuations
accusant les autorités.
La réaction des partis politiques a
été conforme aux thèses défendues par les uns et les autres. Le RND dans un
communiqué a « dénoncé avec la plus grande fermeté ces actes criminels »
qui représentent « une vengeance contre le peuple ». Le porte-parole
de ce parti a qualifié les terroristes de «bêtes
sauvages ».
Le FLN, pour sa part, a condamné
« avec vigueur ces actes barbares commis contre des civils innocents,
enfants, femmes et vieillards dans les villages et les villes ».
Quand au MSP, il a exprimé « sa
condamnation de ces boucheries qui coïncident avec le centenaire de la
fondation du mouvement sioniste » et s’interroge « quel chiffre de
victimes et de morts doit-on atteindre pour que le gouvernement change
d’attitude vis-à-vis du terrorisme résiduel ». Ce parti a demandé à toute
la classe politique et la société civile « d’ériger un bouclier national
face à cette extermination collective dont est victime une région bien
déterminée du pays.
Afin de stopper la vague des
assassinats, l’ANR a estimé qu’il faudrait au préalable situer et clarifier les
responsabilités de chacun aux différents niveau de l’Etat,
prendre des décisions exceptionnelles et des mesures rigoureuses pour un combat
plus cohérent et déterminé, moins laxiste et plus efficace contre les hordes
barbares ».
Pour sa part, le MDS a vivement
critiqué le pouvoir dans son ensemble en l’accusant de compromission avec
l’intégrisme du fait de ses tractations secrètes avec l’AIS. De leurs cotés, le FFS et le RCD ont demandé la démission du
gouvernement qui n’arrivait plus à concrétiser ses promesses en assurant la
protection de la population.
L’Organisation Nationale des
Moudjahidine relève qu’à chaque fois que le pays fait un pas sur la voie du
redressement pour réaliser les aspirations du peuple Algérien, intervient une
recrudescence des assassinats, du sabotage et de la criminalité.
Par la voix de son Secrétaire
Général, la Coordination Nationale des Enfants de Chouhada,
a demandé au Gouvernement de « réduire son activité pour s’occuper de plus
en plus de la situation sécuritaire qui continue de s’aggraver ».
Le premier responsable de la CNEC a
appelé à une « journée de deuil national » tout en faisant état de
concertation avec les organisations de masse et les partis politiques pour
fixer le jour. Il estime en outre que les assassinats ciblent particulièrement
« des citoyens innocents, surtout les pauvres et les enfants ».