COMMUNICATION- OPINIONS ET POINTS
DE VUE- MAROC/JEUNE AFRIQUE AOÛT 2021
Rupture des relations entre l'Algérie et le Maroc: Jeune Afrique à la merci du Makhzen
© Aps, samedi 28 août 2021
L’hebdomadaire Jeune Afrique est plus que jamais à la
merci du régime marocain, et la rupture des relations entre l’Algérie et le
Maroc a montré comment "le journalisme de connivence" est devenu la
norme chez les responsables du magazine.
Dans son édition du samedi, le quotidien
Le Jeune Indépendant a consacré un long article sur l’un des "serviteurs
des intérêts stratégiques" du Maroc en France, François Soudan, en
l'occurrence, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique et signataire d'un
récent éditorial dans lequel il commentait la rupture des relations
diplomatiques entre Alger et Rabat.
Ce vice-président du groupe éponyme éditeur, s’en est
pris au ministre des Affaire étrangères Ramtane Lamamra. En effet, le titre:
"Ramtane Lamamra,
pompier ou pyromane ?" Ce titre interrogateur est juste une clause de
style pour mieux suggérer soi-disant que M. Lamamra
serait plutôt responsable d’envenimer les relations bilatérales déjà au point
mort. Et François Soudan de s’appliquer par la suite à "décrypter" le
communiqué par lequel le chef de la diplomate
algérienne a annoncé, le 24 août, la rupture des relations diplomatiques avec
le Maroc.
Le Jeune Indépendant observe que le
courtier médiatique du Makhzen s’attarde, d’entrée de jeu, sur la phrase du
communiqué qui dit qu’il est "historiquement et objectivement établi que
le royaume du Maroc n’a jamais cessé de mener des actions hostiles, inamicales
et malveillantes à l’encontre de notre pays et ce, depuis l’indépendance de
l’Algérie".
Pour tenter d'inverser les rôles,
François Soudan souligne que le Maroc pourrait dire la même chose en affirmant
que "ce serait plutôt l’Algérie qui aurait œuvré délibérément à placer la
relation bilatérale dans une nouvelle impasse diplomatique"...
La suite de l’éditorial, François Soudan banalise
notamment l'action entreprise par la représentation marocaine à New York qui a
distribué un document dans lequel elle soutient un prétendu "droit du
peuple kabyle à l'autodétermination". Et il le fait pour mieux mettre sur
le même pied d’égalité le soutien indéfectible et la position constante de
l’Algérie en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.
Alors même que le Premier ministre
marocain s’applique à dire que cette position de son diplomate aux Nations
unies n’est pas celle, officielle, de l’Etat marocain, l’éditorialiste
complaisant de Jeune Afrique s’ingénie pour sa part à mettre sur une balance
équilibrée une question de décolonisation (reconnue comme telle par l’ONU) et
une entreprise de division territoriale de l’Algérie.
Il est allé jusqu'à justifier cette même
position comme étant une réaction logique à ce qu’il a considéré comme étant de
la part de l’Algérie une "réactivation" du conflit du Sahara occidental
à travers les manifestations des Sahraouis à Guerguerat,
théâtre d’une agression marocaine, le 13 novembre dernier, et point de passage
illégal créé par le Maroc vers l’Afrique de l’Ouest.
Le pistoléro médiatique du Makhzen refuse par ailleurs
de voir en la normalisation des relations entre le Maroc et l'entité sioniste
une des raisons essentielles à la base de la décision de rupture des relations
diplomatiques avec le voisin de l’Ouest. Un voisin "enhardi"
notamment par la reconnaissance unilatérale de l’ex président américain de sa
prétendue souveraineté sur le Sahara occidental.
Le zèle déployé par François Soudan
n’est guère étonnant. Pas si surprenant que ça de la part d’un pilier d’une
entreprise de presse qui ne sépare pas toujours publireportages rétribués et
reportages, et qui maîtrise, à la perfection et quand cela arrange ses intérêts
financiers, le journalisme de connivence.
En 2017, suite à la publication d’une
Une du magazine qui a fortement déplu au Palais royal après les attentats
terroristes de Barcelone et de Cambrils, perpétrés
par des terroristes marocains, François Soudan est discrètement allé à Rabat
présenter ses plates excuses au cabinet du roi. Après la parution de cette Une
illustrée par un drapeau marocain dans lequel on pouvait distinguer les visages
des terroristes, avec la mention "born in
Morocco", plusieurs contrats publicitaires avaient été annulés. 200.000
euros pour chaque contrat ! Il a alors supplié le cabinet de les rétablir et a
obtenu gain de cause, selon des publications confidentielles françaises.