RELATIONS
INTERNATIONALES-MAROC- RELATIONS ALGERIE/MAROC/RUPTURE
© Afp, 23 août 2021
Les deux poids lourds du Maghreb, l'Algérie et le
Maroc, entretiennent depuis des décennies des relations difficiles en raison de
l'épineux dossier du Sahara occidental, seul territoire du continent africain
dont le statut post-colonial reste en suspens. Le conflit du Sahara occidental
oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par
l'Algérie, depuis le départ du colonisateur espagnol dans les années 1970.
Rabat, qui contrôle près de 80% du territoire, propose un plan d'autonomie sous
sa souveraineté.
- Rupture : Le 7 mars 1976, Rabat
rompt ses relations diplomatiques avec l'Algérie après la reconnaissance par
Alger de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), autoproclamée par
le Front Polisario. Dès 1963, une "guerre des sables" avait opposé
les deux voisins après plusieurs incidents frontaliers et leurs relations
s'étaient gravement détériorées avec la "Marche verte" de 350.000 Marocains
en direction du Sahara occidental en 1975.
- Accord sur une libre circulation
Le 26 février 1983, le roi Hassan II et le président
algérien Chadli Bendjedid se retrouvent en tête-à-tête à la frontière. En
avril, la libre circulation est rétablie pour les résidents des deux pays et,
en mai, un accord sur la libre circulation progressive des personnes et des
biens ainsi que l'ouverture des lignes aériennes et ferroviaires est signé.
- Reprise des relations
Le 11 juillet 1987, le ministre algérien des Affaires
étrangères rencontre Hassan II. Le 22 novembre, c'est au tour du chef de la
diplomatie marocaine de se rendre à Alger. Le 16 mai 1988, Alger et Rabat
annoncent la reprise de leurs relations diplomatiques. Le 5 juin, leurs
frontières respectives sont officiellement rouvertes. Le 7 juin, Hassan II
effectue sa première visite à Alger depuis 15 ans, où il participe à un sommet
arabe extraordinaire. Début février 1989, la visite du président Bendjedid à Ifrane, la première d'un chef d'Etat algérien au Maroc
depuis 1972, scelle la réconciliation. Un accord est conclu pour un projet de
gazoduc devant relier l'Algérie à l'Europe, à travers le Maroc. En juin 1992,
la promulgation par Rabat de la convention de juin 1972 met fin aux problèmes
frontaliers à l'origine de la "guerre des sables".
- Fermeture des frontières
Mais, le 16 août 1994, les déclarations du président
algérien Liamine Zeroual selon lesquelles il reste en Afrique "un pays
illégalement occupé" -allusion au Sahara occidental- sont très mal perçues
à Rabat. Le 26 août, le Maroc instaure un visa d'entrée pour les Algériens
après l'attaque d'un hôtel de Marrakech où deux touristes espagnols ont été
tués par des islamistes franco-maghrébins. Rabat accuse des services de
sécurité algériens d'être derrière l'attentat. L'Algérie ferme sa frontière
avec le Maroc. Le 25 juillet 1999, le président Abdelaziz Bouteflika assiste
aux obsèques de Hassan II à Rabat. Mais ce début de réconciliation est
brutalement freiné le 15 août après un massacre qui fait 29 morts dans le
sud-ouest algérien. Bouteflika accuse le Maroc de faciliter l'infiltration
d'islamistes armés.
- Léger dégel
En mars 2005, une série de rencontres entre le
président Bouteflika et Mohammed VI marque un "dégel". En juillet
2011, le roi se prononce pour la réouverture des frontières terrestres et une
normalisation des relations. M. Bouteflika affirme quelques mois plus tard sa
volonté d'oeuvrer au "raffermissement" des
relations "au mieux" des intérêts des deux pays. En décembre 2019,
Mohammed VI appelle à ouvrir une "nouvelle page" dans un message de
félicitations au nouveau président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Normalisation Israël-Maroc
En décembre 2020, l'Algérie dénonce des "manoeuvres étrangères" visant à la déstabiliser et pointe
du doigt Israël après la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté
du Maroc sur le Sahara occidental, en contrepartie d'une normalisation des
relations de Rabat avec l'Etat hébreu. "Le conflit du Sahara occidental
est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu'à travers
l'application du droit international", réaffirme Alger.
- Nouvelles tensions
Le 18 juillet 2021, Alger rappelle son ambassadeur à
Rabat pour "consultations". Un diplomate marocain a exprimé son
soutien au séparatisme kabyle, en réaction à l'appui apporté par Alger aux
indépendantistes sahraouis. Une ligne rouge pour Alger qui s'oppose à toute
velléité indépendantiste de la Kabylie, région berbérophone du nord-est de
l'Algérie. Le 31 juillet, à l'occasion de la fête du Trône, Mohammed VI déplore
les "tensions" avec l'Algérie, réitérant son appel à rouvrir les
frontières terrestres. Le 18 août, Alger annonce "revoir" ses
relations avec le Maroc, accusé d'être impliqué dans les incendies meurtriers
qui ont ravagé le nord du pays. -
Nouvelle rupture
Le 24 août 2021, le ministre algérien des Affaires
étrangères annonce la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, en
raison "d'actions hostiles" du royaume………………………………………………………………..
Chronologie des relations
tumultueuses
-©
Liberté, mercredi 25 août 2021
1963, l’armée marocaine envahit l’Algérie et provoque la guerre
des Sables.
7 mars 1976, Rabat
rompt ses relations diplomatiques avec l'Algérie après la reconnaissance par
Alger de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
26 février 1983, le
roi Hassan II et le président Chadli Bendjedid se retrouvent en tête-à-tête à
la frontière. En avril, la libre circulation est rétablie pour les résidents
des deux pays. Un accord sur la libre circulation progressive des personnes et
des biens ainsi que l'ouverture des lignes aérienne et ferroviaire est
signé.
11 juillet 1987, le
ministre algérien des Affaires étrangères rencontre Hassan II.
22 novembre, c'est
au tour du chef de la diplomatie marocaine de se rendre à Alger.
16 mai 1988, Alger et
Rabat annoncent la reprise de leurs relations diplomatiques.
5 juin, leurs
frontières respectives sont officiellement rouvertes.
7 juin 1988, Hassan II
effectue sa première visite à Alger depuis 15 ans, où il participe à un sommet
arabe extraordinaire.
Février 1989, la visite
du président Bendjedid à Ifrane, la première d'un
chef d'Etat algérien au Maroc depuis 1972, scelle la réconciliation. Un accord est conclu pour un projet de gazoduc devant
relier l'Algérie à l'Europe, à travers le Maroc.
26 août 1994, le
Maroc instaure un visa d'entrée pour les Algériens après l'attaque d'un hôtel
de Marrakech où deux touristes espagnols ont été tués par des islamistes
franco-maghrébins. Rabat accuse des services de sécurité algériens d'être
derrière l'attentat. L'Algérie ferme sa frontière avec le Maroc.
12 décembre 2020, le
Maroc rétablit ses relations avec Israël.
Juillet 2021, le
représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies diffuse un document
officiel dans lequel il appelle les pays des non-alignés à “soutenir le peuple
kabyle pour son autodétermination”. Alger rappelle son ambassadeur à Rabat pour
“consultations” et demande des explications au Maroc.
Juillet 2021, un vaste
scandale d’espionnage opéré par le Maroc ciblant notamment plus de six mille
Algériens dont de nombreux hauts responsables politiques et militaires est
révélé par un consortium de journaux internationaux.
Août 2021, le
ministre des Affaires étrangères israélien attaque l’Algérie à partir du Maroc
lors d’une conférence de presse et en présence de son homologue marocain Nacer Bourita.