RELATIONS INTERNATIONALES- BIBLIOTHEQUE
D’ALMANACH- ESSAI CHÉRIF CHIKHI-« DIPLOMATIE ET
MEDIAS »
Diplomatie et médias. Essai de Chérif Chikhi.Editions Dahlab, Alger
2020, 149 pages, 1000 dinars
La communication
diplomatique, c’est évident , joue un rôle très
important dans la gestion et l’évolution des relations internationales. Et ce,
depuis la nuit des
temps.De nos jours, partout à travers le monde
développé, on a su promouvoir les
voies, moyens et techniques d’information, pour bien d’entre-elles très
originales, et maîtriser les outils dont les organes de presse classiques…..et
les hommes, des journalistes y compris .C’est ce qui a fait que, très tôt,
l’enseignement des Sciences politiques
(et de l’Administration) a fait jonction avec celui du Journalisme et des sciences de la Communication et l’Information. (note : j’ai eu
l’honneur d’animer ,durant quelques
années, en section Diplomatie/Ena , une Conférence de
méthode , la seule à l’époque je crois, sur
le « nouvel ordre international de l’Information »)
Chez nous, en Algérie,
nous nous sommes retrouvés « coinçés » dans
les filières traditionnelles, la pratique de la diplomatie étant devenue une
sorte de « chasse gardée » . Après la
première grande vague des « anciens » de la guerre de libération
nationale suivie des « vaguelettes »
des protégés du « système », nommés pour la plupart en guise
de « récompense » ou
«d’éloignement », est venu le
temps des lauréats de l’Ena, section Diplomatie (surtout, bien qu’il y ait eu
quelques « intrus » dont d’anciens de la presse : Benmehal (Aps) , M. Mili (El
Moudjahid-hebdo, Aps et Mic),
Zerouala, Baba
Ali (Aps et Mic), Achache M’hand (si !si !), A. Bensalah
(si !si !), Antar Daoud (Télé) ,Belkacem Madani (Aps),
Aziz Sbâa (Horizons…)…..
Cela ne veut aucunement
dire que le pays n’a pas connu de grands diplomates, devenus experts en
communication : durant la guerre , bien après et
aujourd’hui. La création , par le Mae , de l’Idri (après la mise entre parenthèses de la section
Diplomatie à l’Ena) a, certainement ,aidé à mieux appréhender la problématique de la com’diplomatique , à mieux connaître les ressorts de la
com’ internationale (et nationale) et ce, grâce à l’enseignement par des
anciens. C’est ce que je crois avoir saisi en parcourant l’ouvrage de Chérif Chikhi.
A travers moult exemples
de terrain, il a su démonter le mécanisme de la communication diplomatique
internationale (les lobbies, la désinformation,la
propagande, les mensonges, les falsifications, le tripotage d’images, la
« twiplomatie », la diplomatie digitale,
les campagnes d’intoxication….le tout avec des exemples précis à l’appui ) , bien que ne s’attardant pas assez ou pas du
tout sur l’organisation et les ressorts de la communication diplomatique
nationale…….produite par l’ Algérie .On
aurait mieux apprécié les « gaps » à combler…..dont le plus
important, développé surtout durant les années 2000-2020, celui du journaliste algérien totalement « méprisé »
et celui des organes soumis (quand ils ne se sont pas totalement écartés) aux caprices et humeurs du grand et unique « Réd Chef ». Ainsi que de certains responsables (pas
tous, heureusement) passant bien plus leur temps à donner des « leçons de
journalisme » et des « communiqués » à publier in-extenso que
des infos structurées, à exploiter librement et non pas seulement à diffuser telles
quelles.
L’Auteur :Diplômé de l’Ena, section Diplomatie. Fonctionnaire au Mae, puis ayant
exercé auprès de plusieurs ambassades algériennes à l’étranger.Ambassadeur
d’Algérie en Ukraine, au Vietnam….et enseignant à l’Idri
(Alger).
Extraits : « Les bons journalistes sont
ceux qui sont un peu historiens, qui ont le sens du temps qui comprennent que
dans le présent il y a une histoire aussi, il y a un passé.Et puis, il faut aussi être un peu sociologue,
connaître les sociétés, leur démographie, leur culture, leurs
particularités…Ensuite , il y a des tours de main (note : les
« ficelles ») , pour le journalisme comme pour n’importe quel métier,
il y a une habileté , il y a une technique…. » (p
41), « Pour les diplomates, la fuite calculée peut servir à faire avancer
une cause ou à déstabiliser des adversaires car ils savent pertinemment que les
médias, donc les journalistes influencent les opinions publiques « (p 66)
Avis : Ouvrage destiné beaucoup plus aux étudiants, futurs
diplomates (Td) qu’aux diplomates eux-mêmes, le sujet étant peu attirant pour
le commun des citoyens, bien que préoccupant.Texte
bien « amené » et très riche en informations….. mais
livré en vrac….. au « kilomètre » et d’un
seul tenant. Quelques photos.
Citations : « Le choix des mots est,
assurément, précieux dans la communication diplomatique » (p 9), « La
parole, jure-t-on, est comparable à l’eau. Une fois versée par terre on ne peut
plus la ramasser » (p31), « Le mensonge ou la fourberie tendent à
éloigner la confiance alors que l’habileté diplomatique consiste, plutôt, à
l’inspirer » (p 35)