COMMUNICATION-
FORMATION CONTINUE- « AUTO-CENSURE » AUDIOVISUEL
© Par Ahmed Cheniki,fb, 30 juillet 2021
Universitaire
et ancien journaliste
Le dernier
communiqué de l’ARAV (Autorité de régulation de l’audiovisuel)
, fin juillet 2021, est étrange, donnant à lire une manière singulière
de faire du journalisme.
Ainsi, il
est demandé d’« éviter de se concentrer excessivement
sur les nouvelles négatives et les histoires tragiques liées à la contamination
au Covid-19 ».
Pour l’ARAV,
la fonction du journaliste serait de rédiger des récits à l’eau de rose, type
Harlequin, "mentir" par omission, alors que les gens sont informés, à
longueur de vidéo, par les médecins des hôpitaux via les réseaux sociaux qui,
malgré la présence de fausses informations comme d’ailleurs dans les médias
traditionnels, permettent de pallier l’absence d’une information sérieuse,
absente des espaces conventionnels. Les gens arrivent de plus en plus à faire
le tri entre la "bonne" et la "mauvaise" "info"
dans ce grand déversoir que sont les réseaux sociaux.
La fonction
du journaliste est d’apporter une information vérifiée, juste, « neutre »,
privilégiant le langage de la « vérité ». Je viens d’apprendre aussi dans ce
communiqué l’existence d’un nouveau genre de journalisme, « un journalisme de
solutions », comme si on demandait au journaliste de se transformer en médecin,
alors que son rôle est d’apporter une information dont les sources sont interrogées,
vérifiées pour ne pas tomber dans le piège de la fausseté.
C’est en
apportant une information vraie, vérifiée qu’on aide le pays et les gens à
prendre leurs responsabilités. Je sais que dans la presse écrite, il y a
souvent des entretiens de professeurs de médecine et d’autres spécialités et
des articles évoquant le virus et les conditions de son évolution. Je ne sais
pas si les télés gouvernementales et de droit étranger font la même chose.
C’est le fait de ne pas fournir une information juste, partiale et partielle,
pour user d’euphémismes, qu’on risque d’aggraver les choses, donnant
l’impression que tout est sous contrôle.
Il faut le
souligner, les attitudes courageuses et hautement professionnelles des
médecins, en informant et en sensibilisant la population et l’engagement
pratique des associations et de simples citoyens d’ici et de l’étranger,
notamment pour ce qui est de quêtes pour l’achat de l’oxygène ont permis aux
gens d’espérer tout en portant désormais les masques et en allant se faire vacciner
en grand nombre.
Cet appel à
la censure est contre-productif. Ce que l’ARAV semble oublier, c’est que le
monde se trouve aujourd’hui en 2021, l’information n’est plus réductible à des
mots d’ordres surtout avec l’émergence des réseaux sociaux et les progrès de la
scolarisation. L'ARAV semble vouloir porter les oripeaux du rédacteur en chef
dépassant apparemment l'espace de la régulation.