HISTOIRE- PERSONNALITES- MOHAMMED BEN ABDELKRIM
AL KHATTABI (RIF/MAROC) (I/II)
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et de Naqd (Aps)/juillet
2021
Mohammed ben Abdelkrim Al-Khattabi (en rifain : Muḥend
n Ɛabdelkrim Axeṭṭab –
ⵎⵓⵃⵏⴷ ⵏ ⵄⴰⴱⴷⵍⴽⵔⵉⵎ ⴰⵅⵟⵟⴰⴱ ; arabe : محمد بن
عبد الكريم
الخطابي), né vers 1882 à Ajdir au Maroc et
mort le 6 février 1963 au Caire, en Égypte, est le chef d'un mouvement de résistance contre
la France et l'Espagne lors
de la guerre du Rif. Président de la république du Rif de
1921 à 1926, il est devenu une icône des mouvements indépendantistes luttant
contre le colonialisme. Il est connu sous le
nom Emir Abdelkrim2 ou Abdelkrim en Occident, Abdekrim El-Khattabi au
Maroc ou encore Moulay Mohand5 chez les Rifains.
Fils d'un cadi du clan des Aït Youssef Ou Ali de la tribu des Aït Ouariaghel, Mohamed ben
Abdelkrim el-Khattabi est instruit dans des zaouïas traditionnelles
et des écoles espagnoles, puis à l'université de Quaraouiyine à Fès,
avant de passer trois ans en Espagne où il étudie le droit à
l'université de Salamanque. Entre 1908 et 1915 il
est journaliste au quotidien de Melilla Le Télégramme du Rif,
où il préconise la coopération avec les Européens afin de libérer la oumma du
sous-développement.
Il entre dans l'administration espagnole et est nommé cadi de Melilla
en 1915. Il commence alors à s'opposer à la domination espagnole,
et est emprisonné du 7 septembre 1915 au début d'août 1916 pour
avoir dit que l'Espagne ne devrait pas s'étendre au-delà des territoires déjà
occupés (ce qui en pratique excluait la plupart des zones incontrôlées du Rif).
Peu après avoir été libéré, il se démet de ses fonctions de cadi
en décembre 1918, revient à Ajdir en 1919 et,
avec son frère, commence à unir les tribus du Rif dans une République du Rif indépendante,
s'efforçant d'apaiser leurs inimitiés. Dans cette optique de réunification des
tribus du Rif, il épousera Taymount Boujibar de la Tribu des Aith wayaghel. Son beau frère Ahmed Boujibar lieutenant de l'armée rifaine sera exilé à El Jadida.La fille de Abeldkrim el khettabi épousera Mustafa Boujibar.
En 1921, dans leurs efforts pour détruire la puissance de Raisuni, un
brigand local, les troupes espagnoles approchent des secteurs inoccupés du Rif.
Abdelkrim envoie à leur général, Manuel Fernández Silvestre, un avertissement : s'ils
franchissent le fleuve Amekrane (oued), il le
considèrerait comme un acte de guerre. Fernández Silvestre aurait ri en prenant
connaissance du message. Le général installe dans la région de Temsamane un
poste militaire juste après l'oued Amekrane, plus
précisément au Mont Abarrán (Dhar
Obaran). Le jour même, au milieu de l'après-midi,
mille Rifains l'encerclent : 179 militaires espagnols sont tués, forçant
le reste à la retraite.
La retraite effectuée sans préparation se transforme en débandade au cours
de laquelle les Espagnols perdent près de 16 000 hommes. Connue sous
le nom de bataille d'Anoual, il
s'agit d'un tournant dans la guerre du Rif7. Abdelkrim met la main sur 150 canons,
25 000 fusils, des munitions et des véhicules. En plus des morts et
des blessés (environ 25 000), Abdelkrim fait des prisonniers par
centaines. Depuis la bataille d'Adoua (Éthiopie) en 1896, il s'agit de la
première défaite d'une puissance coloniale européenne, disposant d'une armée
moderne et bien équipée, devant des résistants sans ressources, sans organisation,
sans logistique ni intendance. La victoire d'Anoual a un retentissement dans le
monde entier, d'un point de vue psychologique et politique, car elle montre
qu'avec des effectifs réduits, un armement léger, et une importante mobilité, il est possible de vaincre des armées
classiques.
Fort de son succès, Abdelkrim proclame,
en 1922, la République confédérée des Tribus du
Rif. Cette république a un impact crucial sur l'opinion
internationale, car c'est la première république issue d'une guerre de décolonisation au xxe siècle. Il crée un parlement constitué des chefs
de tribus qui élit un gouvernement. Imprégné des idéaux de progrès et de républicanisme, Abdelkrim promulgue des réformes modernes.
Considérant par ailleurs le cannabis comme haram, il est « le seul à avoir presque réussi à interdire
[sa] production », traditionnelle dans le Rif depuis le viie siècle.
En 1924,
l'Espagne retire ses troupes dans ses possessions le long de la côte marocaine.
La France, qui a des prétentions sur le Rif méridional, se rend compte que
laisser une autre puissance coloniale se faire vaincre en Afrique du Nord par des indigènes créerait un
dangereux précédent pour ses propres territoires, et entre dans le conflit.
Tentant de joindre toutes les forces vives marocaines pour constituer le noyau
d'un mouvement de libération marocain préalable à un vaste mouvement de
décolonisation, Abdelkrim demande au sultan Moulay Youssef de rallier sa cause. Mais celui-ci, sous
l'influence de la résidence générale française à Rabat,
refuse de lutter contre les puissances coloniales. Dès lors, jugeant le sultan
illégitime, Abdelkrim se proclame commandeur des croyants