CULTURE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- POÈMES M’HAMED
AOUNE- « AVANT ET APRES LE SÉISME »
La publication de ce recueil de
poésie à titre posthume n’est pas seulement une forme de reconnaissance à une
personne qui a marqué la scène culturelle, mais un devoir de mémoire pour
lutter contre l’oubli.
Décédé le 10 juillet 2018 à Médéa, le poète M’hamed
Aoune a laissé un trésor inestimable à sa progéniture
: pas moins de 500 poèmes, écrits durant les années 2000. Après un travail de
longue haleine, son fils a répondu au vœu du poète qui “souhaitait de son
vivant”, publier ses écrits. À cet effet, pour lui rendre hommage à titre
posthume et commémorer ainsi le 3e anniversaire de sa disparition, un recueil
de poésie intitulé “Avant et après le séisme” vient de paraître aux éditions Assala (Alger). Pour rappel, M’hamed
Aoune surnommé “Khaldoune”
(nom de guerre) a commencé l’écriture, à l’aube de la Révolution nationale. Il
a publié ses premiers poèmes dans plusieurs revues dont Affrontements, qui
appartenait à une organisation ouvrière, qui soutenait l’indépendance de
l’Algérie. Une expérience qui lui a permis d'être connu par le public.
Par la suite, les publications s'enchaînent, notamment dans la revue
Courrier de la Méditerranée, qui proposait des réflexions d’auteurs des deux
rives. Après l’indépendance du pays, il écrit dans les colonnes de plusieurs
journaux et revues comme El Moudjahid, El-Djeich, Le
Chroniqueur… à travers lesquels il se fait connaître par un large lectorat. À
propos de son style et de son univers, le doyen des écrivains algériens Kaddour M’hamsadji avait indiqué
dans une chronique parue en 2016, que le style de Aoune
“bouillonne de vigueur, de symboles et souvent d’un sens hermétique
impressionnant, difficile à saisir pour les non-initiés et les noircisseurs de
papier.
Quoi qu’il en soit, une poésie audacieuse y est constante dans l’œuvre de
M’hamed Aoune et se
développe en spirales étourdissantes de lyrisme abstrait”. Comme en a témoigné Kaddour M'hamsadji, le poète M'hamed Aoune “n’a jamais demandé
de l’aide” pour éditer une de ses œuvres ni essayé de “pousser” quiconque à le
faire connaître ! Mais aujourd’hui, tout un recueil lui est consacré grâce à la
volonté de son fils et de sa famille, et ce, pour avoir pris soin du legs dans
un monde où il n'y a que peu de place à la poésie. L'on rappelle que M'hamed Aoune est né en 1927 à Aïn Bessem.
Il suit ses études à Aumale (Sour El-Ghozlane)
qu’il interrompt en 1944 pour se livrer à des activités politiques, et ce, en
militant dans le mouvement du Manifeste algérien. Il intègre ensuite des
organisations clandestines le PPA et le MTLD entre autres. Poursuivi par la
police française, il fuit vers la Tunisie où il s'inscrit à la Zeïtouna de Tunis pour apprendre les rudiments de la langue
arabe. En 1951, il embarque vers la Métropole où il trouve un emploi dans un
foyer estudiantin, tout en mettant à profit son séjour pour suivre les cours
dispensés par Albert Memmi et ceux de Jacques Berque, alors professeurs au
Collège de France.
Aoune se met à l’apprentissage de la littérature, et s'intéresse à toutes les
formes de connaissances se rapportant à l’art et à la culture. Il prend part à
la création de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema) en France aux côtés de Taleb Ibrahimi,
Mostefa Lacheraf, docteur Amir et tant d’autres. M’hamed Aoune laisse des poèmes
épars, lui qui disait toujours que seule la poésie permet de “mieux habiter la
terre”. La publication de cet ouvrage à titre posthume, n’est pas seulement une
forme de reconnaissance à une personne qui a marqué la scène culturelle, mais
aussi un devoir de mémoire pour lutter contre l’oubli.