ENVIRONNEMENT – FAUNE- CIGOGNE
©Kamel
Bouslama, El Moudjahid, 7/7 /2021
En Algérie, la cigogne est entourée
d'un mythe intelligent destiné à la protéger. Nos aïeux la qualifiaient de
saint ou de marabout, du temps où les croyances populaires étaient si bien
ancrées dans les mentalités. Dès lors, tuer une cigogne était pour eux un grand
péché (sacrilège ?) dans la mesure où cet oiseau était considéré comme sacré, à
l’instar de la vache en Inde… A bien observer cet échassier, on ne peut que
donner entièrement raison à nos ancêtres, qui ont entretenu ce mythe pour le
préserver des prédateurs et des braconniers. Cet oiseau migrateur est en effet
d’une importante utilité pour l’agriculture, particulièrement pour les
céréales.
La cigogne arrive généralement en saison chaude pour nidifier sur les lieux
habituels tels que les sommets de minarets de mosquées ou les cimes des
peupliers. Avec l’éclosion des semences, elle commence aussitôt son travail de
nettoyage de tous les parasites nuisibles aux semences en germes tels la chenille, la sauterelle locale, le lézard et toute
une multitude d’autres espèces d’insectes qui se nourrissent des germes de
céréales.
Un oiseau à maints égards utile, qui
doit être protégé par des lois sévères
A leur maturité, les épis de blé,
d’orge, d’avoine, de fèves, etc. font les frais de prédateurs voraces que sont
les rats, mulots... A son tour, la cigogne se nourrit de ces bêtes qu’elle
chasse sans répit du matin au soir. Non seulement elle en ingurgite plus d’un
kilo par jour, mais elle nourrit aussi sa nichée de cigogneaux. La cigogne est
aussi friande de scorpions et de serpents dont elle réduit sensiblement le
nombre et les piqûres provenant de ces deux espèces. Aussi bizarre que cela
puisse paraître, cet oiseau ne touche jamais aux épis de céréales encore
debout. Elle se contente seulement de ramasser ceux tombés à terre et
abandonnés par les moissonneurs. En allant se désaltérer, cet échassier ne se
contente pas seulement de boire, il procède aussi au nettoyage des sources et
cours d’eau en les débarrassant des asticots, des grenouilles, des limaces et
de toutes sortes de vers. Voilà un oiseau à maints égards utile, qui doit être
protégé par des lois sévères.
La cigogne blanche («Ciconia-Ciconia»)
C'est l'un des plus grands échassiers
d'Algérie. Elle est reconnaissable à son long bec, à ses pattes rouges, à son
grand cou, à sa queue brève et à son plumage blanc et noir. Son allure est
imposante. Sa taille est de 102 cm en moyenne. La cigogne blanche vit dans les
campagnes cultivées et dans les prairies humides. Elle niche sur les maisons,
dans les tours ou sur les grands arbres. Cette espèce a connu une évolution
progressive, puisque les effectifs sont passés de 1.375 couples en 1993 à 3.500
couples en 2000. La concentration de cet échassier est très importante au
niveau du Tell où 75% de la population se situent dans l'est du pays.
La région de nidification la plus méridionale se situe à Béchar. Les cigognes
sont généralement silencieuses, mais sifflent quand elles sont importunées. La
cigogne repose son long bec sur le cou, adoptant une attitude très curieuse
pour dormir. Elle se repose la nuit sur quelques perchoirs élevés, et se
nourrit de reptiles, grenouilles et insectes.
La cigogne noire («Ciconia nigra»)
Considérée comme visiteur de
passage, la cigogne noire diffère de la blanche par son plumage noir, à
l’exception de son ventre qui est blanc. Dans leur jeune âge, ces cigognes sont
plus brunes que noires, notamment sur la tête et le cou. Leur taille est de 97
cm en moyenne.
En période de migration, elles fréquentent les lieux dégagés et nichent sur les
arbres ou sur les rochers. Le récent accroissement des effectifs nicheurs
européens augmente les chances d’observation, surtout dans les zones humides du
nord-ouest. Des individus traversent l’Algérie par son extrême ouest (Tindouf)
pour aller hiverner en Afrique tropicale. Cet échassier se nourrit dans les
marais des contrées boisées. Il est moins sociable que la cigogne blanche, mais
plus bruyant.
Pour tout dire, parmi les animaux, les oiseaux et même les insectes utiles,
nous avons quelques précieux auxiliaires - la cigogne en est une illustration
parfaite - qui nous aident à protéger les récoltes. Il faut bien les connaître
et, autant que faire se peut, en favoriser la protection, à défaut de la
multiplication.