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Roman Mouloud Achour - "En souvenir de l'étrangère"

Date de création: 07-07-2021 11:59
Dernière mise à jour: 07-07-2021 11:59
Lu: 1088 fois


POPULATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN MOULOUD ACHOUR- « EN SOUVENIR DE L’ÉTRANGÈRE »

En souvenir de l’étrangère. Roman de Mouloud Achour. Casbah Editions, Alger 2021, 221 pages, 850 dinars

L’Histoire d’une famille de Tangart  ….sans histoires !Celle des Saad Fatah. Six frères. Une famille qui d’origine  paysanne a conquis la ville (en fait un village, Ain Meziada) et a acquis ,grâce à une solidarité sans faille et un dur labeur , une immense fortune faisant d’elle, déjà l’époque coloniale, une entité enviée , et jalousée car puissante.

De la terre….en montagne, gérée par l’aîné (Mansour, l’aîné des enfants du Fondateur)  mais de la terre qui ,bien travaillée, rapporte gros. Des usines, la plus belle maison , des magasins, des commerces florissants,  une usine et,  surtout, pas trop de vagues. Du moins en apparence.

Les vagues vont venir de l’intérieur même de la famille .Fortune faite, la belle demeure « citadine » va devenir  trop étroite pour une famille qui s’agrandit vite  et, surtout, déchirée par des intérêts matériels  divergents :le décès de la grand-mère, Yamina,  des enfants , des belles familles (dont l’une d’ascendance turco-algérienne) qui s’incrustent, les belles-sœurs  qui ne s’entendent pas …..

La rupture ne tarde pas à venir. On se sépare …..devant les tribunaux .Seul Rahim,  « Tête d’Ange », un neveu (de la ville) , instruit, continue à rendre visite  à son grand oncle de la montagne. Plus tard , octogénaire, il racontera la saga d’une grande famille qui, très soudée durant les grands moments de labeur et de sacrifices, éclatera….de l’intérieur. Une saga à multiplier par cent, par mille , avec une société qui n’est pas arrivée à s’adapter rapidement à l’évolution économique et matérielle de son environnement et qui a débouché , avec l’arrivée de générations se sentant moins concernées par les traditions, les us et coutumes….et l’indivision, sur son « éclatement » ; la réconciliation venant toujours top tard……le jour des enterrements.

 

L’Auteur : Né à Tamazirt , du côté de Larba Nath Iraten ,en  1944, Mouloud Achour est ,en 2020, chargé d’édition (Casbah éditions) . Etudes de droit interrompues au bout de deux années (Université d’Alger), diplômé de l’Ecole normale supérieure , enseignant  puis journaliste (il avait  « lancé » et animé longtemps les pages culturelles du  quotidien public « El Moudjahid » ) et directeur de rédaction de journaux...et, aussi, un bref passage dans la haute administration comme chef de cabinet de Aboubekr Belkaid, alors ministre de la Communication. Plusieurs ouvrages à son actif dont le premier en 1971 .Décédé jeudi 24 décembre 2020.

Extraits : « L’argent est fait pour être dépensé, l’important étant qu’on en gagnât assez » (p 58), « La terre ne peut compter sur personne d’autre que celui qui l’a acquise à la sueur de son front et qui la traite comme son enfant » (p168), « Lorsqu’arrive l’instant fatidique où l’amour doit s’incliner, toute la sémantique à laquelle il a donné naissance devient dérisoire. Et la vie serait si facile si l’amour s’éteignait du seul fait de la volonté partagée des amants d’y mettre le point final » (pp 184-185)

Avis :Un roman bienveillant et d’une intelligente sagesse…à l’image de son auteur. Une critique cependant : il n’est pas sûr que « ce qui provoque l’effondrement des édifices les plus solides….est à chercher dans le comportement des femmes » (p87) .Très belle couverture illustrée d’un tableau de Djamil Amhis (mosaiste)

Citations « La ville , si l’on n’y prend garde, peut dévorer les plus valeureux, dévoyer les plus sages et causer en définitive plus de torts qu’elle ne peut procurer d’avantages »  (p53), « Tout en haut de l’arbre, certaines branches sont d’un accès périlleux. Trop éloignées des racines pour qu’on s’y sente en sécurité » (p 86)