AGRICULTURE- FORÊT- INCENDIES/ BILAN DGF DÉBUT 2021
Comme le reste des pays du pourtour
méditerranéen, l’Algérie subit de plein fouet les effets du changement
climatique et vit une sécheresse inquiétante qui affecte directement son
domaine forestier chaque année. Avec l’arrivée de la saison estivale et des
fortes chaleurs, le risque d’incendies ravageurs augmente.
Depuis le 1er juin 2021 à la fin du mois
, l’Algérie a enregistré 120 départs de feu qui ont consumé 450 ha de
couvert végétal et forestier, selon le premier bilan dressé par la Direction
générale des forêts (DGF), alors que la saison des grandes chaleurs vient à
peine de démarrer, marquée par une forte sécheresse pour la troisième année
consécutive.
Sétif arrive en tête des wilayas touchées par ces
incendies qui ont ravagé 98 ha de forêt, suivie de Béjaïa avec 75 ha d’espace
forestier perdus, et Tébessa avec 51 ha, dont 30 ha d’alfa, selon la même
source. Bouira et Tizi Ouzou clôturent cette triste comptabilité des feux de
forêt avec respectivement 43 et 27 ha perdus.
Ce premier bilan représente une moyenne de 4 départs
de feu de forêt par jour et 3,7 ha de pertes par foyer d’incendie, selon la
DGF. Si des moyens supplémentaires ont été octroyés aux différents services
pour lutter efficacement contre ces incendies, que ce soit pour la DGF ou pour
la Protection civile, la lutte en amont semble poser un sérieux problème. Du
moins, c’est ce que pense l’expert en risques majeurs Abdelkrim Chelghoum, joint par téléphone.
“Depuis vingt ans, nous perdons une moyenne annuelle
de 35 000 et 40 000 ha de forêt dans les incendies”, rappelle le professeur Chelghoum, qui n’omet pas de signaler que “c’est tout le
relief méditerranéen qui est exposé à ce problème”. “Mais le gros problème qui
se pose dans la lutte contre les feux de forêt réside dans les mesures
préventives qui demeurent insuffisantes”, explique M. Chelghoum,
qui critique la “gestion bureaucratique des feux de forêt” de la part des
autorités. “On gère la catastrophe, on ne la prévient pas”, lâche-t-il, tout en ajoutant : “On ne gère pas un risque majeur comme
on gère une élection.” Et d’expliquer que “les responsables concernés sont
calfeutrés dans leurs méthodes de lutte et bureaucratiquement formatés”. Mais
l’expert ne reste pas dans la critique.
Il préconise une autre démarche ou stratégie capable
d’inverser la tendance et de réduire les pertes jusqu’à 90% par rapport à la
moyenne annuelle actuelle. “Nous n’avons jamais eu un modèle numérique qui nous
permette de disposer d’une cartographie exacte de nos massifs forestiers et de
déterminer aussi la signature de chaque espèce d’arbre pour voir le taux
d’inflammabilité de chaque parcelle à travers tout le pays”, regrette-t-il,
suggérant un “aménagement urbanistique des espaces forestiers afin de faciliter
l’accès aux sapeurs-pompiers lors de leurs interventions”.
Aussi, l’expert en risques majeurs note l’insuffisance
des “points d’eau” dans l’espace forestier, mettant l’accent sur le fait que
les ravages subis par les forêts ont un impact direct sur les barrages d’eau,
dont une partie est envasée, dans un contexte de stress hydrique en
augmentation. “Il faut utiliser également les moyens de télédétection pour
anticiper les incendies”, ajoute M. Chelghoum,
mettant l’accent sur le travail de sensibilisation qui, selon lui, doit être
permanent et à tous les niveaux.
Autrement dit, “il faut penser à créer carrément un
module d’enseignement à l’école et à l’université pour sensibiliser sur les
feux de forêt, utiliser les médias (audiovisuels et presse écrite) pour alerter
en permanence contre ce problème”, recommande-t-il, regrettant encore le fait
que “rien n’est fait à ce niveau”.
Superficie totale du patrimoine forestier :4,1 MILLIONS
D’HECTARES.
Couvert forestier :1,42 MILLION D’HECTARES DE FORÊT.
Maquis :2,41 MILLIONS D’HECTARES
Jeunes reboisements :PLUS DE 280 000 HECTARES.
Pin d’alep :69% DE LA SUPERFICIE TOTALE.
Chêne-liège :21%.
Terres à vocation forestière :1 MILLION D’HECTARESDONT L’INTÉGRATION AU
DOMAINE FORESTIEREST EN COURS.