EDUCATION-
PERSONNALITES - HADJ MILIANI
Né à Oran, le 21 mars 1951, décédé le vendredi 2
juillet 2021, Hadj est d'abord un intellectuel actif sur les territoires des
cultures populaires, depuis les années 60 et 70 où il militait pour le théâtre
populaire notamment au Petit-Théâtre (au Plateau Saint Michel) et au TRO auprès
de feu Abdelkader Alloula (alors directeur), puis le
cinéma avec
la création des ciné-pop - à la Cinémathèque
d'Oran et avec entre autres Abderrahmane Lellou, feu
Farid Moughlam, Yahia Belaskri,
Bouziane Daoudi, Ghanem Bouha,
Salah Ziad, les Talahite Fatiha et Nedjma, les Hakiki Fawzi et
Djamel), et Slimane Hadj Brahim ainsi que Hafid Gafaïti
- avec lesquelles il créera la première revue oranaise de poésie : «Voix
multiples» - des ciné-pop dans les quartiers d'Oran : Hamri, Sidi El Houari,
Saint-Eugène notamment ;
et les villages environnants.
Et dès le début des années 80, il s'est lancé
dans l'organisation des festivals de Raï dont le premier en 1981, en se
penchant sur la culture orale et nos poètes du terroir, relégués déjà à l'oubli
avec la marche forcée de l'arabisation tous azimuts; il ne sera pas étonnant
que le monde oranais du Raï le pleure, aujourd'hui, car il connaissait
intimement tous nos artistes : de Khaled à Zehouania
en passant par Cheb Mami et Fadela ou Sahraoui (qu'il a eu comme élève de
Terminale).
Il est connu de tous comme : Professeur de
littérature à l'Université de Mostaganem et chercheur associé au CRASC (Oran),
après avoir enseigné à l'Université d'Es Sènia où il
avait fait l'essentiel de ses études en passant par le lycée Ibn Badis. Lycée
qui, à la surprise à tous, il avait quitté en Première...pour aller faire son
service national, passant ainsi l'année d'après son baccalauréat en candidat
libre, obtenu avec mention (en littérature). C'est dire combien, jeune, à peine
sorti de l'adolescence, sa détermination et sa volonté étaient puissantes.
Pour celles et ceux, qui comme moi l'ont connu
depuis toujours, Hadj est avant tout un homme à principes avec des convictions
fortes mais sans dogmatisme d'aucune sorte. Toujours ouvert aux débats, il
était l'un des rares intellectuels à se positionner sur le champ politique sans
jamais être «encarté», n'appartenant à aucun parti
(d'opposition bien-sûr : PRS, FFS, MDA ou autres). La militance était et est,
pour lui, celle du terrain, au plus près des citoyens qu'on se devait de servir
et non se servir, manipuler comme des «sujets sans
conscience» les amenant à la «prise de conscience». Ce messianisme qu'au fond
tous les partis politiques adoptent, n'était pas sa tasse de thé ; bien au
contraire, c'est peut-être sa profonde répulsion de ce système de pensée qui, à
mon sens, le caractérise le plus.
Car Hadj, fils de docker (à l'époque coloniale)
- mais «contremaître» après, aimait-il dire - est d'abord et avant tout un
enfant du peuple qui, très tôt (lycéen) s'est intéressé au mouvement ouvrier,
aux grèves et au syndicalisme ; puis (étudiant) s'est impliqué, corps et âme,
dans les luttes féminines (en créant notamment le groupe de recherche au CDSH
(aujourd'hui CRIDSH, dirigé alors par feu Abdelkader Djeghloul)
sur la «condition féminine» ... alors que nous - entre autres Hocine Benkheira, Houari Touati, Sami Naïr,
etc. - étions encore ancrés dans l'autre Groupe de recherche) : «le fait
ouvrier» ! Le reste de sa biographie (succincte) est mentionné ci-dessous,
Mais de Hadj chacun gardera l'image de cet homme
intègre, fidèle à lui-même et à ses amis, chaleureux, toujours engagé. Il n'est
pas surprenant de le voir parmi les premiers à rejoindre le Hirak
(avec entre autres Lahcène Bourbia,
Abdou El Hassar, Ahmed Saifi
Bouziane, Farid Khemisti, feu Norine Djelouat) ; et ce, en restant dans son domaine de
prédilection : la transmission du savoir, l'enseignement. qu'il a endossé dès
ses premières années d'activité professionnelle en étant d'abord instituteur
(dans un village des environs d'Oran), puis professeur du secondaire (au lycée
technique Les Palmiers) pour enfin intégre directeur
de recherche associé au CRASC (Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle),
responsable du projet de recherche : « Patrimoine immatériel en Algérie », il
est aussi membre du réseau AUF (L'Agence universitaire de la francophonie) sur
la diversité culturelle et coresponsable du pôle ouest de l'école doctorale de
français. Il a été membre du jury long métrage du festival d'Oran (FOFA 2011,
Algérie). Parmi ses récentes publications (en dehors de celles parues dans la
presse, nombreuses) :
Du patrimoine matériel et immatériel en Algérie : variations plurielles
(Direction), Les cahiers du CRASC n°34, octobre 2018, L'Offense, pièce inédite
de Abdelkader Hadj Hamou (1910), Présentation,
Collection Petits inédits maghrébins, Ed. Kalima,
Alger, janvier 2018 ; Productions et réceptions culturelles. Littérature,
musique et cinéma (direction ouvrage collectif), Oran, CRASC, 2016 ; Histoire
et institutions du champ culturel en Algérie. Essais d'histoire culturelle
(Oran, CRASC/ DGRST Editions), 215p. 2014, 2010. Des louangeurs au home cinéma
en Algérie : Études de socio-anthropologie culturelle. (Paris : Éditions L'Harmattan) etc.r
- en se battant - l'Université qu'il a servie sans jamais chercher de «poste»
autre que celui d'enseignant-chercheur.