RELATIONS INTERNATIONALES- MAROC- TRAFIC CANNABIS
2015/2019
La résine de cannabis faisant l'objet
d'un trafic mondial provient principalement du Maroc, a affirmé l'ONU jeudi 24
juin 2021, indiquant que la drogue marocaine approvisionne principalement
d'autres marchés en Afrique du Nord et en Europe occidentale et centrale.
«Le Maroc, qui représentait plus d'un cinquième de toutes les mentions du
principal pays d'origine dans les réponses au questionnaire du rapport annuel
dans le monde au cours de la période 2015-2019, continue d'être le pays source
le plus souvent mentionné de la résine de cannabis interceptée dans le monde
entier», écrit l'Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC)
dans son rapport annuel. L'ONUDC souligne que «les
autorités ont signalé quelque 21 000 ha de culture de cannabis en 2019
(principalement cultivés dans la région du Rif), contre 25 000 ha en 2018». Le
rapport onusien précise que, sur la base des tendances mondiales des saisies et
des rapports des Etats membres, «il apparaît que la résine de cannabis
marocaine approvisionne principalement d'autres marchés en Afrique du Nord et
en Europe occidentale et centrale». «Une partie est
également acheminée vers l'Europe de l'Est et l'Europe du Sud-Est», ajoute le
document, relevant que «la majeure partie de la résine de cannabis marocaine
destinée aux pays d'Europe est expédiée en Espagne puis en France, aux Pays-Bas
et dans d'autres pays de la région».
Dans ce contexte, l'ONUDC a fait savoir que «les personnes en traitement pour
des troubles liés à la consommation de cannabis sont couramment signalées en
Afrique, où la moitié des personnes en traitement de toxicomanie en 2019 ont
été signalées comme étant traitées pour une consommation de cannabis». L'Office
des Nations-Unies, qui cite les données de traitement de la toxicomanie en
Afrique de l'Ouest couvrant la période 2014-2017, souligne que «la majorité des
personnes (73%) qui ont été traitées pour des troubles liés à l'usage de
drogues dans la sous-région ont été traitées pour le cannabis comme drogue
principale, ce qui correspond à un taux de près de 2 pour 100 000 adultes
traités pour des troubles liés à la consommation de cannabis au cours de chaque
année de référence». «Parmi
les étudiants âgés de 15 à 17 ans dans les pays d'Afrique du Nord, la
prévalence de la consommation de cannabis au cours de l'année écoulée variait
entre 5% au Maroc (2017) et 2,5% en Tunisie (2016) et en Egypte (2016)», ajoute
le document.
Rabat rend légale la consommation du cannabis
Le rapport annuel de l'ONU intervient au
moment où le Maroc, pays qui continue d'être le premier producteur de cannabis
dans le monde, a récemment légalisé la consommation du cannabis. Le 11 mars
dernier, le gouvernement marocain a validé un projet de loi légalisant l'usage
de cette drogue «à des fins thérapeutiques».
Réagissant à cette légalisation, l'ancien ambassadeur algérien Noureddine Djoudi avait estimé que cette action visait à développer le
trafic de cette drogue, relevant que «le palais royal
a la mainmise sur l'essentiel du commerce de cannabis». Le diplomate algérien
avait, entre autres, dénoncé les velléités marocaines visant à nuire à ses
voisins, notamment l'Algérie via la résine de cannabis. Il avait estimé que «les velléités du Maroc d'inonder l'Algérie en cannabis et
de toutes sortes de drogues s'inscrivent également dans la stratégie
d'affaiblir le front interne et d'alimenter la diversion». Par ailleurs, une
étude de l’«Initiative mondiale contre la criminalité
transnationale organisée» (un réseau indépendant) publiée en 2020 évalue la
production marocaine annuelle de cannabis à plus de 700 tonnes, pour une valeur
de 23 milliards de dollars.
Washington s’inquiète
Un rapport du Département d’Etat américain, publié en 2017, avait, de son côté,
révélé que le trafic de drogue a représenté près de 23% du PIB du Maroc en
2016. Le Département d’Etat américain s'était notamment inquiété de l’ampleur
du blanchiment d’argent au Maroc issu du trafic de cannabis et du transit de la
cocaïne destinée à l’Europe. Fin février, le représentant du Front Polisario
auprès des Nations-Unies, Sidi Mohamed Omar, avait appelé le Conseil de
sécurité de l'ONU à tenir le Maroc pour responsable du trafic de drogue et de
la traite d'êtres humains au Sahara Occidental occupé.