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Racim Mohammed (Peinture)

Date de création: 20-06-2021 16:21
Dernière mise à jour: 20-06-2021 16:21
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CULTURE -PERSONNALITES – RACIM MOHAMMED (PEINTURE)

 

© Kamel Bouslama/El Moudjahid, juin 2021

 

Natif de La Casbah d'Alger en 1896, dans une famille d'artistes qui lui a légué une tradition d'art et le nom d’«Er Racim» qui, en arabe, signifie peintre, Mohamed Racim est l'un des artistes algériens majeurs du XXe siècle.

Si ses enluminures et ses miniatures sont des œuvres d’art, elles sont aussi l’expression d’une société, le témoignage d’une civilisation. Influencé par la miniature persane et les décors de livres de l'Espagne musulmane, il va créer de toutes pièces la néo-miniature algérienne et connaître une carrière brillante, illustrant notamment Nasr Eddine Etienne Dinet et composant des scènes tirées de l'histoire de l'Algérie, des fêtes traditionnelles, de la vie quotidienne, tout cela dans le cadre familier de la Casbah et tracera la voie à tous les jeunes qui aujourd'hui forment une nouvelle et dynamique Ecole de Miniaturistes.
Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie (en1962), Mohammed Racim continue à œuvrer pour l’épanouissement de la miniature, à encourager ses disciples et à dispenser de précieux conseils. Il est, dès lors, conseiller du ministre de la Culture dans ce domaine. En 1975, sa fin tragique, à l’âge de 79 ans, a profondément touché le monde de la culture dans notre pays et outre frontières.

L’œuvre de Racim : ce qu’en pensent ses contemporains de langue française

«Un artiste que hantait son rêve ancestral aura sans trop y penser, rouvert les portes du palais merveilleux, fait refleurir le jardin et jaillir les jets d’eau au-dessus des vasques de marbre». (Georges Marçais - «Mohammed Racim, miniaturiste algérien», in «Gazette des Beaux-Arts» 1939)
«Il emploie plus volontiers les valeurs que les ombres. Jamais il n’admet le clair-obscur. Avant tout, il reste décorateur. Même s’il fait un portrait, comme celui de M. le Gouverneur Général Le Beau, il lui conserve volontairement un aspect d’icône. Mais la plupart du temps, il évite le naturalisme et la copie servile du modèle de ce genre d’imitation qui a tant nui à son maître Dinet et qui communique à ses ouvrages tant de sécheresse. Par bonheur pour lui, il se trouvait obligé de peindre beaucoup par cœur, et de se servir surtout de son imagination. Il fuit le relief et le trompe-l’œil. Il exécute le détail matériel avec une patiente minutie, mais les figures, Dieu merci, sont à demi-inventées et faites de sentiment. Elles n’ont jamais la vulgarité de ce qui sent de trop près la chair. Elles gardent un aspect de fleurs. Tout cela est peint avec une préciosité exquise, sur une feuille pour être vue de près et longuement regardée à la main, comme la page d’un livre». (Louis Gillet - Préface de l’exposition de Mohammed Racim à Paris en 1937)
«Depuis que je connais les miniatures de Racim, je regrette moins la perte des célèbres manuscrits enluminés qui constituaient le Trésor d’Al Mostancer Billah, le souverain fatimide. Jamais, avec plus de finesse, de souplesse, de grâce, jamais aussi avec une plus intarissable fantaisie ne s’est exercée l’habileté d’un miniaturiste arabe dans les mille combinaisons du décor géométrique. Jamais, non plus, la palette d’un artiste n’a enrichi d’une plus éclatante harmonie une page du Koran. On demeure presque confondu de surprise devant certaines compositions marines, d’une poésie, d’une puissance, d’une précision inimitables, et dans lesquelles le génie pictural et décoratif de Racim s’est donné libre cours ». (Franz Toussaint).

Les pages les plus précieuses  de Mohammed Racim sont des poèmes  à la gloire de son pays

«Quelle vie de probité est celle de Mohammed Racim ! Ne doit-on pas lui rendre hommage, le citer en exemple à tant d’artistes qui, de nos jours, se contentent de l’ à-peu-près, se laissent gagner par la facilité ? Dans les compositions ravissantes de ce virtuose du trait, aucune imperfection dans le détail, tout est minutieusement construit, calligraphié, dessiné, façonné. Jamais une note discordante, une couleur sans rapports harmonieux ne viennent distraire l’œil, rompre le charme. Ces véritables joyaux, exquisément coloriés, sont une véritable fête pour les yeux, un éblouissement !» (Georges Martin). «Ainsi, les pages les plus précieuses de Mohammed Racim sont des poèmes à la gloire de son pays. Il en aime le passé poétique et la vie traditionnelle. Il voudrait enrichir son présent de beauté et en effet il l’enrichit, par se œuvres et par son exemple. On peut saluer les symptômes d’une véritable renaissance de la miniature musulmane dont il est le promoteur». (Georges Marçais)
«En réalité, à les regarder sans parti-pris, ses œuvres relèvent d’une culture algérienne, d’un milieu algérois, et d’un héritage arabo-musulman ; leur technique, tout autant que leurs thèmes et leurs styles, ne doivent presque rien à un contact occidental sinon une plus grande insistance vériste et didactique de l’image». (Godibert)
Une pléiade de jeunes peintres s’adonnent alors à l’enluminure et à la miniature, conquis par son exemple et son enseignement. Ainsi cet art connait grâce à Racim une véritable Renaissance et prend alors un essor surprenant-D’après «Mohammed Racim, miniaturiste algérien», introduction et choix de commentaires de Sid Ahmed Baghli ; Entreprise nationale du livre, Alger 1984, 100 pages.