SPORTS – PERSONNALITES – ZAAF ABDELKADER (CYCLISME)
On l'appelait "le casseur de
baraque ‘’L’Algérie, du moins l’Algérie des années 50, peut s’enorgueillir,
d’un immense champion: Abdel-Kader Zaaf,
Coureur cycliste réputé, Abdelkader Zaaf est naît en 1917 dans
l’Algérie coloniale, à Chebli dans la wilaya de Blida. Ses qualités de cycliste
lui valent de remporter de nombreux critériums amateurs en Algérie. Membre du
Vélo Club Musulman, il devient champion de France amateur sur route en 1942 et
1947 tandis qu’en 1946, il est sacré champion d’Algérie. Ces victoires lui
permettent de signer des contrats professionnels et de s’engager dans de
nombreuses courses. Il rencontre alors le succès dans des compétitions
importantes comme le Tour d’Algérie, le Tour du Maroc, et à l’occasion du
Circuit de la Côte d’Or.
Abelkader Zaaf
participe à quatre reprises au Tour de France. Mais malchance et infortune
jalonnent son parcours. En 1948, il est éliminé lors de la première étape.
Puis, pendant les Tours 1950, 1951 et 1952, alors qu’il roule avec l’équipe
d’Afrique du Nord qui mêle cyclistes pieds-noirs et maghrébins, il lui arrive
plusieurs mésaventures.
Lors de la 13e étape du Tour de 1950
dans l’Hérault, le 27 juillet, échappé avec son coéquipier de l’équipe
d’Afrique du Nord, le pied-noir Marcel Molinès, la
victoire d’étape va se disputer entre les deux hommes. Mais il fait une chaleur
caniculaire et Abdelkader Zaaf, victime d’un malaise,
s’écroule au bord de la route. Des vignerons lui viennent en secours et, sans
eau sous la main, décident de l’asperger de vin. Retrouvant ses esprits mais
gagné par les effluves d’alcool, Abdelkader Zaaf
tente de finir l’étape, mais il se trompe de sens et est récupéré par la voiture-balai
qui ne peut que constater la forte odeur de vin qu’il dégage. Cette anecdote,
déclinée sous plusieurs, a fait la célébrité du cycliste musulman piégé par
l’alcool. L’année suivante, Abdelkader Zaaf terminera
le Tour de France pour la seule fois de sa carrière et arrivera à Paris en
lanterne rouge. Sa popularité en ressort grandie.
Il entrait ainsi pour l’éternité
dans la légende du Tour… Et c’est là qu’interviennent les journalistes… déjà
aussi nuls, mal informés, malveillants qu’aujourd’hui…
Friands de sensationnel au besoin
pimenté d’une pincée de médisance, ces braves journaleux n’hésitèrent pas à
écrire qu'étant parvenu à lâcher Marcel Molinès,
Abdel-Kader Zaaf, assoiffé, accepta un bidon que lui
présentait un spectateur sur le bord de la route. Malheureusement pour lui, ce
bidon aurait contenu du vin. Aussi cela aurait été l'assommoir pour le coureur
qui, après s'être « désaltéré », légèrement titubant, reprit son vélo et
repartit dans le sens inverse de la course… Une version largement colportée
mais évidemment totalement fausse.
Zaaf a certainement pris un bidon tendu
par un spectateur héraultais celui-ci contenait (selon la version locale)
vraisemblablement de la Carthagène, boisson à base de vin titrant de l'ordre de
18 à 20 degrés alcooliques mais cachés par l'extrême fraîcheur du produit.
La vérité est que Zaaf, musulman pratiquant n’a jamais bu de vin, pas même
par méprise ou dans la détresse. Suite à son malaise, des spectateurs, pourquoi
pas vignerons, l'ont adossé contre un platane et, comme ils n'avaient pas d'eau
sous la main, l'ont aspergé de rosé… Zaaf, à demi réveillé, enfourcha alors son vélo mais
repartit en sens inverse jusqu'à rencontrer la voiture balai. Son maillot puait
la vinasse, certainement pas son haleine… Le docteur Dumas, médecin officiel du
Tour de France, pas plus que les journalistes n’ont cherché à comprendre
davantage… L’anecdote était trop savoureuse… Ainsi est née une légende… Au-delà
de la médisance le nom d’Abdel-Kader Zaaf s’inscrivait
ainsi à l’encre indélébile sur les tablettes du Tour… et parmi les héros de
notre enfance…
Celui que l’on appelé le « zouave du
peloton », par son tempérament insolite et sa bonne humeur a prit sa retraite dans l’Algérie indépendante, et jusqu’à sa
mort en 1986, il reste comme le plus grand et le plus populaire champion
cycliste d’Algérie ayant couru sous les couleurs de la France.
Palmarès
Chaque année, de 1948 à 1955,
Abdel-Kader Zaaf gagna plusieurs étapes dans des
circuits et plusieurs courses. 1950 fut sa meilleure année avec au total neuf
premières places. Il emporta des victoires entre autres au Tour d'Algérie, au
Tour du Maroc, au Tour d'Afrique du Nord, au Circuit de la Côte d'Or et à la
Ronde des Champions. Au Tour du Luxembourg de1951, il termina l'étape
préliminaire à la deuxième place. On le vit aussi au départ du Tour de Suisse
en 1950, de Paris-Bruxelles en 1951, et en 1952 aux Six jours de Dortmund. Il
remporta au total 27 victoires