ADMINISTRATION- INSTITUTIONS – APN/LEGISLATURES
1962/2021
L’ Assemblée
populaire nationale (APN), issue des élections du 12 juin 2021, inaugure la
9ème législature qui intervient dans des circonstances exceptionnelles marquées
par la décision du président de la République,
Abdelmadjid Tebboune, de dissoudre le Parlement
et d'organiser des élections législatives anticipées, soit une année avant la
fin du mandat de cette institution.
Cette décision, annoncée par le président Tebboune dans un discours à la nation le 18 février
dernier, est venue en réponse aux revendications du Hirak
du 22 février 2019 et pour barrer la route "à l'argent, sale ou pas",
à travers des élections qui ouvriront leurs portes, notamment, aux jeunes
qualifiés à même de leur permettre d'accéder aux institutions
élues.
Cette manière de faire permettra d'"opérer un
changement en injectant du sang neuf dans les organes de l'Etat et le
parlement", a affirmé le chef de l'Etat.
La nouveauté réside notamment dans l'article 191 de
la nouvelle loi électorale, qui dispose que l'APN est élue
pour un mandat de cinq ans au scrutin de liste ouverte à la représentation
proportionnelle avec vote préférentiel, sans panachage.
Le mode de scrutin proportionnel, en vigueur dans de
nombreux pays, permet à l'électeur de voter pour une liste de candidats mais
aussi pour un ou plusieurs candidats de cette liste. Cependant, l’électeur ne
peut voter pour plus d’une liste ni pour une liste donnée et en même temps des
candidats d’une autre liste ni pour des candidats de différentes listes. Dans
ces cas, le bulletin est nul.
En tout état de cause, avec le scrutin de liste
ouverte, ce sont les électeurs qui déterminent qui remportera les sièges en
votant en faveur des candidats de la liste. Il s’oppose en cela au scrutin à
liste bloquée ou liste fermée dans lequel les électeurs ne peuvent pas modifier
la composition et l'ordre.
Le processus de réformes a touché aussi le nombre de
sièges à pourvoir à l'APN, tout en prenant en considération le nouveau
découpage administratif qui a porté le nombre de wilaya de 48 à 58.
Le président de la République a, ainsi, promulgué une
ordonnance qui stipule que "la circonscription électorale est fixée, pour
l'élection à l'APN, aux limites territoriales de la wilaya", tout en
fixant le nombre total de sièges pour l'élection à l'APN à 407 sièges, dont
celui de la communauté nationale à l'étranger à 8 sièges.
Ces nouvelles dispositions promettent ainsi l'élection
d'une nouvelle APN diversifiée dont les membres seront issus de partis
politiques et d'indépendants, et qui sera rehaussée par une présence
"remarquable" de jeunes qualifiés, suite à la décision du chef de
l'Etat d'augmenter, entre autre, "au tiers, du quota des jeunes
universitaires sur les listes électorales, et d'inciter à "l'encouragement
de la représentation de la femme, en parité et égalité, sur les listes
électorales afin d'abroger le système des quotas".
La 9ème législature débute, selon l'article 133 de la
nouvelle constitution, de plein droit le 15ème jour suivant la date de
proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle.
Les élections législatives du 12 juin prochain donnent
donc lieu à une
nouvelle Assemblée populaire nationale pour une 9é législature de l'Algérie
indépendante, depuis l'Assemblée constituante de 1962, en passant par le
Conseil national de transition (CNT).
Le 20 septembre 1962, le peuple Algérien a approuvé
par voie référendaire l'Assemblée nationale constituante (ANC) qui
avait pour mission de désigner un gouvernement provisoire, légiférer au nom du
peuple et élaborer un projet de Constitution.
Composée de 196 députés issus du Front de libération
nationale (FLN), l'ANC a été présidée par Ferhat Abbas qui présenta sa
démission en août 1963. Ce fut Hadj Ben Allah qui assura l'intérim avant d'être
élu président le 1er octobre de la même année.
Ben Alla sera, ensuite, réélu à la présidence de cette
Assemblée constituée de 138 députés, le 7 octobre 1964 à l'issue des élections
du 20 septembre 1964.
Le 8 mars 1977 a connu la naissance de la première
Assemblée populaire nationale avec ses 273 députés, présidée par Rabah Bitat. Ce dernier détient le record de longévité au poste
de président de l'APN. En effet, Bitat a été réélu
pour la seconde fois pour le compte de la 2ème législature en février 1982 (285
députés), avant d’être réélu pour la troisième fois en février 1987 (295
députés). Cependant, il n’a pas assuré cette 3ème législature jusqu’à la fin du
mandat, puisqu’il a présenté sa démission en octobre 1990.
C'est Abdelaziz Belkhadem
qui occupait le poste de vice-président à l'époque, qui le remplace jusqu’à sa
dissolution le 4 janvier 1992.
Après l’arrêt du processus électoral, le pouvoir
législatif a été assuré par le Conseil national de transition (CNT) qui a exercé
une fonction législative par ordonnance du 18 mai 1994 au 18 mai 1997.
Composé de 192 membres désignés, le CNT était dirigé
par Abdelkader Bensalah, réélu, ensuite, à
l’unanimité à la tête de la quatrième législature, composée de 380 députés, du
14 juin 1997 au 10 juin 2002.
Karim Younes lui succède avant de présenter sa
démission le 3 juin 2004. Et c'est Amar Saâdani qui
le remplace le 23 juin de la même année jusqu'en mai 2007, mois de
l’élection de la sixième législature (2007-2012).
Comprenant 389 députés installés officiellement le 17
mai, la présidence de la chambre basse a été présidée par Abdelaziz Ziari, avant que Mohamed-Larbi Ould
Khelifa ne lui succède à ce poste pour le compte de la septième législature (mais 2012-mai 2017).
Le nombre des députés a été revu à la hausse (462
parlementaires) appartenant notamment à de nouveaux partis politiques.
La dernière législative (8ème) issue du 4 mai 2017 a
enregistré, quant à elle, trois présidents, à savoir Saïd Bouhadja,
puis Mouad Bouchareb (octobre 2018) ensuite Slimane Chenine (juillet 2019), avant
que le président de la République, Abdelamadjid Tebboune, n'annonce, le 18 février 2021, dans un discours à
la Nation, la dissolution de l'APN et l'organisation d'élections législatives
anticipées, répondant ainsi aux doléances du Hirak
qui a appelé à la rupture avec l’ancien système et la dissolution de
l’Assemblée.