La campagne électorale pour les législatives
du 12 juin entame la deuxième
semaine. Les candidats appellent à
participer massivement au scrutin alors que d’autres suscitent la polémique par
leurs déclarations ou par leurs promesses.
Législatives et incongruités
AissaBelhadi, président du
Front de la bonne gouvernance (FBG),
a provoqué la colère sur les réseaux en comparant ses candidates à un fruit.
« Ils parlent de belles femmes. Mais, lisez (sur les affiches), vous
trouverez des médecins, des ingénieurs, des directrices, des femmes mariées…On
vous a ramené de la fraise sélectionnée. On ne vous a pas ramené la fraise
exportée vers l’Afrique du sud », a-t-il déclaré mardi 25 mai lors d’un
meeting.
Des internautes ont trouvé que ces propos étaient insultants à l’égard des
femmes et d’un pays étranger et se sont interrogés sur l’intérêt d’avoir signé
« une charte d’éthique » élaborée par l’Autorité nationale indépendante
des élections (ANIE).
Le FLN et le « musée »
Le secrétaire général du FLN, Abou El FadhlBaadji, dont la candidature a été refusée par l’ANIE,
multiplie les déclarations qui provoquent l’étonnement, amenant même
l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) à lui répondre et à demander
« la récupération » du sigle du FLN.
« Nous réitérons notre demande, ce sigle doit rester propre, rangé pour
l’histoire, parce qu’il fait partie de l’Histoire et de la mémoire de
l’Algérie », a déclaré Mohand OuamarBenelhadj, secrétaire général de l’ONM.
« Ceux qui veulent faire entrer le FLN au musée se font des
illusions » , a répliqué le SG de l’ancien parti unique. C’est la première
fois FLN et ONM se livre publiquement à « une guerre des mots ».
Selon Abou El FadhlBaadji,
le FLN a des millions de « militants et de sympathisants » au niveau
national.
« Signal divin »
A Djelfa, Abou El FadhlBaadji a fait l’éloge du chiffre 7, attribué à son
parti lors du tirage au sort de l’ANIE . « Allah nous a envoyé un signal divin avec le chiffre 7.
Ce chiffre est béni dans notre religion. Le Coran a évoqué les sept cieux. Au
pèlerinage, on fait le tour de la Q’aba sept
fois », a-t-il dit. « Même l’Enfer a sept portes ! », a répliqué
Abou Mounib sur Facebook.
D’après ses prévisions, le FLN, qui domine le Parlement depuis les années 1970,
va gagner lors des élections législatives. « Et va entrer au gouvernement pour appliquer
son programme », a-t-il promis.
Bengrina s’en prend au FLN
Abdelkader Bengrina,
président du parti El Bina, n’a pas
apprécié les propos du SG du FLN prétendant que le vieux parti avait « instruit »
les Algériens (parlant de la période du parti unique). « Mais de quoi se
mêle ce parti ! Ce parti a, au contraire, poussé vers l’ignorance, contribué au
trafic électoral et pollué la vie politique. Si tu n’as pas honte, fais ce que veux », a-t-il dit.
Pour Abou El FadhlBaadji,
la justice sociale, la médecine et l’enseignement gratuits sont « les acquis »
réalisés par le FLN. « Tous ceux, parmi les instruits, qui font la gloire
de l’Algérie, à l’intérieur et à l’extérieur, ont été formés par l’école à
l’époque de la gouvernance du FLN. Levez vos têtes que personne ne vous
complexe. Nous n’acceptons pas les derniers rangs « ,
a-t-il proclamé, rappelant un discours récurrent après la fin du régime du
parti unique, à la fin des années 1980.
« Les feux de la Issaba »
Lakhdar Benkhellaf,
responsable du Front El Adala, a, lui aussi, eu recours à la symbolique des chiffres
en évoquant le 14 qui identifie les listes du parti d’Abdallah Djaballah. « Le 14 nous rappelle le numéro vert de la
Protection civile. Le Front El Adala fera ce travail
dans le futur en éteignant les feux de la Issaba (la
bande), de ses queues et de ses bras. Nous voulons faire tout cela pour
construire l’Etat dont nous rêvons », a-t-il annoncé à Alger.
A Relizane, Lakhdar Benkhellaf
a déclaré que le Front El Adala aspire à une APN exerçant son rôle législatif
« en toute indépendance ». « Il faut préserver l’unité nationale
et les constantes de la nation, barrer la route aux ennemis de l’Algérie, aux
défenseurs des périodes de transition et aux comploteurs », a-t-il plaidé.
« Notre pays est ciblé de l’étranger »
« Les Législatives constituent
une opportunité pour consacrer la notion d’Etat
de droit avec la mise en place d’un levier constitutionnel important que
représente l’APN », a déclaré, pour sa part, Abdelaziz Belaïd, président du Front El-Moustakbel,
à Laghouat. « Sans stabilité politique, le développement économique est
impossible. Toutes les forces nationales doivent constituer un mur solide pour
protéger l’Algérie. Notre pays est ciblé de l’étranger. Nous devons diffuser de
l’espoir et travailler pour rétablir la confiance. Il faut rompre avec le
discours de l’insulte », a-t-il conseillé lors d’un autre meeting à
Annaba.
« Transformer la menace en une chance »
A Jijel, Abderrazak Makri,
président du MSP, a déclaré que son parti est le premier à avoir récolté le
plus de signatures pour ses candidats. « C’est une opération facile à
mesurer. Il n’y a ni philosophie ni rien du tout. Il s’agit de ta capacité de
contacter les gens et de collecter les signatures », a-t-il dit. Le MSP,
selon lui, est le seul parti capable à « remplir » les salles durant
l’actuelle campagne électorale.
« Nous trouvons même des difficultés à appliquer les mesures de distance physique(…) L’Etat doit s’appuyer sur notre parti. Le parti
qui peut contribuer à sauver l’Etat et qui donne un sens à la politique. Nous
croyons à notre pays et à la capacité de transformer
la menace en une chance », a-t-il soutenu. Il s’est interrogé sur
« l’isolement voulu » de Jijel par le passé.
« Blocages » devant le changement
Lamine Osmani,
président du parti SawtEchaab, est revenu sur son expérience comme député en 2012.
« Je voulais changer les choses et bousculer le gouvernement, je me suis
retrouvé seul. Il y a ceux qui ont revendu la Révolution (FLN) et ceux qui font
bouger le chapelet et font des affaires (islamistes). Je voulais en sortir en
limitant les dégâts », a-t-il avoué.
Il est revenu sur sa rencontre avec le président Abdelmadjid Tebboune : « Je lui ai parlé du prix des sardines, qui
était de 1200 dinars le kilo, et de la file d’attente devant les bureaux de
poste. Vous parlez de numérisation (des services postaux) alors que cette file
ne fait que s’allonger. Le président m’a dit qu’il veut le changement et qu’il
veut notre aide en reconnaissant l’existence de blocages. Nous avons déjà dit
qu’au sein du pouvoir, il y a les classes A, B et C. Il y a des ministres bons,
d’autres moyens et d’autres sans aucun niveau ».
Le salaire des députés«
Le président m’a dit également que le
prochain gouvernement ne sera pas désigné par le président de la
République », a ajouté Lamine Osmani. D’après la
nouvelle Constitution, le gouvernement sera l’émanation de la chambre basse du
Parlement (APN). Lamine Osmani a été critiqué pour
avoir tenté de minimiser le salaire mensuel des députés. « Ils parlent de
300.000 dinars alors que le salaire des députés est de 270.000 », a-t-il
dit lors d’un meeting.