Date de création: 24-05-2021 17:54 Dernière mise à jour: 24-05-2021 17:54 Lu: 1070 fois
CULTURE- PATRIMOINE- DAR ABDELTIF
(ALGER)
Nichée au Bois des Arcades, à
quelques encablures du Musée des Beaux Arts, abritant
des expositions et des résidences d’écritures et d’arts, Dar Abdeltif est ce joyau architectural datant du 18è siècle.
Surplombant la baie d’Alger, Dar
Abdellatif est un monument classé au patrimoine national. C’est une des
résidences d’été typique des dignitaires de la régence d’Alger. Elle, a
certainement servi, comme le veut les traditions de l’époque, comme résidence
de villégiatures estivales à ses propriétaires.
Selon un chercheur, leplus ancien acte concernant la résidence remonte à 1715.
Selon l’historien Henri Klein, la villa compte parmi ses propriétaires Ali-Agha
qui la vendit pour 325 Réaux d’argent.
Elle connaîtra d’autres illustres
propriétaires à l’image de Mohamed-Agha, Hadj Mohamed Khodja
ministre de la marine, la femme d’un secrétaire général de la Régence avant
d’être acquise par Sidi Abdeltif, en 1795.
Ce dernier acheta le djenane pour 2000 dinars d’or. C’est son dernier acquéreur
avant la colonisation. La résidence porte son nom et traverse les siècles pour
témoigner du faste et du luxe des lieux.
Dès la chute de la ville d’Alger,
l’armée coloniale réquisitionne Dar Abdeltif pour en
faire un centre de convalescence de la légion étrangère. Ainsi le propriétaire de
l’époque Sidi Mahmoud Ben Abdeltif ne pouvait plus
faire valoir ses droits de propriétés aux premières années de la colonisation.
Le loyer de la maison, note un
rapport militaire datant de l’époque, demeure assez longtemps impayé. Ce n’est
qu’en 1834, que le propriétaire algérien fut rétabli dans ses droits suite à
une lettre adressée au gouverneur général d’Alger en date du 4 octobre de la
même année.
Si Mahmoud Ben Abdeltif
déclare que sa villa dont la valeur était avant 1830 de 30 000 piastres d’Espagne
avait été dégradée et que les arbres y ont été coupés. Les maisons de campagne,
disait-il, ont été «évacué au début de 1834. La mienne
ne l’est pas encore».
Peu de temps après, la villa
reconnue propriété Abdeltif, devenait l’objet d’une
location autorisée par le gouverneur général.
Après la résiliation du bail de
location en 1836 et le départ de la légion étrangère pour l’Espagne, la
résidence devient propriété de l’Etat français.
«Quelques années plus tard, l’Etat en devint acquéreur
au prix de 75 000 francs. Elle demeura propriété du domaine qui la loua à la
Compagnie fermière du Jardin d’Essai. Reprise par le Gouvernement général en
1905, elle a été restauré par M.Jonnart
( à ses frais personnels), qui la mit gracieusement à la disposition des
artistes peintres, boursiers du Ministère des Beaux Arts».
Dar Abdeltif
devint monument historique dès 1922. Elle sera, ainsi, latroisième Fondation nationale
française, après la villa Médicis en Italie et la Casa Vélasquez en Espagne.
Elle accueillera entre 1907 et 1961
des artistes, à raison d’un à deux par an, pour des périodes de deux ans et
parfois plus, avec prise en charge totale.
L’accès se faisait sur concours
sanctionné par le « Prix Abd-el-Tif », la
sélection étant assurée par la société des peintres orientalistes français
fondée en 1883. La villa, apprend-on encore, a reçu, ainsi, 87 pensionnaires.
A l’indépendance, Dar Abdeltif aurait accueilli quelque temps encore des artistes
avant de devenir un lieu d’habitation de certains d’entre eux. Des employés du ministère
de la culture sont également autorisés à y élire domicile .
La transformation et la destruction des lieux commencèrent alors. Le séisme du
21 mai 2003 accentuera la dégradation des lieux.
La prise de conscience de la
nécessité de la sauvegarde n’arrivera qu’en 2005. Le wali délégué d’Hussein Dey
initie alors, une opération de réhabilitation, avant de céder l’entreprise à la
direction de la culture de la wilaya d’Alger.
Depuis, Dar Abdeltif
a retrouvé une seconde vie. Des résidences d’artistes et des expositions s’y
déroulent. Le siège social de l’Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel
(AARC) s’y trouve également.
Un sursaut qui a permis le
sauvetage de ce joyau architectural. Il retrouve, désormais sa vocation première: abriter des résidences d’écriture et d’art.