SANTÉ- MALADIE- THALASSÉMIE (fiche complémentaire)
La thalassémie est
une maladie héréditaire chronique du globule rouge due à une anomalie de
l'hémoglobine. Elle est responsable d'une anémie, d'une fatigue et d'un retard
de croissance et d'autres complications, en absence de transfusion sanguine le
malade dans la forme majeure décède avant l'âge de l'adolescence.
Les complications de la maladie se
manifestent notamment par une forte anémie, des essoufflements, une fatigue
chronique, des déformations osseuses, une carence en acide folique et en
vitamine B12, et une splénomégalie (une hypertrophie de la rate), résultat
d'une surcharge en fer.
A l'occasion de la Journée mondiale de
la thalassémie, célébrée le 8 mai (2021), la cheffe de service pédiatrie au
Centre hospitalo-universitaire (CHU) Mustapha Pacha, le Pr. Rachida Boukhari a
indiqué que la prise en charge des enfants thalassémiques était assurée
auparavant au niveau du centre d'hémobiologie et de transfusion sanguine avant
son transfert au service pédiatrie "à la fin des années 1990 suite à la
réorganisation des soins, une démarche qui a contribué avec le temps à
l'amélioration de la prise en charge".
La pédiatrie du CHU Mustapha accueille
100 enfants issus de différentes wilayas pour des séances de transfusion tous
les 21 jours en vue de maintenir le taux d'hémoglobine à un niveau favorable à
une croissance normale, et permettant à ces jeunes patients de mener une vie
normale, voire de poursuivre leurs études, a souligné le Pr. Boukhari, appelant
la tutelle à mettre en place "un réseau intégré de soins englobant
les spécialités entrant dans le cadre de la prise en charge de la thalassémie à
l'échelle nationale".
La spécialiste a valorisé, dans ce sens, la bonne
prise en charge des enfants thalassémiques et la disponibilité de l'hémoglobine
grâce à la proximité de son service du centre de transfusion sanguine du CHU
Mustapha Pacha, au moment où des services pédiatriques dans d'autres
établissements sont dans "l'incapacité totale", a-t-elle dit,
d'assurer une telle prise en charge, en raison de l'absence ou de
l'indisponibilité de centre de transfusion sanguine capable de préparer
l'hémoglobine".
Par ailleurs, Pr. Boukhari a expliqué
que l'hyperferritinémie ou la surcharge en fer résultant du traitement
transfusionnel "peut affecter plusieurs organes du corps du patient
thalassémique, en dépit des soins palliatifs, précisant que dans certains cas,
un suivi est nécessaire dans d'autres spécialités, comme la cardiologie et
l'endocrinologie pour prévenir les effets secondaires de cette saturation en
fer.
Evoquant les problèmes rencontrés par
les malades, elle a cité l'absence de spécialités en la prise en charge des
patients adolescents, faisant état de 25 jeunes au niveau du service pédiatrie
du CHU Mustapha Pacha "en raison de l'absence de spécialités en la prise
en charge à cet âge à l'échelle nationale".
Concernant les taux de réussite de ces
patients sur les plans scolaire et professionnel, Pr. Boukhari a indiqué que
"50% des thalassémiques qui suivent un traitement régulier, mènent une vie
normale et que beaucoup ont réussi sur dans leurs études et travail en dépit du
poids de la maladie.
Des modèles que les médecins de la clinique mettent en
avant pour les enfants qui sont au début de leur processus scolaire, et ce,
dans l'objectif de les encourager à surmonter les difficultés de leur maladie,
a-t-elle déclaré.
"Le staff médical veille, en
application des recommandations du Conseil génétique, à expliquer aux parents
d'enfants atteints de cette maladie héréditaire les risques pour de futures
grossesses mais souvent en vain", ce qui constitue pour eux, selon Pr.
Boukhari, un lourd fardeau sur les plans économique et social et même sanitaire
au fil du temps
En dépit des développements
enregistrés dans la prise en charge, en termes d'organisation et de chaine de
soins, Pr. Boukhari estime que "le chemin reste long" pour atteindre
les objectifs tracés, "raison de l'absence d'un réseau de soins intégré à
travers le territoire national épargnant aux familles les désagréments d'un déplacements tous les 21 jours pour des transfusions et
d'autres examens médicaux".
Par ailleurs, et concernant le
traitement et la disponibilité de médicaments contre la surcharge en fer, Dr. Naciba Ben Ali Khoudja, pédiatre
à la clinique du CHU Mustapha Pacha, a fait état de thérapies modernes
utilisées dans des pays développés ayant donné des résultats "très
satisfaisants", et qui permettent d'éviter au patient les séances de
transfusion sanguine.
A ce propos, elle a exprimé le voue de
voir les patients en Algérie bénéficier prochainement de ces nouveaux
médicaments afin d'améliorer leur quotidien, plaidant pour l'encouragement de
la greffe de cellules souches (transplantation de moelle osseuse), actuellement
"inexistante" en raison de l'absence de centres spécialisés.
Selon le Dr Ben Ali Khoudja,
le Centre anti-cancer Pierre et Marie Curie
(CPMC)"reste le seul à pratiquer les greffes de cellules souches chez les
personnes adultes, ce qui place les thalassémique sur une interminable liste
d'attente.
L'introduction du nouveau traitement et
le lancement de la greffe de cellules souches restent des perspectives
prometteuses, a-t-elle ajouté.
De son côté, le chef du service
d’hémobiologie et de transfusion sanguine du CHU Mustapha Pasha,
le Pr. Issam Frigaa a affirmé, sur la base de données
de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), que 1,5% de la population
mondiale est porteuse du trait thalassémique et que 60000 enfants, atteints de
la forme majeure, naissent chaque année, ainsi la prévalence variée entre 1.6 à
3 %, considérant que la maladie est fréquente en particulier dans le pourtour
méditerranéen.
Le centre d’hémobiologie et de
transfusion sanguine du CHU Mustapha accorde une importance particulière à la
thalassémie en assurant le diagnostic de laboratoire qui enregistre des
nouveaux cas chaque semaine en particulier dans le cadre des enquêtes
familiales, a fait savoir Pr. Frigaa qui ajoute que
le centre dispose également d'une banque de sang réservée et adaptée aux
thalassémiques qui nécessitent une transfusion régulière chaque 03 à 04
semaines.
D'autre part, le chef du service de transfusion
sanguine et de la banque de sang du CHU Hassani Isaad
(Bani Messous), le Pr.Salim Nekal
a appelé les futures couples, en particulier ceux qui ont des liens de parenté,
à faire un bilan prénuptial (électrophorèse de l’hémoglobine) pour éviter
d'avoir des enfants thalassémiques.
Soulignant la nécessité de tirer les
enseignements de pays qui sont parvenus à maitriser la maladie grâce à la
prévention et au diagnostic précoce, il a appelé à l'aménagement des centres de
transfusion sanguine "de manière à assurer, aux malades, une prise en
charge optimale et un meilleur quotidien".
Le CHU de Beni Messous
assure le suivi de quelque 300 thalassémiques de différentes catégories d'âge,
a-t-il rappelé.