VIE POLITIQUE- ELECTIONS – ELECTIONS LEGISLATIVES 12
JUIN 2021- MODE DE SCRUTIN
Les élections législatives du 12 juin prochain seront marquées par un
changement radical de l’opération électorale avec l’adoption du mode de scrutin
de liste ouverte à la représentation proportionnelle qui est à même de
consacrer le choix de l’électeur et de barrer la route à l’argent sale.
L'article 191 de la loi organique
relative au régime électoral dispose que "l’Assemblée populaire nationale
est élue pour un mandat de cinq (5) ans au scrutin de liste ouverte à la
représentation proportionnelle avec vote préférentiel, sans panachage. La liste
des candidats doit comprendre un nombre de candidats supérieur de trois (3) au
nombre de sièges à pourvoir dans les circonscriptions électorales dont le
nombre de sièges est impair et de deux (2) dans les circonscriptions
électorales dont le nombre de sièges à pourvoir est pair".
"Lorsque le tiers donne un chiffre
décimal, il est arrondi au chiffre supérieur", selon le même article.
Le mode de scrutin proportionnel, en
vigueur dans de nombreux pays, permet à l'électeur de voter pour une liste de
candidats mais aussi pour un ou plusieurs candidats de cette liste.
Cependant, l’électeur ne peut voter pour
plus d’une liste ni pour une liste donnée et en même temps des candidats d’une
autre liste ni pour des candidats de différentes listes. Dans ces cas, le
bulletin est nul.
Ce mode de scrutin donne lieu à une répartition des
sièges proportionnelle au nombre de voix obtenues par chaque liste avec
application de la règle du plus fort reste. Chaque liste obtient autant de
sièges qu’elle a recueilli de fois le quotient électoral.
En cas d'égalité du taux de suffrages
entre deux listes ou d'égalité de voix entre deux candidats, un tirage au sort
détermine le vainqueur.
En tout état de cause, avec le scrutin
de liste ouverte, ce sont les électeurs qui déterminent qui remportera les
sièges en votant en faveur des candidats de la liste. Il s’oppose en cela au
scrutin à liste bloquée ou liste fermée dans lequel les électeurs ne peuvent
pas modifier la composition et l'ordre.
Pour le professeur de sciences
politiques, Ali Mohamed Rebidj, le mode de scrutin de
liste ouverte à la représentation proportionnelle est "le seul moyen à
même de barrer la route à de nombreuses pratiques qui avaient cours par le
passé".
Ce mode de scrutin était "une
revendication de tous les partis politiques car il garantit une quasi égalité entre les candidats en laissant à l'électeur
le soin de choisir sur une même liste le ou les candidats qui lui conviennent
sans lui imposer un ordre préétabli", a-t-il souligné.
Il a ajouté que ce nouveau mode électoral
"accorde une chance à toutes les compétences, notamment les jeunes
inscrits sur les listes électorales", soulignant que "la liste fermée
permettait auparavant aux têtes de liste de remporter des sièges au sein des
Assemblées élues, alors que des candidats plus compétents se trouvaient exclus
en raison de leur classement en bas de liste".
Parmi les avantages du scrutin
proportionnel, M. Rebih a cité aussi "la
représentation de toutes les franges de la société, d'autant que la loi
électorale a imposé le principe de parité homme-femme et réservé un quota aux
jeunes âgés de moins de quarante ans et ayant un niveau universitaire".
Et d'ajouter:
"tous ces facteurs réunis sont à même d'amener les partis à changer les
voies classiques qui encourageaient l'argent sale".
Cependant, ce nouveau mode pourrait
provoquer des dissensions au sein des partis politiques, vu que "les
candidats inscrits sur une même liste peuvent envisager des alliances et faire
leur propre campagne, sous peine d'exclure d'autres noms inscrits sur la même
liste", a-t-il fait savoir.
Le rapporteur de la Commission nationale
chargée de l'élaboration du projet de révision de la loi organique portant
régime électoral, Walid Laggoune avait déclaré
auparavant que l'une des réformes fondamentales dans le projet de loi a trait
au changement du mode de scrutin, ajoutant que «l'électeur
est libre de choisir le candidat qu'il préfère».
Avec cette modification, "les
effets négatifs de l'ancienne loi s'estompent. On ne peut plus acheter ni des
voix, ni des places", a-t-il soutenu.
Il a estimé, dans ce contexte, que
l'ancien mode de scrutin avec des listes fermées "a eu des conséquences
néfastes" et "n'a pas permis l'émergence des élites qu’elles soient
locales ou nationales".
Pour sa part, le président du Conseil constitutionnel,
Kamel Fenniche a dit qu'il s'agit "d'une
révolution, de par le changement radical apporté à
l'opération électorale, notamment en matière de mode de scrutin proportionnel à
listes ouvertes", qui concrétise, a-t-il ajouté, "le véritable sens
de la démocratie".
Il a mis en avant, en outre, l'objectif
de "rétablir la confiance des citoyens en les gouvernants, à travers l'encouragement
d'une plus grande adhésion au processus électoral" et celui de
"mettre fin aux pratiques électorales du passé".
De son côté, le ministre de la
Communication, Porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer
a estimé que le nouveau mode de scrutin constitue "un tournant et un
changement radical par la voie pacifique et institutionnelle, dans lequel ni
l'argent, ni les excroissances du système ne doivent orienter le choix de
l'électeur ou le falsifier".