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Récit Yasmina Khadra (Entretien avec Catherine Lalanne)-"Le baiser et la morsure"

Date de création: 24-04-2021 18:34
Dernière mise à jour: 24-04-2021 18:34
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CULTURE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH-RÉCIT YASMINA KHADRA (ENTRETIEN AVEC CATHERINE LALANNE)- « LE BAISER ET LA MORSURE »

Le baiser et la morsure. Récit de Yasmina Khadra (entretien avec Catherine Lalanne) .Casbah  Editions, Alger, 2021, 204  pages, 850 dinars

On ne connaît (très) bien un écrivain (romancier, essayiste, poète...) et son œuvre qu’après avoir (très) bien connu son parcours, et tout particulièrement tout ce qui lui a permis de grandir, de se développer puis de « créer ». Ou tout ce qui a contrecarré son évolution . La période de l’enfance  et   celle de la prime jeunesse sont , peut-être,  les plus riches....en informations.

Donc, on ne peut saisir le style et le caractère de Yasmina Khadra qu’en connaissant ce que fut l’enfant puis  le jeune Moulessehoul Mohammed, ses amours et ses rêves  et , enfin, l’officier de l’Anp ….pratiquant ,presque en secret, l’écriture.

Premier choc (ou traumatisme ?) : Adoré de son père (un officier de l’Anp)  et l’adorant, ayant un enfance presque heureuse à Oran,au sein d’une famille heureuse bien que pas très unie, il est « jeté » dans une des premières écoles des Cadets de la révolution, celle de Tlemcen .Une école où les gamins (fils de chouhada, fils de militaires ou de très proches de militaires)  sont, au nom de la Révolution, élevés « à la dure » au rythme d’une véritable caserne, au départ avec des moyens comptés (« Une vie insipide, plus proche de l’élevage que de l’éducation ; l’apprentissage par excellence du renoncement » ) .

Deuxième (s)  choc(s) (ou traumatisme(s) ?) : La lutte  anti- terroriste  durant les années 90 , avec ses menaces et ses horreurs d’une part et ,d’autre part,  la certaine incompréhension de sa hiérarchie à l’endroit de ses penchants littéraires.

Troisième choc (ou traumatisme ?) :Malgré tous ses succès , à l’étranger et en Algérie, ses ouvrages connaissant presque toujours un succès certain, il se sent mal-aimé dans son propre pays. Par les autres intellectuels et par la presse…..arabophone. On m’a « banni » affirme-t-il . « J’ai cinq millions de lecteurs en France, quinze millions dans le monde, dans 57 pays. Les lecteurs arabes, à partir de la Libye et jusqu’au Bahreïn, ne me connaissent pas », tranche Yasmina Khadra (Emission “Sky news arabia”, 30 janvier 2021.Voir texte complet in wwww .24hdz.com, 31 janvier) .Heureusement pas par le public !

Fort heureusement, la médication est là……Amal, son épouse……l’ange-gardien toujours aimante et présente à ses côtés pour le meilleur et dans les moments  difficiles. Ne pas rater l’entretien de Amal avec Catrherine Lalanne (p179 à 200) ! A lire en couple si possible.

 

 

 

L’Auteur : Né en janvier 1955 à Kenadsa, élève de l’Ecole des cadets de la Révolution,  ancien officier de l’Armée nationale populaire, Yasmina Khadra , de son vrai nom Moulessehoul Mohammed, est , aujourd’hui , un écrivain très connu . Lu dans des dizaines de pays , il est traduit en plusieurs langues. Il a , à son actif plus d’une trentaine d’œuvres dont deux sont autobiographiques (« L’Ecrivain » en 2001 , « L’imposture des mots  » en 2002) . La plupart sont des romans dont certains ont été adaptés au cinéma comme « Morituri », « L’Attentat »,  « Ce que le jour doit à la nuit »  et « Les hirondelles de Kaboul » et au théâtre  et même en bandes dessinées.........ceci sans parler des ouvrages (dont des romans policiers) publiés sous pseudonyme au milieu des années 80 et au tout début des années 90, inventant même un  personnage fameux, celui  du Commissaire Llob (« Le Dingue au bistouri » et « La foire aux Enfoirés ») . A noter qu’il a co-signé, aussi, des scénarii de films.....qu’il a été un certain temps directeur du Centre culturel algérien à Paris......et qu’il a même tenté une courte « aventure » politique  lors des dernières présidentielles!

Table des matières : Entretien avec El Bahdja/ Récits (Six chapitres)/ Amal, l ’ange gardien/ Postface/Album photo (Dix-huit pages)

Extraits « Je n ’ai jamais été dans l’insubordination caractérisée, mais dans le refus de l ’arbitraire.L’armée est, par excellence, le lieu de la domestication de l’arbitraire » (p 66), « Être soldat et écrivain n’est pas antinomique.Bien au contraire, dans l’armée, on est en contact permanent avec le genre humain…..un écrivain qui n ’a pas fait l’armée a raté une partie de son génie » (p 95),  « Si le monde s’était mobilisé tout de suite pour soutenir l’Algérie livrée à ses rejetons sanguinaires , il aurait déjoué les projets du terrorisme international et étouffé dans l’œuf cette effroyable pandémie…..Mais on a laissé faire l’horreur, et l’horreur est partout aujourdhui… » ( p141)

Avis : Comme à son habitude, Yasmina Khadra ne mâche pas ses mots….avec franchise et  sincérité. Un récit (des confessions !) absolument passionnant….allant bien plus loin , faisant bien plus fort que dans « L’Ecrivain ». Il en avait besoin….on le comprend.On aime, on apprécie  mais,  vivement le prochain…roman.

Citations « Il y a les races, et il y a les espèces .Les races imposent leurs valeurs, les espèces contestent les leurs » (p14), « La corruption n’a pas épargné le système éducatif.Tout le monde va à l’école, mais personne n’y apprend grand-chose » (p 93), « La religion doit être observée dans la conviction personnelle.C’est lorsqu’elle s’étend à la masse qu’elle échappe à tout contrôle et se transforme en idéologie » (p130), « Les villes, ces jungles bétonnées » (p 152), « Lorsque nous ouvrons un livre, nous partons quelque part nous reconstruire » (p 161), « Chez nous, en Algérie, un génie ne brille pas, il brûle » (167)