COMMUNICATION-
ETUDES ET ANALYSES- LIBERTE DE LA PRESSE- CLASSEMENT RSF 2021 (II/II)
Le Classement région par région
L’Europe et l’Amérique (Nord et Sud) restent les continents les plus favorables à la liberté de la presse,
même si la zone des Amériques enregistre cette année la plus grande dégradation
des scores régionaux (+2,5 %). Le continent européen accuse pour sa part une
détérioration conséquente de son indicateur “Exactions”. Les actes de violence
ont plus que doublé au sein de la zone Union européenne-Balkans, alors que
cette dégradation est de 17 % au niveau mondial. Les agressions
contre les journalistes et les interpellations abusives se sont
notamment multipliées en Allemagne, en France (34e), en Italie (41e), en
Pologne (64e, -2), en Grèce (70e, -5) , en Serbie (93e) et en Bulgarie (112e,
-1).
Si la détérioration
du score “Exactions” est moindre en Afrique, ce continent reste le plus violent pour les journalistes, d’autant que la
pandémie de Covid-19 a exacerbé le recours à la force pour empêcher les
journalistes de travailler. En Tanzanie (124e), le président John Magufuli affirmait que le coronavirus était un “complot des
Occidentaux” et que son pays l’avait chassé “par la prière”. Il avait instauré
un blackout de l’information sur la pandémie, avant de décéder en mars.
En Asie-Pacifique, le virus de la censure s’est répandu au-delà de la
Chine, notamment à Hong Kong (80e), où la loi sur la sécurité nationale imposée
par Pékin menace sérieusement l’exercice du journalisme. L’Australie (25e, +1)
a expérimenté une variante inquiétante : en réponse à un projet gouvernemental
exigeant des plateformes de rémunérer la presse pour les contenus repris sur
les réseaux sociaux, Facebook a décidé d’interdire aux organes de presse
australiens de publier ou de partager des contenus journalistiques sur leurs
pages.
La zone Europe de l’Est et Asie centrale (EEAC) conserve son avant-dernière
place au niveau régional, en raison notamment des événements au Bélarus (158e,
-5) : une répression d’une ampleur inégalée s’est abattue sur les
journalistes pour masquer la réalité d’une large contestation des résultats de
l'élection présidentielle.
Aucun changement majeur
n’a été constaté dans la région du Moyen-Orient/Afrique du Nord (MENA), qui conserve la dernière place au
Classement. En Algérie (146e) et au Maroc (136e, -3), une justice instrumentalisée contribue à réduire
les journalistes critiques au silence, tandis qu’au Moyen-Orient, les pays les
plus autoritaires, l’Arabie saoudite (170e), l’Egypte (166e) et la Syrie (173e,
+1), ont renforcé leurs pratiques de musellement
de la presse et réaffirmé leur monopole de l’information à la faveur de la
crise sanitaire. Dans cette région du monde, qui reste la plus dure et la plus
dangereuse pour les journalistes, la pandémie de Covid-19 n’aura fait
qu’exacerber les maux d’une presse déjà à l’agonie.
La stabilité de l’indice
global de référence du Classement entre 2020 et 2021 (qui enregistre une baisse
de 0,3 %) ne saurait occulter la situation générale au regard du moyen terme :
l’indice global reste dégradé de 12 % en comparaison de ce qu’il était à sa
création en 2013.