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Récit Abdallah Aggoune -"Blouse blanche, zone grise.Décennie noire"

Date de création: 31-03-2021 17:06
Dernière mise à jour: 31-03-2021 17:06
Lu: 854 fois


SANTE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECIT DE ABDALLAH AGGOUNE- « BLOUSE BLANCHE,ZONE GRISE.DECENNIE NOIRE »

Blouse blanche , zone grise.Décennie noire. Essai de Abdallah Aggoune (préface de Karima Lazali).Koukou Editions, Cheraga Banlieue (Alger), 2020, 133 pages, 600 dinars

 

 

Chroniques de massacres  à ciel ouvert…..un tel titre lui conviendrait bien mieux. Un petit livre certes…..mais il a fallu,  à la préfacière, Karima Lazali , trois lectures , non pour le comprendre mais  pour « se sortir indemne du texte» .

L’auteur,  un “médecin de campagne”, de « famille » témoigne de sa vie (professionnelle et autre) dans le « triangle de la mort »  avec,  pour centre,  la petite ville de Bougara (ex-Rovigo, un ancien  village colonial dont le centre ville avait un rayon de deux cents mètres….avec quelques commerces …une mosquée et une église transformée en mairie et tout autour des vergers à n’en plus finir et des « haouchs », anciennes fermes coloniales,  surchargées de familles n’ayant rien à voir, bien souvent,  avec l ’agriculture )…..une ville (?)de la wilaya de Blida, qui « a commencé à flirter avec l’islamisme armé déjà en 1984 avec la cavale de Mustapha Bouyali, le premier chef du Mia.. »  . Bougara, une ville ( ?) « choisie comme capiale du futur Etat islamique par…..Abassi Madani et Ali Belhadj » !

Donc, sa vie   durant la « décennie noire » (bien rouge- sang) à l’intérieur d’ une aire géographique tombée presque exclusivement ,de nuit comme de jour, de nuit bien plus que de jour, entre les mains des terroristes islamistes sanguinaires (Gia…).

Bien sûr, « francophone, analphabète en arabe, laïc, berbère, progressiste, fils de chahid et ….gendre d’un grand homme connu dans le pays pour son militarisme et sa franchise……bref, toutes les conditions requises pour être une victime », il a réussi à échapper aux « monstres religieux » , sans doute, en raison  d’un certain courage  et du franc parler (prudent cependant et c’est compréhensible face aux « fous de Dieu » et à leurs poursuivants ainsi qu’à une population ne sachant plus où donner de la tête pour éviter qu’on ne  la lui coupe  ) et mais aussi et surtout parce que  médecin généraliste à Bougara  depuis 1981, il vu naître, grandir et mourir   (et il a soigné, souvent gratuitement) la plupart des habitants.

Il raconte…. il raconte le déferlement de terreur ….la région pullulant de jeunes terroristes venus de la capitale à partir de 1993, les braquages, les embuscades, le racket de la population, les interrogatoires des services de sécurité, les assassinats de civils,  les exécutions publiques par égorgement, une « parade » du Gia, les dégâts causés par le « heb-heb »,…….. Sept fois on lui a mis le canon sur la tempe ou sur le front….Trois faux-barrages (son domicile étant à une quarantaine de km de son cabinet)…..et, toujours, accomplissant son devoir de médecin.

Il racontera aussi l’après « rahma » qui a vu certains  « repentis »  , réfugiés dans le pays des « mécréants », revenir au pays pour fructifier l’argent du racket ramené des maquis….Il répondra aussi à la sempiternelle question « qui tue qui ? » posée par les « planqués »  (à l’étranger ou ailleurs) ; la réponse se trouvant , pour lui, auprès des bébés , des enfants , des femmes, des vieillards et des hommes désarmés assassinés souvent de façon barbare.

 

 

 

L’Auteur : Docteur en médecine ……Pour exorciser ses souvenirs il est monté  , en 2006,  sur les planches (un “ one man show » dont la générale a été présentée à la salle El Mouggar) devenant aussi comédien de cinéma et réalisateur (Frère de Chérif Aggoune, le réalisateur, son premier  court-métrage qu’il réalise, "Sotra", est présenté lors de la  10ème édition du festival international du cinéma d’Alger, dédiée au film engagé, du 07 au 10 novembre 2019, et obtient le plus gratifiant des prix : celui du public) …..Mais, il n’arrive pas à oublier.Heureusement, dit-il, le Hirak a « rallumé le feu (alors éteint) de sa vie »

 

Table des matières : Préface ; « survivre à l’irréparable »/ Avant-propos/ 34 textes

Extraits : « Ainsi est née la Concorde civile qui promettait le pardon à tous les repentis qui prétendaient ne pas avoir les mains tâchées de sang . Alors, tous ceux pour lesquels la clandestinité n’était plus rentable sont sortis de leurs cachettes, ont soigneusement lavé leurs mains avant de déposer leurs fusils et leurs poignards encore ensanglantés.Et , ils furent pardonnés » (p 15), « Tôlier est le métier fréquemment exercé par d’autres émirs du Gia (redresser les carrosseries de voiture puis redresser la société).. » (p 63), « Ceux qui se sont miraculeusement enrichis n’ont pas tardé à exhiber leur fortune et dès qu’ils ont été pardonnés, il se sont empressés de parader dans leurs grosses voitures , narguant tous ceux qu’ils avaient ruinés » (p117)

 Avis : Conseillé à toutes celles et à tous ceux qui arrivent à dormir sans « cauchemarder » et qui aiment les textes « brutaux ».

Citations: « Combien de milliers de suppliciés, rien que dans notre région ? Nul ne le saura jamais…….Une mort, devenue tellement banale, que les assassins de tout bord ne savent pas quoi inventer, dans leur art macabre, pour éviter la routine ou l’oubli » (p 88), « Depuis quelques mois, je m’endors sans tuer de terroristes.Parce que j’ai eu l’indicible joie de voir débuter le hirak comme un immense appel à secouer la mémoire du peuple d’Algérie » (p126)