SANTE- PERSONNALITES- BENMAHMOUD MOHAMED TAHAR
©
Nesrouche Nouri/El Watan, samedi 27 mars 2021
Le jour de l’indépendance de l’Algérie, Mohamed-Tahar Benmahmoud était dans la fleur de l’âge, mais avait déjà la
mine aguerrie par l’expérience révolutionnaire et un séjour dans les geôles de
l’armée coloniale. Mais comme beaucoup de ses compatriotes de 25 ans, il avait
l’énergie de la jeunesse et le regard tourné résolument vers l’avenir, celui de
la construction du pays.
Benmahmoud est un bâtisseur.
Non pas d’ouvrages techniques, mais de liens de solidarité avec les nécessiteux
dans cette Algérie exsangue. Quand le Croissant-Rouge algérien (CRA) est né en
1962, il est déjà dans les fondations. Son abnégation lui vaut d’exercer en
tant que permanent et secrétaire général du comité de Constantine qu’il
construit aux côtés du non moins illustre Dr Hafid Boudjemaa.
Il porte l’altruisme dans ses gènes, mais à cette
époque, il devait aiguiser son savoir et savoir-faire dans le domaine en
fréquentant les meilleurs des hommes, comme le Dr Mohamed-Seghir
Nekkache, alors président du CRA, ou encore dans des
formations à l’étranger. En 1963, il prend part à Genève à un regroupement sous
la tutelle de la ligue des croix et Croissant-Rouge de jeunes dirigeants des
Croix et Croissant Rouges. Plusieurs missions suivront dont celle d’octobre
1967, quand il est envoyé au Caire pour accueillir et raccompagner un groupe de
jeunes étudiants algériens de Naplouse, retenus par des Israéliens et libérés
sous l’égide du Comité international de la Croix-Rouge.
La même année, il est désigné au poste de
vice-président au sein du Comité national du Croissant-Rouge. Durant les
premières années de l’indépendance, le CRA joue un rôle des plus importants
pour aider les couches nécessiteuses à dépasser leurs difficultés. Benmahmoud fait partie de ces cadres qui ont donné à
l’organisme sa force et son efficacité, grâce à leur intelligence et à leur
dévouement. Détaché de la chose matérielle et réfractaire à l’ambition
carriériste, il fait des choix très difficiles parfois en sacrifiant ce qu’il
aime et ceux qu’il aime, notamment sa femme et ses enfants qu’il voit rarement
entre deux missions. «Ce n’était pas facile, même dans
le cadre d’un groupe, d’obtenir des résultats tangibles.
Il fallait de l’amour et de la persévérance, et je
peux dire que la nature ne m’en a pas privé»,
reconnaît-il dans son discours lors de la cérémonie. Parmi ses exploits,
peut-être le plus illustre, raconte-t-il , sa réussite
à obtenir pour Constantine la création du centre d’appareillage orthopédique
initié par la Croix-Rouge suédoise. Durant les années où il était à sa tête, ce
centre avait équipé des centaines, voire des milliers d’amputés venant
particulièrement de la région de l’Est, et même des combattants palestiniens et
yéménites. De courtes études de droit à l’université de Constantine lui
permettent d’obtenir un diplôme d’administrateur et devenir au début des années
1970 un cadre au sein des structures du ministère des Commerce.
A 84 ans (en mars 2021) ,
Mohamed-Tahar Benmahmoud est président d’honneur du
CRA de Constantine dirigé par le Dr Ali Abdennour,
présent lui aussi à l’hommage organisé par Waha
(présidée pâr le Pr Aberkane)
Hommage à un personnage que l’histoire a
tout fait pour effacer, et qui vise à encourager et à faire éclore l’esprit de
militantisme dans l’action sociale et humanitaire au sein de la société
algérienne.