COMMUNICATION-OPINIONS ET POINTS DE VUE- BLOGUEURS
ALGERIENS CONTESTATAIRES (4)/OPINION S. OUKACI (II/II)
"Les blogueurs Algériens les plus en vue du
moment doivent leur notoriété à leur opportunisme"
© Pr Sabri Oukaci, expert en communication /El Watan ( de Fb, 23 mars 2021)
Larbi Zitout, né à Laghouat
en 1963, m’a confirmé qu’après avoir passé
moins de quatre années à l’ambassade d’Algérie à Tripoli, en Libye, il avait
demandé, en 1995 et en pleine guerre civile algérienne, l’asile politique à
l’Angleterre, sans me donner d’explication plausible à sa défection.
À la tête de plusieurs affaires commerciales prospères
avec sa famille, Zitout est un militant islamiste
adepte d’un État théocratique et un des créateurs du mouvement Rachad aux côtés
de Mourad Dhina qu’il m’a souvent cité. Il ne s’est
jamais caché d’être parmi ceux qui continuent de nier les crimes du GIA, les
imputant à l’armée.
Mes entretiens avec celui qui a été condamné à 20 ans
de prison par contumace, le 17 décembre 2019, par le tribunal d’Oran pour «intelligence avec une puissance étrangère, atteinte à l’autorité
de l’armée, insulte et diffamation», ont révélé une personnalité impulsive qui
ne supporte pas la contradiction et une profonde misogynie qui m’a parue bien
inquiétante relativement au projet de société qu’il prépare pour les
Algériennes et les Algériens.
J’ai retenu que Zitout était
nettement incapable d’appréhender les subtilités d’un débat démocratique ou
faire preuve d’un raisonnement tolérant envers ceux qui ont d’autres points de
vue que le sien. Il est incapable de tenir une discussion avec une femme, qu’il
déconsidère sur des préjugés rétrogrades et discriminant.
Analyse primaire
Et cela transparaît dans ses interventions
médiatiques, ou il multiplie les vidéos sur les réseaux sociaux s’accommodant d’une
analyse primaire de l’actualité, se particularisant par ses envolées lyriques
monocordes et folkloriques, psalmodiant de bancales explications prêchées dans
un verbe qu’il se veut haut, dans le but de se réapproprier l’esprit d’une
jeunesse élevée aux incantations mortifères de ceux qui sont responsables de la
disparition de centaines de nos concitoyens.
Et dans ce registre, Larbi Zitout
m’a affirmé qu’il utilisait la notoriété virtuelle d’un autre bloggeur, qu’il
dit «prendre en charge moralement, idéologiquement et
financièrement».
Il s’agit d’Amir DZ, pseudonyme du bloggeur Amir Boukhors. J’ai eu en effet l’occasion de rencontrer par deux fois celui qui déclare
être journaliste et activiste, engagé dans le but de faire tomber le régime
algérien.
Exilé à Paris et natif de Takhmert
dans la wilaya de Tiaret, Amir DZ est l’auteur de très nombreuses vidéos où il
fait des révélations ayant trait à la vie privée de simples citoyens et dans
lesquelles il partage des information décousues et hautement diffamatoires qui
touchent à l’Armée, les hommes d’affaires, ou tous les sujets qui surfent sur
la vague voyeuriste de ses très jeunes fans.
Nul besoin d’affirmer qu’Amir DZ s’adonne à une
activité illégale, affirmation étayée en outre par des preuves, des aveux et
des témoignages rapportés par ses nombreuses victimes, qui confirment toutes
avoir fait l’objet de menaces, d’actes d’extorsions et de racket.
Etrangement, Amir DZ est certes le plus aventureux et
le plus visible des activistes, mais il est le moins dangereux des bloggeurs,
car il s’adresse à une frange de la population jeune, dont la tranche d’âge se
situe entre 14 et 19 ans, la seule à comprendre le discours intellectuellement
faible d’Amir Boukhors.
Enfin, je clos cette contribution par ma rencontre avec
Abderrahmane Semmar, natif de la commune de Ouled Chbel dans la Mitidja qui
se dit influenceur crédible, mais qui a vu sa réputation anéantie avec la
diffusion de ses conversations téléphoniques avec Mahieddine
Tahkout, l’oligarque proche des Bouteflika
aujourd’hui emprisonné.
Incapable de cohérence et submergé par une légèreté
vertueuse inquiétante, Abdou Semmar est celui dont la
morale s’affranchit le plus de l’honnêteté intellectuelle qu’exige la
profession de journaliste. De toutes mes rencontres, c’est celle qui m’a le
plus déçu.
En contournant leur méfiance, transformée en paranoïa
pour certains, j’ai pu recueillir les confidences inédites des Abdou, Amir DZ, Zitout et Bensedira, sur leurs
projections futures.
Ces quatre bloggeurs du Net rêvent tous de pouvoir
jouer un rôle politique de premier ordre en Algérie. Un espoir qu’ils pensent
réalisable au vu du nombre grisant de clics cumulés sur leurs profils, au
prisme déformant de la notoriété médiatique qu’ils se sont fabriquée,
ou à la médiocrité d’une certaine élite aux commandes.
Mais aucun d’eux ne met en avant son manque de
connaissances, son défaut de reconnaissance universitaire, son insuffisance à
pouvoir correctement gérer une quelconque organisation ou même l’absence
d’appuis de poids dans l’administration du pays.
Rien de tout cela. Ils savent tous que leur
obsessionnel désir de revanche ne peut être possible que dans une Algérie
qu’ils auront aidé à s’effondrer.