COMMUNICATION-OPINIONS ET POINTS DE VUE- BLOGUEURS
ALGERIENS CONTESTATAIRES (4)/OPINION S. OUKACI (I/II)
"Les blogueurs Algériens les plus en vue du
moment doivent leur notoriété à leur opportunisme"
© Pr Sabri Oukaci, expert en communication /El Watan ( de Fb, 23 mars 2021)
Actifs sur les réseaux sociaux, tels que Facebook,
YouTube et à moindre échelle Twitter, les bloggeurs algériens les plus en vue
du moment doivent leur notoriété à leur sens aiguisé de l’opportunisme qui leur
a permis de surfer sur la vague de contestation populaire et d’exploiter le
vide de communication laissé par les pouvoirs publics.
Si leurs rendez-vous virtuels sur internet accueillent
des dizaines de milliers de visiteurs quotidiennement, c’est parce qu’ils se
présentent comme une «opposition politique fiable» se
qualifiant d’adversaires du régime.
En qualité d’universitaire et expert en communication,
j’ai pu suivre l’évolution de ce phénomène qui a pris de l’ampleur ces
dernières années, alimenté, il faut le dire, par les carences
communicationnelles de l’administration algérienne.
Contribuant pour certains directement avec des médias
à l’étranger ou repris par des sites le plus souvent hostiles à l’Algérie, ces «fantaisistes» du Net, qui font office de bouffons du Roi,
sont largement manipulés par des intermédiaires proches de puissants clans du
pouvoir, engagés dans une guerre pour le partage de la rente.
Propagandistes mercenaires
Ces propagandistes mercenaires ont réussi à capter
l’attention de nos concitoyens en partageant leurs délires complotistes et en
diffusant des informations parcellaires et inexactes qu’ils reçoivent, les
revendiquant comme le résultat de leurs propres investigations ou les
présentent comme la conséquence de la sympathie qu’ils auraient suscitée auprès
de certains membres actifs dans le pouvoir politique et militaire en Algérie,
ceux-là mêmes qu’ils sont censés combattre. Certains des informations
exclusives et inédites qu’ils reçoivent sur des faits de corruption,
d’injustice, d’abus et d’atteintes aux libertés, qui peuvent d’ailleurs être
véridiques, ils ne prennent jamais le soin de vérifier la source et l’origine
des accusations contenues dans leurs diatribes monnayées ni même donner la
possibilité à ceux qu’ils attaquent impunément, le soin de se défendre.
Et c’est ce qui est le plus inquiétant. Ces apôtres du
gain facile et à l’égo démesuré souffrent tous de leurs misérables conditions
d’exilés et d’un manque de reconnaissance lié principalement à leur échec et à
une carence intellectuelle et académique évidente, qu’ils tentent de combler en
s’acharnant chaque jour sur l’Algérie, à coups d’intox et de mensonges. Nous ne
sommes plus devant un problème qui relèverait de simples traumatismes
psychologiques ou de refoulement et frustrations ayant engendré une réaction
haineuse et violente de ces individus envers un pays qui focaliserait pour eux
l’origine de leur mal-être. Il faut se résoudre à accepter que nous avons là affaire à des personnes atteintes d’un réel
désordre psychologique, trahis par les troubles obsessionnels du comportement
développés et bien visibles durant leurs prestations surjouées et faussement
passionnées.
Chaque démenti des pouvoirs publics venu invalider
leurs trahisons est pour eux victoire, chaque démonstration de preuve par les
institutions algériennes contre leurs vils agissements est pour eux une
nouvelle occasion de crier au scandale avant de se réfugier derrière une
insupportable et humiliante campagne de victimisation. Car faire parler d’eux,
est là leur seul fonds de commerce.
Délire complotiste, divagation propagandiste,
élucubration populiste, tout y passe jusqu’au plus horrible des mensonges, le
plus scélérat des chantages et la plus abjecte des menaces.
Installés exclusivement à l’étranger, ces «experts en tout» ignorent totalement les règles les plus
élémentaires du journalisme, mais se présentent tout de même comme un
contrepoids médiatique au gouvernement algérien.
Dépourvus des règles de déontologie professionnelle et
de la rigueur morale qu’exige la profession, ils estiment incarner un service
d’utilité publique, apportant à leur auditoire l’information que les
responsables algériens leur cacheraient, mais qu’eux seuls détiendraient. Si ce
n’est du délire, on se demande bien devant quel autre trouble nous serions.
J’ai pu approcher quatre de ces bloggeurs que sont Said Bensedira,
Larbi Zitout, Amir Dz et Abdou Semmar,
en leur faisant croire que j’élaborais un livre qui évoquait leurs parcours de
militants des droits de l’homme. Un piège que leur personnalité égocentrique
n’a pu éviter !
Concernant le natif de la petite ville de Birine dans la wilaya de Djelfa, j’ai pu recueillir les
confidences de Saïd Bensedira, qui se réclame être
journaliste forcé à l’exil, en raison de son engagement politique anti-pouvoir.
Sauf qu’il est en fait proche de certains cercles influents au sein du régime
algérien et ne s’en est jamais caché dans les nombreux entretiens que j’ai pu
tenir avec lui, bien au contraire.
Saïd Bensedira affirme lui-même qu’il doit sa popularité aux
révélations et aux injonctions qu’il reçoit, de la part de
«très hauts officiers de l’Armée».
Niveau intellectuel limité
D’un niveau intellectuel assez limité, Bensedira se distingue par les thèmes et sujets redondants
qu’il étale dans ses vidéos, durant lesquelles il menace, le plus souvent de
manière burlesque, des citoyens algériens, des gouvernements ou des Etats.
Usant d’un faible champ lexical qui le contraint à
recourir à des répétitions cadencées et à des anaphores populistes, le bloggeur
Bensedira n’a pour unique but que de tromper la
vigilance de cette masse populaire tombée dans le piège du conspirationnisme
excessif, pensant ainsi apprendre sur internet des informations qui relèvent du
secret d’État !
Je me suis longtemps posé la question de savoir
pourquoi ses followers (suiveurs) ne s’étaient jamais demandé ou étaient les
fameux soutiens que Bensedira avait dans
l’Administration algérienne, lorsqu’on lui avait fermé toutes ses pages et
chaînes vidéo sur les réseaux sociaux ?
Les contacts de très haut niveau dont il se targuait
n’auraient-ils pas pu lui éviter la condamnation à 10 années de prison
prononcée à son encontre par la justice algérienne ?
Mais nous ne sommes pas face à une paradoxalité qui
serait propre à sa seule personne.