ORGANISATIONS-ENQUETES ET REPORTAGES- ASSOCIATIONS- ACTIVITE POLITIQUE
© H.L/ El Watan, lundi 22 mars 2021
Le président Tebboune, qui a
convoqué récemment des législatives anticipées pour le 12 juin prochain, compte
faire appel, tout comme son prédécesseur, à la «société
civile» pour faire campagne, alors que la loi interdit aux associations toute
activité partisane.
Dernier exemple en date, un collectif d’associations
appelé Nida El Watan est né à l’issue d’une réunion
tenue à Sidi Fredj, à Alger, sous la houlette de Nazih
Berramdane, conseiller du président de la République
chargé du mouvement associatif et de la communauté nationale à l’étranger.
Outre les anciennes associations satellitaires du
pouvoir, dont les Scouts musulmans algériens, l’initiative Nida El Watan (L’Appel de la patrie) a vu l’adhésion de nouvelles
recrues. Il s’agit de l’Association de protection du consommateur et son
environnement (Apoce) et d’autres entités. D’aucuns
soupçonnent ces associations de parrainer des listes de candidatures, composées
essentiellement de jeunes acquis à la feuille de route du régime, largement
rejetée par le hirak.
Pourtant, la loi n°12-06 du 12 janvier 2012 relative
aux associations oblige ces dernières à s’inscrire dans une trajectoire
carrément apolitique.
«Les associations
sont distinctes par leur objet, leur dénomination et leur fonctionnement des
partis politiques et ne peuvent entretenir avec eux aucune relation qu’elle
soit organique ou structurelle, ni recevoir de subventions, dons ou legs sous
quelque forme que ce soit de leur part, ni participer à leur financement»,
stipule l’article 13 de ladite loi.
«L’utilisation des ressources
et des biens de l’association à des fins personnelles ou autres que celles
prévues par ses statuts constitue un abus de biens sociaux et est réprimé comme
tel conformément à la législation en vigueur», lit-on encore dans l’article 31.
La loi a aussi prévu que «la dissolution de
l’association peut être également demandée par l’autorité publique compétente
devant le tribunal administratif territorialement compétent, lorsque
l’association a exercé une ou des activités autres que celles prévues par ses statuts».
Jusqu’ici, seule l’Union générale des travailleurs
algériens (UGTA), réputée proche du pouvoir et largement discréditée, a fait
savoir qu’elle ne soutiendrait aucune formation politique lors des prochaines
législatives, contrairement aux années Bouteflika, durant lesquelles l’UGTA
s’était distinguée par un soutien indéfectible au Président déchu.
Dans une déclaration à la presse, le patron de la
centrale syndicale, Salim Labatcha, a souligné que
les syndicalistes peuvent se porter candidats à des élections à titre individuel, «mais pas sous la bannière de l’UGTA».
En faisant appel à des associations et organisations
de masse de «la société civile» au mépris de la loi,
comme c’était le cas lors la campagne pour la révision de la Constitution, le
chef de l’Etat prend à nouveau le risque de rééditer les mêmes pratiques
décriées durant le règne du Président déchu.
Depuis son investiture, il n’a pas cessé de dénoncer
les anciennes pratiques du système Bouteflika et s’était engagé à solder son
héritage encombrant.