ENVIRONNEMENT- FAUNE- LOUP DORÉ AFRICAIN/CHACAL
Le loup doré africain a chassé le chacal
africaiprès de Rghia (El Kala)_ (Photo
: R.Baba-Ahmed)
© el watan/SLIM SADKI, 11
MARS 2021
Sire chacal, eddib
(en arabe algérien), Mhand Ouchen
(en berbère), rusé comme le décrivent les histoires et les légendes, nous
aurait-il joué un mauvais tour ? Depuis tout ce temps qu’il peuple nos
campagnes et notre imaginaire collectif, le loup doré, qu’il est en réalité, ce
se serait-il déguisé pour ne pas ne pas être victime de la terreur ancestrale
des hommes comme son cousin le loup gris d’Europe.
Les spécialistes sont péremptoires «il n’y
a aucune espèce de chacal en Afrique du Nord, ce qu’on croyait en être est en
fait un loup, le loup africain encore appelé loup doré ou loup doré africain.
Les trois dénominations répondent toutes à celle de l’espèce Canis lupaster nom adopté en 2018 au Portugal par le groupe
international des experts des canidés», nous dit Ahmed
Eddine, spécialiste du loup africain à l’université de Sétif .
Les progrès de la biologie et de la
génétique ont, en effet, démontré que ce que l’on croyait être, au vu seulement
des caractères morphologiques, une sous-espèce du chacal doré (Canis aureus) et
ensuite du loup gris (Canis lupus) est en fait une espèce à part entière.
Cette espèce descendrait d’un canidé
ancestral présentant un profil génétique mélangeant 72% de loup gris (Canis
lupus) et 28% de loup d’Abyssinie (Canis simensis).
Les deux espèces de loup présentes en Afrique. Il a une large répartition en
Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Égypte), dans la bande
sahélienne (Mauritanie, Sénégal, Mali, Niger, Tchad, Soudan, Soudan du Sud,
Ethiopie), dans la corne de l’Afrique (Somalie, Érythrée, Djibouti), ainsi que
dans une partie de l’Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie).
A l’aise dans les zones désertiques, il
est commun dans les zones plus humides. Il a été observé à 1800 m d’altitude
dans le haut Atlas marocain. C’est la première découverte de canidés depuis 150
ans, ce qui n’en fait pas un nouveau venu au monde, car les analyses génétiques
ont encore montré que le loup africain est une lignée relativement ancienne qui
remonterait au pléistocène (moins 1,5 million d’années).
On connaît mal ses effectifs actuels, ils
seraient relativement stables mais les chercheurs, en ce qui concerne nos
régions, s’alarment sur les massacres gratuits, dont il fait l’objet pour être
une simple cible des braconniers et victime des croyances qui ont en font un
animal nuisible et maléfique. Autre malentendu, celui de ceux qu’on appelle «les négationnistes» qui refusent malgré les preuves
apportées par les chercheurs d’admettre que le chacal a définitivement disparu.
Ils n’ont pas tout à fait tort car, comme le dit Ahmed Eddine, avec des
échantillonnages plus larges et des analyses plus pointues, on peut encore
avoir quelques surprises avec de nouvelles sous-espèces. Mais pour l’heure,
notre légendaire chacal a bien disparu délogé par le loup doré africain.