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THINK TANK
Un think tank ou laboratoire
d'idées est généralement une structure de droit privé,
indépendante de l'État ou de toute autre puissance, en principe à but non lucratif,
regroupant des experts et produisant des études et des propositions souvent
dans le domaine des politiques publiques et de l'économie.
Alors qu'un laboratoire d'idées réunit des professionnels au sein d'une
structure formalisée et produit de façon systématique des études et des
rapports, un club ou cercle de réflexion est beaucoup
moins formel. Il réunit, souvent autour d'un homme ou d'un parti
politique, des personnes de bonne volonté désirant réfléchir sur une
base non professionnelle à des problèmes relevant des politiques publiques.
Dans les pays du monde anglo-saxon, think
tank est aussi nommé brain box ou think
factory. En
2012, il y avait 6 603 think tanks contre
6 480 think tanks en 2010
dans le monde. La création de think tanks a été très forte de la fin des années 1960
au début des années 2000. Au plus fort de la croissance,
vers l'année 1996, il se créait dans le monde près de 150 think tanks par an. Depuis, la progression de leur nombre a
fortement ralenti aux États-Unis, mais elle s'est accélérée en France, de même
que s'est accentué leur poids sur la décision politique. Les États-Unis restent
le pays qui compte le plus de think tanks, suivi
depuis quelques années par la Chine.
Généralités
Rôle
Pour Peter Singer, les laboratoires d'idées font un lien —
il utilise la métaphore de la chaîne de bicyclette — entre le monde de la recherche et le monde politique,
et apportent une rigueur académique à l'étude des problèmes contemporains. Pour
James McGann, directeur du Think
Tanks and Civil Societies Program à l'université de
Pennsylvanie et éditeur du classement mondial des laboratoires d'idées, ceux-ci
« aident à mettre au point les agendas politiques et dressent des ponts
entre le savoir et le pouvoir». Aussi, si certains think tanks sont uniquement centrés sur la recherche et la
diffusion de documents de travail, d'autres ajoutent à cette fonction une
activité de club, c'est-à-dire qu'ils ont des adhérents dans la société civile,
pour lesquels sont organisés des colloques, des séminaires et des réunions.
Cette activité est particulièrement développée au Council on Foreign
Relations et à la Fabian
Society.
Pour Richard N. Haass les
laboratoires d'idées contribuent de cinq façons à la politique publique :
ils « génèrent des idées
originales et des options politiques » ;
ils « fournissent un réservoir
d'experts prêts à être employés par le gouvernement[9] ».
Aux États-Unis, les think tanks contribuent à la
circulation des élites, par exemple en servant de réservoirs de talents ou en
permettant aux membres d'une administration d'intégrer une structure et de
préparer leur retour lorsque leur parti n'est plus au pouvoir ;
ils constituent « un lieu où
les décideurs peuvent débattre d'idées et tester de nouvelles approches ».
Par exemple, Chatham House organise de nombreux débats sous
les règles dites de Chatham House, qui
permettent la confidentialité des échanges. Cette pratique a été reprise par de
nombreux think tanks ;
ils ont un rôle pédagogique tant au
niveau des élites que des citoyens, et contribuent à éclairer le débat public.
Certains think tanks ne sont guère intéressés par le
grand public et préfèrent se centrer sur les décideurs, mais d'autres, au
contraire, vont viser le grand public. Les think
tanks « reaganiens » ou « thatcheriens »,
au départ considérés comme hors du « cercle de la
raison », ont ciblé le grand publicet ont
également servi de support à l'émergence d'un groupe de dirigeants
conservateurs ;
les think
tanks consacrés aux Relations internationales peuvent
« compléter les efforts officiels pour résoudre les conflits ».
Les think tanks ne visent pas
seulement à réaliser des études originales. Un de leurs principaux objectifs
est d'adapter les idées existantes aux « besoins et contraintes du monde
politique ».
Typologie
Carol Weiss distingue quatre variétés de think
tank :
des « universités sans étudiants », comme la Fondation Carnegie pour la Paix
Internationale ou l'IFRI en France.
Ils emploient des chercheurs en général titulaires de doctorats et ont à cœur
de réaliser des études dotées d'une rigueur académique ;
des think
tanks travaillant principalement grâce à des études commandées par les institutions
publiques telle la RAND Corporation ;
des advocacy
think tanks (en français, on pourrait parler de
« think tanks dévoués à une cause »). Ils
produisent des études et promeuvent des idées en lien avec les valeurs qu'ils
veulent défendre ;
les think
tanks liés aux partis politiques. En général, malgré tout, ils essaient de
garder une certaine autonomie de façon à préserver la qualité des recherches.
Critique
L'influence de certains intérêts privés sur les médias, via
notamment les think tanks, a été étudiée par Noam Chomsky
et Edward Herman
dans leur livre La Fabrication du consentement, et théorisée en partie via leur
modèle de propagande. L'histoire des think tanks néolibéraux, leur finalité et leurs liens avec
les lobbies financiers ont fait l'objet d'une enquête approfondie de Roger Lenglet et Olivier Vilain dans Un pouvoir sous
influence : quand les think tanks confisquent la
démocratie (Armand Colin, 2011). Pour certains, les laboratoires d'idées sont
particulièrement influents dans le réseau des médias pour diffuser le schéma
« Peur, incertitude et doute » ;
tels The Heartland Institute,
le DCI Group
et le Hudson Institute, opérant sur la contestation du consensus
scientifique produit pour décrire le réchauffement climatique ; les
intérêts stratégiques pour l'industrie pétrolière et l'industrie lourde sont en
effets considérables concernant la contention de toute législation dans ce
domaine.[réf. nécessaire]
Par ailleurs, notamment aux États-Unis, la multiplication
des think tanks induit une tendance parmi les think tanks les moins établis, ou parmi les plus
abondamment pourvus par les groupes financiers : ils sont rendus plus
sensibles aux exigences des entreprises et des groupes de pression[6].
On observe par ailleurs une rivalité mondiale entre les divers think tanks en vue d'imposer leur position sur un ensemble
de problématiques stratégiques (défense, économie, monnaie, etc.)