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Etat moderne /Dawla Islamiya /Slogan

Date de création: 03-03-2021 18:45
Dernière mise à jour: 03-03-2021 18:45
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VIE POLITIQUE- ETUDES ET ANALYSES- ETAT MODERNE/DAWLA ISLAMIYA/SLOGANS

 

 © Extrait de « Géopolitique d’Algérie, syndrome de la régence » (éditions Sydney Laurent, Paris 2021) .Cité par son auteur Dr Lagha Chegrouche, expert en géopolitique. Le Soir d’Algérie, mardi 2 mars 2021)


«Le terme ‘’Dawla’’ signifie d’abord ‘’cycle, période, dynastie’’. Il a été utilisé au début des Abbassides (750-1258) pour indiquer le ‘’temps de succès’’ d’un calife, son règne califal. Puis par la suite, il est associé à la famille régnante pour acquérir une connotation de ‘’dynastie’’. Dans l'usage moderne, depuis le XIXe siècle, il est venu à désigner ‘’l’État’’, en particulier un ‘’État laïc de type occidental, par opposition à l’État dynastique, celui fondé sur la religion en terre d’islam’’ (Dar el Islam), selon Nazih Ayubi (1995), op. cit. Par contre, Wael B. Hallaq a conclu à ‘’l’impossibilité de l’État islamique’’. Il soutient avec audace que ‘’l’idée de l’État islamique, au regard de l'État moderne, est à la fois impossible et intrinsèquement contradictoire’’, in Wael B. Hallaq (2012), op. cit.
La théologie islamique, en particulier la Charia, ne dispose pas de législation propre ou spécifique à la notion de l’État, l’État national ou l’État-nation. Parce que ‘’l’État est d’essence et de conception occidentale, sécularisée ou laïcisée’’.
 Cependant, une législation islamique relative à ‘’l’émir des croyants’’ ou au ‘’wali de la oumma’’, c'est-à-dire le chef de la nation musulmane, le calife, selon le triptyque islamique : ‘’obéissance à Allah, à son Prophète et au wali (souverain) parmi vous’’, est abondante et intelligiblement élaborée. 
Des exemples historiques ont fonctionné sur ce modèle islamique califal de l’époque ommeyade à celle ottomane. Les monarchies du Golfe Arabo-Persique obéissaient à cette logique califale de ‘’l’émir des croyants’’, le chef d’une ‘’centralité théocratique’’, selon Rosenthal, F (1965), op. cit.
Par calcul politique ou sur ordre de ‘’Sa Majesté d’Occident ou d’Orient’’, Hassen el Banna (1909-1949), puis les ‘’Frères musulmans’’ étaient déterminés à lutter contre l’obsessionnelle ‘’emprise laïque occidentale sur la société musulmane’’ et de s’opposer à ‘’toute transposition du modèle de l’État démocratique’’, (Cf. Latifa Ben Mansour (2002), Olivier Carré et Michel Seurat (2002), op. cit.). 
Plus tard, tous les islamistes, y compris les Frères musulmans et les ‘’Daechiens’’ (partisans de l’État islamique), réclamaient haut et fort : ‘’Dawla islamiya’’. Pourtant, l’État est une centralité d’inspiration occidentale dans sa conception séculière, la séparation des pouvoirs. Cette ‘’quête d’État islamique’’ a laissé des centaines de milliers de morts en Afghanistan, en Algérie, en Syrie, en Irak, en Libye, au Soudan.
Depuis le soulèvement populaire et démocratique en Tunisie (suivi des nouvelles révolutions colorées dites du ‘’Printemps arabe’’), des élites de l’islamo-confrérisme réclament l’émergence d’un ‘’État civil’’ par opposition à un ‘’Dawla askaria’’ (État supposé militaire). 
Une pure spéculation fantasmatique de l’esprit complotiste des Frères musulmans. Ils s’opposent à la nature de l’État national en Algérie et en Égypte, jamais à la Turquie où le poids de l’institution militaire est important.
Tout de même, l’État moderne est la forme la plus élaborée de la vie commune d’une société humaine. Il coïncide souvent avec une nation définie en fonction d’une identité ou d’une culture commune et qui lui confère sa légitimité. L’État est une centralité géopolitique, une personne morale territoriale de droit public personnifiant juridiquement la nation, ‘’titulaire de la souveraineté et du monopole de la contrainte organisée’’ (Cf. Larousse)