VIE POLITIQUE- DOCUMENTS
POLITIQUES- ENTRETIEN AVEC LA PRESSE/PRESIDENT A. TEBBOUNE (L.1 MARS 2021)
«Le changement du gouvernement
interviendra immédiatement après les législatives», a affirmé, lundi 1er
mars , le président de la République, Abdelmadjid Tebboune,
lors de son entrevue périodique avec des responsables de médias.
Le Président a indiqué que les
élections législatives et locales pourraient être organisées à la même date,
assurant que la loi électorale devra permettre l'émergence de compétences et la
lutte contre l'argent sale et relevant qu'il est impossible d'arrêter le
changement. Le président a appelé au changement des mentalités pour construire
une Algérie nouvelle, soulignant que les changements sociétaux entrainent des
changements institutionnels, tout en mettant en garde contre les velléités de
certaines parties visant à bloquer le changement souhaité par une
contrerévolution et que «nul ne peut stopper le cours
du changement». Il affirme que l'Etat a lancé les changements revendiqués par
le peuple tandis que des personnes à la mentalité sclérosée réclament le changement,
tout en refusant eux-mêmes de changer et qu’elles constituent une minorité qui
tente d'imposer ses opinions à une majorité silencieuse. Ce sont là, a-t-il
poursuivi, des voix des parties étrangères à des fins connues, estimant que la
voix de cette minorité se fera entendre uniquement si elle est au service des
intérêts du pays, sans pour autant imposer ses opinions à la majorité. Il a
appelé au changement des mentalités dans l'administration qui bloque parfois
les décisions prises par le Président. Tebboune a
rappelé la satisfaction de la plupart des revendications du Hirak
authentique qui appelait à «un changement
institutionnel», affirmant ne ressentir aucune inquiétude quant aux dernières
marches. «Une partie est sortie toutefois pour
d'autres raisons qui ne sont pas toutes en phase avec les revendications du Hirak authentique», a-t-il noté, estimant que le slogan
appelant à «une gouvernance civile» n'a pas changé depuis 15 ans». Le peuple a
choisi les élections et préféré un changement institutionnel»,
a fait savoir le Président Tebboune, assurant que
«quelles que soient les revendications, pour moi ceux qui se sont rendus aux
urnes lors de la présidentielle pour sauver la République sont 10 millions
d'Algériens». D'autre part, le chef de l'Etat a affirmé que l’Armée nationale
populaire a atteint un niveau de professionnalisme qui la tient à l'écart de la
politique et que c’est une armée disciplinée qui applique les instructions du
Président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la
Défense nationale. «L'ANP est mon plus fort soutien.
Elle protège la patrie, la Constitution et les frontières, et sans elle, les
terroristes auraient pu infiltrer les marches populaires»,
a soutenu le Président Tebboune, expliquant que «ce
sont l'Armée et les services de la sécurité qui veillent à protéger le peuple
pour qu'il puisse s’exprimer librement». Evoquant le dernier remaniement
ministériel partiel, le chef de l'Etat a rappelé qu'il n'a pas voulu opérer un
changement total du Gouvernement «par respect au
peuple». Il rappelle que le remaniement a ciblé certains secteurs dont les
actions n'ont pas donné les résultats escomptés sur le terrain, notamment en ce
qui a trait à la vie quotidienne des citoyens. Il précise que 70% des projets
qu'ils a ordonnés dans les zones d'ombre et enclavées concernent des problèmes
de raccordement au réseau d'alimentation en eau potable, et vu que le ministère
des Ressources en eau n'avait pas agi, il était plus que nécessaire de changer
le ministre, de même pour les secteurs de l'Energie et de l'Industrie, «
d'autant que nous avons adopté une nouvelle politique d'industrialisation qui
n'a pas donné ses fruits». Revenant sur l'action du
Gouvernement, le Président a cité quelques ministres qui ont fait couler beaucoup
d'encre, même dans des affaires de mœurs. Evoquant la grâce présidentielle le
chef de l'Etat a indiqué que cette décision «a été
prise en position de force», partant du principe de «la promotion du pardon»,
ajoutant «il fallait prendre des décisions à l'encontre de ceux qui ont été
placés en détention avant la Présidentielle de 2019». Il a estimé dans ce
sillage que «le nombre des détenus d'opinion ne dépasse pas deux ou trois,
alors que la majorité des personnes libérées sont inculpés pour diffamation et
outrage à l'encontre des institutions», appelant tous ceux qui veulent prendre
part à la gestion des affaires du pays à participer aux prochaines échéances.
Le Président a mis en garde contre «une contrerévolution qui recourt à l'argent
sale et à des personnes en connivence avec d'autres qui sont détenues» et
qu'ils payeront le prix fort pour leurs actes. Evoquant l'élection du président
du Conseil de la nation, M. Tebboune a précisé qu'en
sa qualité de Président de la République, il ne pouvait s'ingérer dans les
affaires d'une instance législative, ajoutant qu'il croit en
«les équilibres naturels», tandis que «les équilibres artificiels ne
durent pas». Interrogé sur une revendication portée par la majorité des
démocraties dans le monde et appelant à une gouvernance
«civile» et à laisser la politique aux politiciens, le Président de la
République a indiqué que ce slogan «n'a pas changé depuis 15 ans, soit depuis
que cette catégorie a commencé à suivre des stages dans des pays africains et
européens où on leur enseigne comment renverser le système de l'intérieur en
utilisant le slogan "Etat civil et non militaire" et autres». Le
président souligne qu'il honorera les 54 engagements pris envers le peuple
algérien lors de l'élection présidentielle du 12 décembre 2019».
Le Président a indiqué que le niveau des réserves de change du pays oscille
entre 42 et 43 milliards de dollars, assurant que la situation financière du
pays n'est pas source d'inquiétude malgré la baisse de ces réserves. «Un budget de 8 milliards de dollars suffit pour couvrir
largement nos besoins notamment en semoule et en l'huile de table, et malgré
l'année difficile qu'a connu le secteur pétrolier, nous avons pu réalisé des recettes de 24 milliards de dollars», a
souligné le chef de l'Etat dénonçant les voix qui sèment le désespoir et
prédisent l'échec du pays sur le plan économique. Le président de la République
a rappelé, dans le même contexte, que la facture des importations avait atteint
dans le passé plus de 60 milliards de dollars par an, dont plus 15 milliards du
fait de la surfacturation et que 25 % étaient constituées d'importations non
nécessaires. Le Président a affirmé que l'Algérie n'allait pas envoyer de
troupes au Sahel et que c’est une véritable force de frappe en Afrique. «Notre armée est forte et nous avons réussi à préserver
notre prolongement en Afrique et ailleurs. Il n'est pas question d'envoyer les
enfants du peuple pour se sacrifier pour autrui. Cette décision sera prise en
cas de besoin de dissuasion», a souligné le Président.
«La France connait très bien la forte influence de
l'Algérie en Afrique», a-t-il ajouté, relevant que «la présence naturelle de
l'Algérie est en Afrique, mais cela ne veut pas dire que nous allons nous
isoler de l'occident. Nous sommes une puissance régionale reconnue et des partenaires
dans la résolution des crises en Libye et au Mali et ailleurs».
«L'Algérie n'a jamais usé de son influence en Afrique,
ni sur le plan économique ni sur le plan politique», a-t-il dit. Il a affirmé
que l'Algérie se rétablit à l'intérieur et à l'étranger, sa voix est entendue
et reprend ses forces avec le respect dû aux autres sans céder, ne serait-ce
qu'un iota de ses prérogatives ou de sa souveraineté. Le chef de l'Etat a
soutenu que l'Algérie entretenait d'excellentes relations avec les Etats-Unis,
l'UE et les pays du Golfe en dépit des divergences dans les vues et qu’elle
voue toute la sympathie au souverain saoudien, serviteur des deux lieux saints
de l'Islam. Le Président a assuré que l'Algérie n'abandonnera pas la question
du Sahara occidental d'ailleurs tranchée en 1989 lors d'une réunion ayant
regroupé le souverain marocain Hassan II, le souverain saoudien Fahd Ben
Abdelaziz, et l'ancien président Chadli Ben Djedid.
Le Président a rappelé que l'Algérie avait fait part de sa disposition à abriter
le Sommet arabe qui devait se tenir à Alger en 2020 et reporté en raison de la
pandémie Covid-19.
Des sites électroniques d’un pays
voisin à l’origine des rumeurs sur mon état de santé
Le Président a battu en brèche les rumeurs
en lien avec son état de santé, précisant qu'elles avaient pour source des
sites électroniques dans un pays voisin et s’est dit révolté contre ces
personnes prétendant que «je n'étais pas malade et que j'avais été victime
d'une attaque», affirmant que 97% de ces rumeurs
émanent de l'étranger. «Nous avons les informations et
nous connaissons ces sites, au nombre de 98», a-t-il soutenu. Evoquant son état
de santé, le Président a rappelé qu'il s'était engagé avec le peuple à la
transparence et qu'il n'avait pas changé. Evoquant les craintes d’un recours du
pays au FMI, il a estimé qu’elles s’appuient à l'ère de la rente lorsque la
facture des importations s’élevait à 60 Mds USD, dont 15 milliards de
surfacturation et 25 % d’importations pas du tout indispensables. En matière
d'importation, les besoins du pays en produits alimentaires essentiels ne
dépassent pas 8 Mds USD annuellement, a-t-il fait savoir, affirmant que c’est
précisément la non-rationalisation des importations qui l’a amené à demander au
Premier ministre de mettre fin aux fonctions de l’ancien DG d’Air Algérie.
Le Président a salué les réalisations du secteur de l'agriculture. «Avec plus de 25 Mds USD, c'est la première fois depuis
l'indépendance que les recettes du secteur agricole dépassent celles des
hydrocarbures», a fait observer M. Tebboune
ajoutant que «nous n’avons importé ni légumes, ni fruits». Concernant le blé,
il a affirmé que l'Algérie était en mesure d'augmenter sa production avec un
rendement moyen de 18 quintaux par hectare dans le nord contre 60 quintaux dans
le Sud.
Le
développement des zones d’ombre demeure une priorité
Sur le projet du nouveau Code de l'investissement, le
Président a indiqué que la première mouture n'a encore été présentée ni au
Gouvernement ni au Conseil des ministres, mettant en avant la suppression de la
règle 49/51 relative à l’investissement étranger non-stratégiques, tout en
accordant la priorité à l’investissement national. Le Chef de l’Etat a fait
état de la poursuite de l’audit des banques publiques. «Nos
banques sont de simples guichets publics sans aucun esprit commercial», a-t-il
déploré. Concernant le développement des zones d’ombre, M. Tebboune
a réitéré qu’«il demeure une priorité s’inscrivant
dans le cadre d’un programme économique, constitutionnel et idéologique». Le
logement rural est plus important que le logement AADL car il s’agit là de
justice sociale pour des zones où vivent 8,5 millions d’Algériens»,
a-t-il ajouté. A une question sur le dossier de la
Mémoire et la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux en Algérie,
et principalement les explosions nucléaires, le Président Tebboune a fait remarquer que «les
bonnes relations de l’Algérie ne sauraient être au détriment de l’Histoire ou
de la mémoire». «Nous ne renoncerons jamais à notre
mémoire qui ne peut faire l’objet de marchandage mais les choses doivent se
régler intelligemment et sereinement», a-t-il souligné. Il a expliqué que le
Pouvoir algérien «avance résolument dans le cadre des
bonnes relations avec la France car cette voie est toujours bénéfique».