Décédé le 13 février 2021 à l’âge de 90 ans, le Professeur Mohamed (Hamoudi) ABADA est né le 18 octobre 1930 à Skikda. Après
des études primaire et secondaire dans sa ville natale, il obtient son baccalauréat
en 1949 et part en France étudier la médecine, études qu’il commence à
Poitiers, puis Strasbourg et enfin Colmar pour se spécialiser en
neurochirurgie.
Dès 1954, il milite comme la plupart de ses camarades au sein de la
Fédération de France où il côtoie certains grands personnages de la Révolution
et plus tard de l’Algérie indépendante, dont le regretté Lamine Khène, son ami d’enfance.
En 1961, à la demande du FLN, il rejoint clandestinement la Tunisie pour
être au service du GPRA et des services médicaux de la Révolution. En tant que
chirurgien, il soignait aussi bien les blessés de guerre que la population
tunisienne.
Quelque mois après son installation en Tunisie, il part pour six mois aux
États-Unis pour un stage de perfectionnement dans plusieurs grandes cliniques
américaines.
Dès la signature du cessez-le-feu le 19 mars 1962, il rentre à Alger avec
un groupe de médecins pour préparer la relève devant le vide qui ne manquerait
pas d’advenir une fois l’indépendance proclamée. Pour ces quelques mois, il
s’installe à l’hôpital DridHocine
, anciennement Clinique L’Hermitage où il met en place l’embryon d’un
service de neurochirurgie.
Après le 5 juillet, il rejoint l’hôpital Mustapha Bacha et s’installe au
Service de Neurochirurgie pour une longue carrière au service de la médecine
algérienne.
En 1968, il passe son agrégation organisée pour la première fois en
Algérie.
Il contribue avec ses collègues à la réforme des études médicales et s’est
immédiatement investi dans l’enseignement qui représentait un axe important de
son activité clinique. Il s’agissait en fait de garantir une formation de
qualité des premières générations de spécialistes en neurochirurgie.
Au-delà de l’enseignement médical stricto sensu, il a su enseigner au
quotidien l’importance et la façon avec laquelle il fallait appréhender
l’éthique en médecine.
Habitué des congrès, il organise en 1979 le 4ème Congrès Panafricain de
Neurochirurgie à Alger , qu’il présidera pendant
quatre années et qui contribuera à insuffler un nouvel essor à la spécialité
dans le continent.
En 1990, à l’âge de soixante ans, il est mis à la retraite presque d’office
et comme qui dirait à la force de l’âge. Mais ceci est une autre histoire. Il
reprendra son cabinet médical pour quelques années encore, avant d’arrêter
définitivement au début des années 2000.
Rigoureux de nature, plus soucieux d’éthique et de professionnalisme que de
notoriété, deux événements le feront toutefois connaître du grand public : le
premier lors de la longue maladie du défunt Président Houari Boumediene
, événement au cours duquel il assura la coordination de l’équipe
médicale constituée à cet effet.
Le deuxième lors de la visite officielle de la Reine d’Angleterre en
Octobre 1980, soit quelques jours après le tremblement de terre de Chlef. Au
cours de ce voyage, elle fit une visite remarquée au Service de Neurochirurgie
de l’Hôpital Mustapha, auprès des nombreux blessés du séisme.
Par la suite, hormis le côté tragique de l’histoire, il évoquait toujours
avec beaucoup d’amusement ce jour où, au hasard des circonstances, il
partageait la vedette avec cette « célébrité » mondiale.
Moins médiatisé a été son voyage à Beyrouth en pleine guerre civile pour
opérer George Habache, président du Front Populaire
de Libération de la Palestine (FPLP).
Cette rapide évocation a pour ambition de rappeler certains traits de la
vie publique d’un homme ayant appartenu à cette génération d’universitaires
algériens qui ont, avec l’amour de la patrie chevillé au corps, façonné avec
humilité et abnégation l’établissement de la médecine algérienne post-indépendance.
Fidèle en amitié, il a toujours eu une affection particulière pour ses
vieux amis comme il les appelait : les regrettés Lamine Khène
et Mahfoud Benhabylès, ainsi que Saïd Chibane, que Dieu le préserve, pour ne citer que ceux-là.
Par ailleurs, et pour ceux qui l’auront connu dans sa vie privée, il a
généré tant accomplissements remarquables.