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DISCOURS A LA NATION TEBBOUNE J 18/2/2021
Dans son discours à la nation, jeudi
soir (18/2), le président de la République, Abdelmadjid Tebboune,
a annoncé plusieurs décisions importantes, faisant état d’autres à venir, dans
le cadre du changement radical, revendiqué par le Hirak
«authentique béni», et ce à travers «des solutions institutionnelles et
pérennes».
«Je m’adresse au peuple, une année après mon élection à la magistrature suprême
du pays, à la faveur du grand honneur qu’il m’a fait en plaçant en moi sa
confiance, le 12 décembre 2019», a déclaré le président de la République, à
l’entame de son discours, avant de parler de sa maladie et de son
rétablissement.
Évoquant la commémoration de la Journée du chahid, le
chef de l’État a rappelé les sacrifices des chouhada
pour «une Algérie indépendante, gérée par ses enfants», estimant que «les
enseignements de ces sacrifices prennent aujourd’hui tout leur sens au regard
de ceux qui n’hésitent pas à vendre au plus bas prix cette patrie, si
précieuse».
Par la même occasion, le Président Tebboune a
remercié les Algériens pour «leur participation et accompagnement à tous les
chantiers ouverts ensemble, dont le plus grand a été, dès le début du mandat
présidentiel, le changement des modes et pratiques de prise en charge sociale
des citoyens, en souffrance, durant des années, sans que personne ne prenne
leur défense».
À ce propos, il a déclaré : «Malgré les difficultés financières suite à la
baisse des cours du pétrole et l’impact de la pandémie du nouveau Coronavirus,
j’ai décidé le relèvement du Salaire national minimum garanti (SNMG) à 20.000,
une décision qui n’avait pas été prise durant des années, et j’ai honoré
l’engagement, pris lors de ma campagne électorale, d’exonérer les salaires
inférieurs à 30.000 DA, laquelle a profité à quelque 6,5 millions d’Algériens».
«L’objectif de toutes ces décisions est de faire profiter les Algériens de
l’argent qui était détourné à travers la surfacturation et l’investissement
dans des pays étrangers», a-t-il assuré.
Évoquant la pandémie Covid-19, il a tenu à rendre hommage aux Algériens, pour
«leurs patience, sens de sacrifice et discipline, qui ont favorisé une harmonie
dans la lutte contre le virus», mettant en avant «leur confiance» qui a permis
«la gestion adéquate de la situation, la protection de l’armée blanche et la
mobilisation de tous les moyens pour la prise en charge médicale des citoyens».
Il s’est dit également «fier» de la solidarité témoignée à la population de la
wilaya de Blida, une fois déclarée premier foyer de ce virus, estimant que
cette solidarité «reflète la véritable image des Algériens, ainsi que leur
noblesse d’âme et générosité».
Dans le même sens, M. Tebboune a exprimé ses
remerciements aux Algériens, pour leur patience vis-à-vis des mesures prises
pour juguler la propagation du Coronavirus, «des mesures qui avaient fait
l’objet de critiques à l’étranger, mais qui sont aujourd’hui suivies, et nous
en sommes fiers», a-t-il ajouté, soulignant le recul du nombre des
contaminations.
Le président de la République a abordé, par ailleurs, la campagne de
vaccination anti-Covid-19, faisant état d’un «accord avec nos amis russes pour
la production en Algérie du vaccin Spoutnik-V dans 6 à 7 mois».
À l’adresse des «sceptiques», le Président Tebboune a
répondu que «la fabrication de vaccins n’est pas une nouveauté pour l’Algérie. «Dans 6 à 7 mois, le vaccin sera produit dans notre pays et
nous pourrons en bénéficier et faire bénéficier nos frères africains», a-t-il
affirmé.
Le chef de l’État a également évoqué
une «autre bataille», celle liée à une récession «dépassant les 80%» de
l’économie mondiale, en raison des répercussions de la pandémie Covid-19, qui a
également impacté l’économie nationale.
Il a affirmé, dans ce cadre, que les «mesures que nous avons prises, notamment
de solidarité, d’aide et d’atténuation de l’incidence de la crise sur les
opérateurs économiques, ont permis de surmonter cette conjoncture au moindre
préjudice».
Soulignant que le temps était venu de se lancer dans «l’édification de
l’économie et de l’investissement», le Président Tebboune
a rappelé avoir rencontré des investisseurs qu’il a exhorté à «adhérer à la
stratégie tracée pour la relance de l’économie et l’investissement créateur
d’emploi et de richesse, en s’écartant de l’économie fourvoyée, axée par le
passé sur l’importation et la surfacturation».
Soulignant, par ailleurs, l’impératif d’accorder un grand intérêt «aux jeunes innovateurs
dans l’économie nationale», il a relevé que «c’est dans ce sens que s’est
inscrit la création de deux départements ministériels dédiés à cette frange et
d’un fonds national pour le financement des start-up et des micro-entreprises».
Non moins importante que la bataille économique, «la bataille institutionnelle»
a été longuement développée par le président de la République. «Nous avons mené
la bataille du changement des textes et des institutions, comme l’a revendiqué
le Hirak béni et authentique du 22 février 2019»,
a-t-il dit, dans ce cadre, ajoutant que le changement radical «ne peut être
concrétisé qu’à travers des nouvelles lois et institutions».
Il cite, à cet égard, la révision de la Constitution, «dans laquelle nous avons
inclus toutes les revendications du Hirak», un texte,
a-t-il dit, qui «consacre la liberté absolue, tant individuellement que
collectivement, la déclaration suffit désormais pour créer des partis et des
associations».
«Nous nous sommes aussi attelés à organiser la société civile en lui donnant la
parole pour qu’elle soit efficace et partie intégrante de l’État», a ajouté le
Président Tebboune, assurant que la société civile,
«marginalisée par le passé, fera entendre sa voix à l’avenir». Abordant «les
changements apportés par la Constitution et palpables pour le citoyen», le chef
de l’État a cité la limitation des prérogatives du président de la République
et la consolidation des pouvoirs des élus, notamment au niveau du Parlement.
À ce titre, le Président Tebboune a annoncé sa
décision de «dissoudre l’Assemblée populaire nationale (APN), pour passer, de
suite, à des élections, où l’argent, sale ou pas, n’aura point de place, des
élections qui ouvriront la voie aux jeunes», exhortant ces dernier à «investir
les institutions politiques à la faveur des encouragements de l’État, et ce à
travers la prise en charge d’une grande partie du financement de leur campagne
électorale».
Pour le chef de l’État, l’implication des jeunes dans la vie politique
«permettre d’injecter du sang neuf dans les organes de l’État et le Parlement,
qui, en étant les yeux et la voix du peuple, ne souffrira d’aucun discrédit».
Le Président Tebboune a tenu à réaffirmer, dans ce
sens, que «le Parlement sera élu sous le contrôle de l’ANIE dans les
prérogatives de laquelle n’intervient ni les présidents d’APC, ni les walis
(...), ni même le président de la République».
D’autre part, le président de la République a évoqué le deuxième anniversaire
du Hirak authentique béni, «un Hirak
qui a épaté tous les pays et sauvé l’Algérie d’une tragédie, en acceptant les
élections avec un grand sens politique».
À ce propos, il a annoncé la signature d’un décret portant grâce présidentielle
au profit d’une trentaine de détenus, jugés définitivement, et de 55 à 60
autres, dont les jugements n’ont pas encore été rendus par la justice, et qui
seront ce soir ou demain parmi les leurs».
Le Président Tebboune a affirmé, dans le même sens,
«avoir pris connaissance des critiques dûment faites par les citoyens»
concernant la faible performance de «certaines autorités locales et nombre de
secteurs ministériels».
«J’ai entendu l’appel et j’ai décidé d’opérer un remaniement ministériel, qui
sera annoncé dans les prochaines 48 heures», a-t-il déclaré, précisant que ce
remaniement «concernera les secteurs ayant enregistré, à notre sens et du point
de vue des citoyens, des lacunes dans l’accomplissement des missions et le
règlement des problèmes du citoyen».
Concernant les chantiers lancés
«hier et ce jour même, en concrétisation de la nouvelle Constitution», le
président de la République a fait état de «la finalisation, d’ici une semaine,
d’un premier texte permettant l’installation de l’Observatoire national de la
société civile, d’un deuxième chantier pour la finalisation, dans 15 à 20 jours,
des textes portant installation du Conseil supérieur de la jeunesse, et d’un
autre pour «la création de la Cour constitutionnelle».
Au volet de la politique extérieure, le Président Tebboune
s’est dit «réjoui» de «l’accord conclu entre les frères libyens en Suisse»,
affirmant que cet accord «les honore et nous rassure».
Saluant cette évolution, il a rappelé le retour actif de la diplomatie
algérienne dans les fora internationaux, en affirmant constamment que «la
solution à la crise en Libye doit être libo-libyenne»
et que «la position de l’Algérie est toujours équidistante».
Le Président Tebboune a rappelé que les réunions de
Genève avaient abouti au choix de nouveaux dirigeants libyens chargés de
l’organisation d’élections générales en Libye, le 24 décembre prochain.
Pour ce qui est de la Palestine, le président de la République a réitéré la
position indéfectible et inconditionnelle de l’Algérie en faveur du droit du
peuple palestinien à recouvrer l’ensemble de ses droits usurpés et à établir un
État indépendant dans les frontières de 1967, en toute souveraineté, avec El-Qods pour capitale, sur la base de l’initiative arabe pour
la paix.
Concernant le conflit au Sahara occidental, le Président Tebboune
a affirmé que pour l’Algérie, c’est une question de décolonisation. «Le Sahara
occidental est la dernière colonie en Afrique et le peuple sahraoui doit
exercer son droit à l’autodétermination».
Évoquant la situation au Sahel, le Président Tebboune
a rappelé la participation de l’Algérie à la relance de l’accord de paix et de
réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, faisant observer que des
années après la signature de ce document par les parties maliennes, le Comité
de suivi de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali (CSA) avait
organisé récemment une réunion à Kidal (nord du Mali), sous les auspices des
autorités maliennes, afin d’appliquer les clauses de cet accord et rétablir la
paix au nord du Mali.
Saluant cette réalisation, le Président Tebboune a
souhaité «une conjugaison des efforts avec les autres pays œuvrant à
l’instauration de la stabilité au Mali et de la quiétude et le calme pour nos
frères dans ce pays».
À la fin de son discours, le chef de l’État a indiqué que d’autres décisions
allaient être prises à l’avenir, soulignant que «le temps nous est compté».
«Toutes les dispositions de la nouvelle Constitution entreront en vigueur dans
quelques mois», a-t-il soutenu, estimant que «les véritables solutions sont les
solutions pérennes et institutionnelles, et non les aléatoires qui reposent sur
une ou deux personnes».