VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN
(RECIT ?) MOULOUD ACHOUR- « LE VENT DU NORD »
Casbah
Editions, Alger 2003, 207 pages, 260 dinars
Une
grande et belle histoire d’amour qui se termine en impase
sentimentale, chacun terminant sa route séparement,
bien que restant liés l’un à l’autre pour toujours. Ensemble mais, presque
toujours, ailleurs.
C’est
l’histoire de Malek, un Algérien, un universitaire fou de Nazim Hikmet, qui
découvre la nouvelle Russie…..et les intellectuel(le)s
rescapé(e)s de l’ancienne (la soviétique)…dont Solenya,
la fille chérie (et orpheline) d’un ancien apparatchik (universitaire de
renom….et grand contestaire de l’ordre établi ce qui
lui a valu , au final, bien des ennuis ) qui ne lui a légué que son esprit
libre et une bibliothèque à la valeur inestimable.
C’et donc l’histoire de deux amoureux se retrouvant une ou
deux fois l’an , en Russie même,……….lui ayant vécu
Octobre 88 et la décennie rouge et elle vivant dans une athmospère
de grands bouleversements économiques et socio-politiques, laissant loin
derrière eux Lénine et ses idées.
Deux
amoureux venus de deux mondes différents et pourtant pas si étrangers qu’on
pourrait le croire, car confrontés aux mêmes problèmes engendrés par les
nouvelles « révolutions » des années 80 et 90.
L’Auteur : Né à Tamazirt , du
côté de Larbe Nath Iraten ,en 1944, Mouloud Achour est ,en 2020, chargé
d’édition (Casbah éditions) . Etudes de droit interrompues au bout de deux
années (Université d’Alger), diplômé de l’Ecole normale supérieure
, enseignant puis journaliste (il avait « lancé » et animé longtemps les
pages culturelles du quotidien public
« El Moudjahid » ) et directeur de rédaction de journaux...et, aussi,
un bref passage dans la haute administration comme chef de cabinet de Aboubekr Belkaid, alors ministre
de la Communication. Plusieurs ouvrages à son actif dont le premier en 1971 .Décédé jeudi 24 décembre 2020.
Extraits : « Les femmes d’Europe
ont des mœurs et comportements pas forcément en rapport avec l’opinion que s’en
fait un Algérien quelle que fût sa connaissance, généralement livresque, de
la vie en Occident » (p 51),
« Nous avons regardé vivre nos contemporains sans les voir.C’est
bien ça.A présent, nous voici devenus une cohorte
d’étrangers réduits au rôle absurde de spectateurs impuissants d’une
métamorphose dont nous sommes exclus » (p 93), « Ici, nous ne sommes
plus de ce monde, nous sommes des millions de morts dans un immense cimetière.Le fait que nous ne soyons pas sous terre ne
signifie rien !Ceux d’en bas ont eu le meilleur sort ! » (p127),
« Le génie russe a été réduit en esclavage .Les peuples de l’Union
étaient capables du meilleur, seul Lénine l’a compris et de Lénine il ne nous
reste aujourd’hui qu’une dépouille costumée qu’on continue d’exposer aux foules
alors que le totalitarisme et la chasse aux privilèges ont fait un triste sort
à toutes ses idées de progrès » (Un personnage russe du roman, p144),
« Le monde que nous avions connu avait fait naufrage et il appartenait à
chacun de nous d’inscrire son sort de rescapé dans une nouvelle
perspective » (p206)
Avis : Roman (ou récit) écrit avec pudeur et émotion. Une belle aventure
sentimentale dans des pays en bouleversements. La meilleure des
« internationales »
Citations : « Il faudra bien un jour
faire le procès de ceux qui ont transformé en cauchemear
un rêve lumineux » (p38), « Essaie donc de marcher droit dans les
ténèbres !On a beau s’y évertuer, sauf à raser le murs, les pas aveugles
ne conduisent jamais dans la direction désirée » (p 151), « Ceux qui
avaient fait main basse sur tout un pays avaient donné naissance au vocabulaire
sinistre du vaste échec dont il fallait acquitter la facture « (p
178), « C’est décidément un dur métier que d’appartenir à un pays
sous-développé….Aimer un pays et le servir exigent beaucoup de force et il faut
savoir souvent effacer sa petite personne
pour ne pas faire d’ombre à une image qui a déjà perdu de son éclat »
(p181), « Qu’importe l’identité de celui qui nous aura repêchés, de toutes
façons, nous sommes les enfants reniés et renégats de trois mères dispersées
par les vents de l’histoire » (p190)
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