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Esthétique du livre- (Conférences février 2021)

Date de création: 09-02-2021 17:47
Dernière mise à jour: 09-02-2021 17:47
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CULTURE- LITTERATURE- ESTHETIQUE DU LIVRE (CONFERENCES FEVRIER 2021)

Le livre est l’outil par excellence de la diffusion de la culture, de l’apprentissage et du divertissement. Sa valeur est certes déterminée par le contenu mais son esthétique lui confère cet attrait qui distingue chaque livre d’un autre. C’est autour de ce thème que Dar Abdeltif a abrité, mercredi 3 février 2021) , une conférence organisée par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc/Alger).

Labter, écrivain et ancien éditeur, a retracé l’histoire de l’édition après 1962. «La première période, dit-il, commence en 1966 avec la naissance de la société nationale d’édition et de diffusion (Sned) qui hérite des moyens des éditions françaises Hachette». Entreprise étatique, elle avait le monopole sur l’édition et la distribution du livre et de journaux. D’autres éditeurs étatiques spécialisés existaient, notamment l’Office des publications universitaires (OPU) l’Office des publications scolaires (OPS), l’Anep et l’Entreprise nationale algérienne de presse (Enap). L’intérêt porté au livre ne résidait pas alors dans l’esthétique, rappelle-t-il, mais uniquement dans le contenu surveillé de très près et soumis à une censure stricte. De ce fait, les ouvrages n’étaient pas attrayants, sinon rebutants. «A moins d’être au courant du contenu ou intéressé par le titre, on s’en détournait», a-t-il assené. Selon Labter, la couverture du livre ne contenait aucun motif et présentait deux à trois couleurs et parfois une photo ou une illustration simple. «Cela est dû, explique-t-il, au manque de moyens technologiques et à l’inexistence d’infographes qui,aujourd’hui, réalisent des miracles». La seconde période débute en 1986. La crise économique n’épargna pas le livre, jusque-là soutenu par l’Etat. Dans le sillage de la restructuration des entreprises, la Sned a donné naissance à deux entités, l’Entreprise nationale du livre (Enal) et l’Entreprise nationale des arts graphiques (Enag). La première s’occupait uniquement de l’édition et la seconde d’abord imprimerie deviendra plus tard éditeur. L’Enag emploie alors, pour la première fois, des artistes pour concevoir ses couvertures et créer des collections. Elle fait appel au peintre Ali Silem, enseignant à l’Ecole des beaux arts d’Alger pour illustrer la collection «Al Anis». L’Enal, également, adopte le concept et sollicite Tahar Ouaman et Arezki Larbi. «Une concurrence est née entre les deux éditeurs, qui donnent un nouveau visage au livre», a raconté Labter qui a conclu sur l’avènement du terrorisme et ses répercussions négatives sur l’expression culturelle. La troisième période est celle des années 2000. Selon le conférencier, «une jeune génération, avec une imagination sans frontières et maîtrisant la technologie a investi le domaine de l’édition et lui donna un nouveau souffle». «Nous voyons des ouvrages s’apparentant à des œuvres d’art chez des éditeurs comme Barzakh ou Al Ikhtilaf qui ont un souci de recherche de l’esthétique et de la beauté », relève-t-il avec satisfaction.Le responsable des éditions Khayal a évoqué les difficultés de son entreprise s’agissant du choix de la couverture d’un livre. Pour Rafik Taybi, «l’infographie a connu de grandes avancées et l’esthétique du livre a évolué considérablement mais d’autres contraintes ont surgi». «Nous avons d’ailleurs proposé, lors d’une  réunion avec la ministre de la Culture, la création d’un institut spécialisé dans l’infographie et la conception du livre», a-t-il renchéri. «Nous avons des infographes de génie mais pour la majorité sans formation académique», a-t-il souligné. L’autre problème qu’il a soulevé est celui du choix de la charte graphique. «Au début, nous avons voulu opter pour une charte graphique avec des couleurs qui distingueraient nos éditions mais nous nous sommes confrontés à la volonté des auteurs», a-t-il regretté. «Il nous arrive de refuser mais aussi de nous soumettre aux choix de l’auteur et ces contraintes empêchent l’éditeur d’avoir une identité visuelle, comme il est d’usage ailleurs», a-t-il reconnu. Taybi a abordé enfin le problème des artistes-peintres dont les toiles peuvent êtres utilisées comme couverture. «Il est très difficile de faire appel à un artiste, car l’absence d’un marché du livre et les faibles revenus qu’il génère font qu’il n’est pas possible de payer des droits à ces artistes», a-t-il déploré.