ECONOMIE- ETUDES ET ANALYSES- - ETUDE COFACE 2020
La prévalence de
la pauvreté, le manque d’opportunités
d’emploi et le contexte économique
difficile alimenteront probablement le mécontentement, selon
la Compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur (Coface).
La persistance des difficultés du secteur des hydrocarbures devrait peser
sur la croissance économique
en Algérie. C’est du
moins ce que relève la Compagnie française d'assurances
pour le commerce extérieur (Coface) qui vient de publier son appréciation du
risque pays. L’assureur-crédit français classe l’Algérie dans la
catégorie D, qui concerne les pays à risque très élevé. En d’autres termes, la
Coface juge incertaines les perspectives économiques et financières du
pays.
Le contexte politique peut être instable. La problématique moyenne de défaut
des entreprises est élevée. Sur le plan de l’environnement
des affaires, l’assureur-crédit français pointe notre pays à la
catégorie C, estimant que la fiabilité et la disponibilité des bilans
d'entreprise sont très variables et que le recouvrement de
créances est parfois difficile.
Dans son appréciation du risque, la Coface
estime que l’activité devrait repartir progressivement cette
année. L’assureur-crédit français prévoit
une croissance de 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2021, après une
récession enregistrée en 2020 (-6,5%).
“Malgré une modeste augmentation des quotas de production de l’Opep+, les contraintes imposées
par cet accord continueront de brider
la production pétrolière en 2021”, indique la Coface.
Cette dernière ajoute qu’après s’être largement repliée en 2020, en raison
de la hausse du chômage (16,5% en 2020 contre 12% en 2019) et de la baisse des
envois de fonds de la diaspora
(1,1% du PIB), la consommation des ménages (44% du PIB) se
redressera légèrement en 2021.
Pa r contre, les investissements
(37% du PIB), notamment publics, “ne devraient que légèrement
reprendre en raison des conditions budgétaires toujours difficiles
et des incertitudes économiques”. Malgré les coupes dans les dépenses en
capital ou courantes (hors subventions représentant plus de 8% du PIB), relève
la Coface, “le solde public, traditionnellement déficitaire, s’est
creusé”.
Il est évalué à -13,5% du PIB en 2020. “Avec la Covid-19, le gouvernement a
augmenté ses dépenses en matière de santé
(0,2% du PIB), mais aussi en aides sociales et économiques dans le
cadre d’un plan de soutien (1% du PIB). Dans
le même temps, les recettes fiscales
(provenant à 41 % des hydrocarbures) ont chuté”,
souligne l’organisme français.
En 2021, le solde public ne devrait que légèrement reculer, à -12%, “car
les dépenses pour soutenir l’économie resteraient élevées, alors que les
recettes n’augmenteraient que faiblement”, affirme l’assureur-crédit.
“L’endettement extérieur demeurera faible (moins de
1% du PIB), même si l’Algérie peut solliciter l’aide multi ou
bilatérale pour financer l’important déficit”, relève la Coface. La dette
publique devrait augmenter pour atteindre
66,6% du PIB cette année contre 57,2% l’année passée.
Le déficit courant s’est également creusé, constate l’assureur-crédit
français, causé par l’important déficit commercial, plus conséquent après la
crise et la baisse des exportations d’hydrocarbures. Il
a atteint 13% du PIB en 2020 contre 10,1% en 2019. En 2021,
le déficit ne devrait que
modestement se réduire à 11,5%.
“Ce déficit continuera d’être financé en ponctionnant les réserves de change qui ont fortement reculé
(équivalentes à douze mois d’importations à fin 2019, elles n’en représenteraient
que huit à fin 2020), poursuivant leur chute depuis 2014”, souligne-t-elle. Les
investissements directs étrangers (IDE)
resteront faibles, prévoit, par ailleurs l’assureur-crédit français.
Cependant, estime-t-il, “la suppression du plafonnement des participations
étrangères au capital des sociétés locales et de l’obligation
de trouver un partenaire local, ainsi que la possibilité de se financer
à l’étranger pourraient générer, à terme, un surcroît (IDE : ndlr)”.
La tiédeur des investisseurs pour le
secteur des hydrocarbures devrait, également, perdurer.
Selon la Coface, la prévalence de
la pauvreté, le manque d’opportunités d’emploi et le contexte économique
difficile, exacerbés par la crise sanitaire, alimenteront probablement le
mécontentement.